La transition environnementale passera nécessairement par la production d’une énergie plus vertueuse, locale et moins dépendante des ressources fossiles. Les stations de ski l’ont bien compris et, bien avant que le gouvernement ne leur demande de faire des efforts de sobriété énergétique, elles ont mis en place des solutions pour produire une partie de l’électricité qu’elles consomment.
Celle qui a été la plus entreprenante en la matière est sans conteste Serre-Chevalier, qui s’est lancée depuis huit ans dans un projet d’envergure mêlant petit éolien, photovoltaïque et hydroélectricité. « En 2015, on a fait le constat que notre territoire était propice à la production d’énergie renouvelable », rembobine Frédéric Arnould, directeur technique de la SCV, exploitant le domaine skiable Serre-Chevalier.
30% de l’énergie consommée est produite sur place
« La philosophie de notre projet était d’utiliser les bâtiments existants pour ne pas anthropiser encore plus le milieu », poursuit-il. Pour cela, les bâtiments des remontées mécaniques, comme les gares de départ et d’arrivée des télésièges, ont servi de support à l’installation de panneaux photovoltaïques. Le petit éolien, lui, a été installé à proximité des postes de transformation.
Enfin, concernant l’hydroélectricité, c’est le système de fabrication de neige de culture qui a été mis à contribution, puisque les flux d’eau y sont constants. « Cela nous permet de valoriser ces infrastructures qui ne fonctionnent pas hors de l’hiver. Donc soit on produit de la neige de culture, soit on produit de l’hydroélectricité. »
Au total, 30% des besoins en électricité de la station sont couverts par l’autoproduction, et l’hydroélectricité représente une très large majorité de ce chiffre. Ce qui n’est pas neutre, à l’heure de l’explosion des coûts de l’électricité. « Quand on produit 30% de son énergie, on se sent un petit peu plus à l’abris que les autres », admet Frédéric Arnould.
D’autres stations suivent
Si Serre-Chevalier est largement leader sur ce secteur, elle n’est pas la seule station à avoir fait des énergies renouvelables un défi pour l’avenir. Il en va de même d’Avoriaz, par exemple. Situé à 1 800 mètres, la station haut-savoyarde n’a pas retenue l’hydroélectricité dans son projet. « On a regardé, mais cela demandait un suivi de projet trop important », estime Séverine Blot, responsable QSE de la Société d’exploitation des remontées mécaniques d’Avoriaz.
C’est donc l’énergie solaire qui a été privilégiée pour diversifier le mix énergétique. Normal, quand on est au cœur du domaine des Portes du Soleil ! Une gare de télésiège ainsi été couverte pour moitié de panneaux solaires souples, en remplacement des vitres existantes. « On a un projet, toujours en photovoltaïque, sur le centre technique », dévoile également Séverine Blot. « Mais comme Avoriaz est une station à l’architecture classée, il faut l’accord de l’architecte pour remplacer les vitres actuelles par ces systèmes. » Quelques exemples parmi d’autres de stations qui accélèrent sur la transition énergétique.
Si le développement de ces solutions n’est pas encore massif, c’est parce que de nombreux freins existent, notamment les contraintes techniques en montagne, pas toujours adaptée à ces énergies. Si, à Serre-Chevalier, il existe quelques pertes au niveau solaire lorsque la neige recouvre les panneaux, elles ne sont pas insurmontables.
« En hiver, on profite du phénomène de réverbération de la neige, qui booste l’activité solaire et augmente de 10 à 15% la production d’énergie photovoltaïque », se réjouit Frédéric Arnould. « Notre expérience prouve que ce modèle est transposable à d’autres stations, parce que ça se tient financièrement. »