En immersion : une journée avec les pisteurs-secouristes de l’Alpe d’Huez

Il est 8 h 15. Alors que les vacanciers attaquent leur petit-déjeuner, c’est l’heure du briefing pour les pisteurs-secouristes de l’Alpe d’Huez, réunis au central. Ils sont 68 au total « mais 38 au quotidien », relate Jean-Christophe Lapalus, directeur du service des pistes.

À 8 h 30, « tout le monde part pour l’ouverture des pistes »

Du front de neige aux 3 300 m du Pic blanc, de l’Alpette à Auris, tout le domaine est quadrillé en cinq secteurs et neuf postes de secours. À 8 h 30, « tout le monde part pour l’ouverture des pistes », explique Philipe Muller, directeur-adjoint. Une demi-heure dense pour le personnel afin de remettre en place les filets, la signalétique, vérifier qu’un vilain bourrelet de neige ne va pas gêner le client…

À 9 h, tout est en place pour ouvrir aux skieurs tandis que Nicolas Villard, chef de secteur et son équipe ont rejoint le poste du Signal. « Bonjour, ma fixation ne tient pas », interpelle une skieuse. Du tournevis aux conseils sur la piste à prendre, le pisteur-secouriste est multitâche.

Photo Le DL/Stéphane Pillaud
Photo Le DL/Stéphane Pillaud

Une action de secours à Villard-Reculas

Dans la matinée, ils sont appelés pour une action de secours, côté Villard-Reculas. Après une faute de carre, une jeune fille s’est pris son bâton dans le sternum. « Au niveau protocole, elle a autoévalué sa douleur à 6 sur 10, donc on la coquille », explique Jean-Charles Riou, pisteur-secouriste.

« L’hélicoptère du SAF va la prendre en charge, la ramener à l’altiport, puis une ambulance la conduira au cabinet médical de la station ». L’option aérienne est choisie pour « le confort du blessé » aussi bien que le contexte : « Évacuer un blessé du haut du domaine en barquette nous prendrait 1 h 30 ».

« J’ai commencé le ski à 30 ans pour réunir montagne et secours »

Retour au poste du Signal où la cafetière tourne à nouveau. « On a un beau bureau, non ? », lance Jean-Charles en désignant la vue XXL sur les montagnes. Quinze ans d’expérience et toujours la banane « parce qu’il y a un esprit d’équipe, une bonne ambiance et pas de routine ». Un métier que tous ont choisi, comme Nicolas qui a toujours voulu bosser dehors, d’abord en travaux acrobatiques. « J’ai commencé le ski à 30 ans pour réunir montagne et secours ».

À la radio, un pisteur-secouriste signale un blessé sur le snowpark, « une plaie au tibia ». Quelques instants plus tard, la voix grésille à nouveau : « C’est une fracture ouverte ». Les pisteurs partent en renfort rejoindre leurs collègues. Le central a transmis le bilan au centre 15 et l’hélicoptère Dragon 38 a été déclenché pour un secours médicalisé.

Photo Le DL/Stéphane Pillaud
Photo Le DL/Stéphane Pillaud

Intervention de Dragon 38

En attendant son arrivée, les pisteurs-secouristes, qui sont toujours les premiers à intervenir, ont « figé la situation » : protéger la victime, éviter une aggravation de son état, la conditionner et la rassurer comme ses proches. Dragon 38 débarque le médecin et un secouriste montagne. Ils repartiront avec le blessé, direction le CHU.

Le temps d’un casse-croûte, de panser une coupure au doigt, et une partie de l’équipe repart installer des filets de protection sur la piste du Signal. Une partie doit être isolée afin de préparer le ski show du soir.

« La vitesse est toujours un facteur aggravant »

Alors qu’ils sont à l’œuvre, un skieur déboule tout schuss dans la pente. Les pisteurs tentent de l’interpeller verbalement. En vain. Côté accidentologie, « la vitesse est toujours un facteur aggravant », souligne Nicolas. « Les gamins ont souvent davantage conscience de leur vulnérabilité ».

L’enjeu de la prévention est toujours au sommet. Les pisteurs-secouristes, qui sensibilisent les clients, le savent mieux que personne. De la bobologie au polytraumatisé, « on peut faire deux comme 15 secours par jour ».

En pratique

Si vous êtes témoin d’un accident avec une victime, il faut d’abord la protéger. Ensuite, il faut donner l’alerte : en rejoignant le poste de remontée mécanique le plus proche ou en téléphonant.

L’Alpe d’Huez, comme ses homologues, dispose d’un numéro d’urgence domaine skiable qui figure sur le plan des pistes. Si vous ne le trouvez pas, faites le 15 ou le 112.

Il est nécessaire d’être le plus précis possible sur l’état de la victime et sa localisation (nom de la piste).

Sur chaque piste, des balises couleur avec des numéros sont disposées tous les 100 mètres de manière dégressive. De 9 à 1 ou de 37 à 1 pour Sarenne, la plus longue.

Article issu du Dauphiné Libéré

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