« Le skieur lambda n’imagine pas tout le travail qu’il y a derrière l’ouverture de quelques pistes », concède Christophe Boloyan. Depuis qu’il dirige le service des pistes des Grands Montets (Chamonix-Mont-Blanc), le guide prend chaque jour la mesure des heures d’efforts nécessaires à l’ouverture, même partielle, d’un domaine skiable comme celui des Grands Montets. Sur les 25 pisteurs et les 12 chauffeurs que compte en haute saison son équipe, une partie d’entre eux s’emploie depuis plusieurs jours, voire semaines, à remettre en état pour l’hiver le domaine skiable.
Une rotation 24h/24 pour tout préparer
Mais depuis que les intempéries de la mi-novembre ont lessivé la couche de neige tombée quelques jours plus tôt, la course contre-la-montre est telle que la préparation du domaine ne s’arrête même pas la nuit. Quand certains sont rentrés se coucher fourbus par une journée de travail en altitude, d’autres commencent la leur en supervisant la production de neige de culture, rendue possible fin novembre grâce aux températures négatives.
Une rotation en 3×8 certes exceptionnelle mais nécessaire pour que tout soit prêt à temps. Après avoir affronté une nuit à près de -15 degrés, Jules salue ses collègues arrivant au petit matin. Lui s’est assuré que les 91 enneigeurs du domaine fonctionnaient sans encombre. Eux vont s’occuper de les protéger de matelas. Hissés à bord de la télécabine de Bochard, ces derniers sont transportés à ski par les pisteurs qui maîtrisent à la perfection cet exercice pourtant scabreux.
Des missions variées pour les pisteurs
Au même moment, Nico et Erik, un pisteur américain fraîchement arrivé du domaine skiable de l’Utah avec lequel les Grands Montets pratiquent des échanges de professionnels, comme dans d’autres stations, posent les premiers jalons et balises des cinq pistes qui ont ouvert le samedi 2 décembre. D’autres installent les filets de protection qui viennent sécuriser quelques sections vertigineuses, pendant que les dameuses complètent ce ballet de l’or blanc en tassant la neige le long des pistes, de sorte qu’elle résiste aux journées où la température la met à l’épreuve.
Des risques à évaluer
Dans la chaleur de leur nouveau local provisoire, Laurent Langoisseur s’occupe de transférer le matériel contenu dans les sacs à dos de chaque pisteur dans des nouveaux sacs airbag apportant une sécurité de plus à ces montagnards amenés à évoluer sur des pentes où le risque d’avalanche n’est jamais très loin. Un premier plan d’intervention et de déclenchement des avalanches (Pida) a d’ailleurs eu lieu à l’aube.
Près de 400 secours par an
L’intégralité du matériel de secours est également vérifiée par les pisteurs qui le répartissent à plusieurs endroits stratégiques du domaine. Défibrillateurs, tensiomètres, pansements, etc. : tout doit être opérationnel pour l’ouverture. « On effectue près de 400 secours par an. Ce n’est pas nécessairement plus qu’ailleurs, mais la particularité de notre domaine, c’est qu’il est surtout fréquenté par d’excellents skieurs qui vont parfois trop vite », indique le patron des pistes d’un domaine où la clientèle aime en sortir.
Paradis du ski hors-pistes accessible par gravité depuis les remontées, le domaine des Grands Montets est désormais fin prêt à faire parler la poudreuse.