En Savoie, le handiski prend une nouvelle ampleur sur la piste

« Lors de la création des stations, l’accueil des personnes en situation de handicap n’avait pas été pensé. Les aménagements destinés aux skieurs para sont plutôt récents. On a dix ans de retard par rapport à la loi Handicap de 2005. » Le constat de Pierre Rasolo, responsable de la section handi au ski club de Peisey, est implacable.

Grâce à l’abnégation d’individualités et la mobilisation des pouvoirs publics, l’accès aux stations de ski et au matériel adapté pour les personnes en situation de handicap a été facilité ces dernières années.

Toutefois, pour l’organisateur du festival Handineige, les différences entre les stations demeurent gigantesques. « L’objectif de cet événement consiste à rassembler tous les acteurs du ski qui ne se croisent jamais afin de créer une émulation collective. »

En la matière, la section handi du ski club de Peisey-Vallandry, créée en 2016, fait figure de modèle. Avec 36 licenciés et 12 de plus grâce au festival Handineige, le club de handiski est le plus grand de France, et le seul en Savoie à proposer des entraînements pour la compétition.

Former les instructeurs

Sur les pistes de la station, l’embarquement des télésièges se fait en ligne droite, car tourner un ski fauteuil sur place relève de l’impossible. Des toilettes pour les personnes à mobilité réduite (PMR) et des fauteuils dans les restaurants sont mis à disposition sur le domaine skiable. Ces types d’aménagement permettent de répondre à une demande de plus en plus accrue, d’un public venant du monde entier.

« C’est une possibilité incroyable de pouvoir skier librement avec mes amis, malgré mon handicap », s’exclame Patrick Rushmore, un skieur handi venu de Londres pour dévaler les pistes des Arcs. Touché par la maladie de Parkinson, il ne peut plus tenir debout sur ses skis mais continue d’assouvir sa passion, à bord d’un kartski. Cet engin lui procure des sensations encore plus intenses que sur des simples spatules, avec un centre de gravité presque à même le sol. Son moniteur ESF, Alexis Brun, spécialisé dans l’accompagnement de personnes handicapées, encadre près de 150 clients par saison aux Arcs. « J’ai formé dix moniteurs en début de saison car on n’arrivait pas à répondre à toutes les demandes », explique le Grenoblois, âgé de 47 ans. Ces formations spécifiques pour devenir encadrants ou moniteurs n’existent que depuis trois années seulement. « On a créé une association pour que nos clients, une fois formés, soient totalement autonomes, et puissent emprunter le matériel », ajoute le formateur.

 

De nombreux défis restent à relever

L’enjeu de l’accueil pour les skieurs handis ne se limite pas qu’aux efforts entrepris sur les pistes. Outre son offre de prêt de matériel, l’association Amont, située à Tignes , tente de répertorier les services qui facilitent les vacances des personnes handicapées en stations.

« Les structures existent déjà mais on remarque un manque d’informations. Il faut deux semaines de préparation en plus pour organiser ses vacances au ski quand on n’est pas valides », souligne Florian Drillon, cofondateur d’Amont. Il souhaiterait recenser les services de logements, de transports, et de commerces, adaptés pour une personne en situation de handicap qui souhaiterait venir skier en station. Les conseils techniques pour la fonctionnalité des équipements sont prodigués par la communauté de communes de Haute Tarentaise (CCHT).

Sous son impulsion, la charte “Pour une montagne de confort” a été adoptée en octobre dernier par les huit communes du territoire. « Trois personnes référentes par commune sont chargées de s’appuyer sur les dispositifs déjà existants pour les améliorer, et d’aller à la rencontre des acteurs du tourisme », explique Mathilde Russeau, référente handicap à la CCHT. Il est par exemple question d’encourager la formation de personnes pouvant parler la langue des signes. À l’aube des Mondiaux de handisport 2027, pour lesquels la France s’est portée candidate, l’organisateur d’Handineige, Pierre Rasolo espère que cette échéance poussera les stations à aménager notamment le transfert entre la voiture et l’accès direct au front de neige.

Aux Arcs, Patrick Rushmore, un skieur para britannique, pilote son kartski avec l’aide de son moniteur ESF, Alexis Brun, spécialisé dans l’accueil de personnes en situation de handicap. La présence de son amie Denise le comble de bonheur. Photo Le DL /Tom Pham Van Suu D
Aux Arcs, Patrick Rushmore, un skieur para britannique, pilote son kartski avec l’aide de son moniteur ESF, Alexis Brun, spécialisé dans l’accueil de personnes en situation de handicap. La présence de son amie Denise le comble de bonheur. Photo Le DL /Tom Pham Van Suu D
« Le sport de haut niveau m’aide beaucoup dans mon épanouissement personnel et m’a guéri »

Comment avez-vous entamé votre nouveau départ ?

« Je suis passé tout près de la mort, ça m’a forgé un mental de battant. À ma sortie de l’hôpital en septembre 2015, avant de me remettre à marcher, je voulais d’abord réapprendre à skier. Je n’avais pas les moyens de financer un fauteuil tout seul. J’ai fait du porte-à-porte pour récolter des fonds et trouver des partenaires. Je présentais mon projet de participer aux Jeux paralympiques 2022, alors que je n’avais jamais mis un pied dans un fauteuil ski. J’ai intégré l’équipe de France de ski en 2017 alors qu’il faut dix ans d’entraînement pour intégrer l’élite. »

Qu’est-ce que vous a apporté le sport pour lutter contre votre maladie ?

« Grâce au handiski, j’ai réussi à supprimer tous mes traitements au bout de six mois, alors que j’aurais dû les suivre à vie. Le sport de haut niveau (10 mois de ski sur 12) m’aide beaucoup dans mon épanouissement personnel et m’a guéri. »

Quel regard portez-vous sur le développement du handiski à haut niveau ?

« Contrairement à une compétition de “valides”, nous ne recevons pas de prize money (récompense, NDLR), même quand j’ai gagné le slalom lors de la Coupe du monde à Cortina (Italie) en février. En tant que sportif de haut niveau, nous sommes liés par un contrat CIP (convention d’insertion professionnelle) et on a la possibilité de travailler pour des banques, la douane ou la gendarmerie pour avoir un salaire. On a besoin de médiatisation car la relève de la jeunesse handi n’est pas assurée. »

Paraplégique à cause de la maladie de Lyme à 19 ans, Lou Braz-Dagand est devenu un athlète paralympique en ski assis. Le natif de Cusy (Haute-Savoie) s’entraîne avec acharnement à Tignes, en vue des Jeux paralympiques d’hiver 2026 en Italie.

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