Gardienne de refuge en Savoie : « Je suis là pour accompagner les randonneurs, pas pour faire de l’argent »

Gérer, exploiter un refuge, n’est pas une entreprise comme une autre. Tout dépend en premier lieu du statut de ce dernier, est-il une propriété d’un parc, du Club alpin français (CAF), d’une collectivité, et avec quel type de contrat ?

Au refuge de Rosuel, situé à 1 556 mètres d’altitude, non loin du Mont Pourri et du Dôme de la Sache, c’est le Parc national de la Vanoise qui est propriétaire des murs ; la gardienne des lieux, Béatrice Grelaud, y assure une délégation de service public.

Capture d'écran Google Maps
Capture d'écran Google Maps

« Accueillir les gens quoi qu’il arrive »

« Ce n’est pas une activité qui permet une rémunération du gérant, explique Béatrice Grelaud. C’est une délégation de service public avec un contrat qu’on signe pour huit ans où l’on s’engage à être vertueux, à aller vers la sobriété énergétique, à proposer des produits locaux et bios. On a une mission de service public : accueillir les gens quoi qu’il arrive. »

Gérante et actionnaire de sa SARL (Société à responsabilité limitée, NDLR), Béatrice Grelaud pilote l’été pendant environ quatre mois, de fin mai à début octobre, ce refuge étape situé notamment sur le GR5. L’un des sentiers les plus fréquentés de France qui traverse les Alpes du Nord au Sud, de Saint-Gingolph au bord du Léman, à Nice.

Les 50 places en dortoir et la dizaine d’emplacements en bivouac du refuge de Rosuel constituent souvent une étape obligatoire, il est rigoureusement interdit de camper dans le parc national de la Vanoise sauf à proximité des refuges.

Accessible également en voiture, depuis Peisey-Nancroix, avec la départementale 87, le refuge possède une clientèle de locaux, de touristes venant profiter de son restaurant le midi, et de randonneurs le soir venus se reposer et se restaurer après leurs heures de marche.

« La randonnée, je l’analyse comme une démarche, avec un engagement physique fort »

Si la quinzaine de saisonniers en cuisine, à la plonge et au dortoir, qui se succède tout l’été, gagne aux alentours de 1 800 euros avec les heures supplémentaires et les congés, la gardienne de Rosuel assure, elle, n’avoir eu en tout et pour tout que 1 000 euros de rémunération en 2022, sur quatre mois de saison, malgré une charge de travail importante.

« J’ai une autre activité à côté sinon ce ne serait pas possible, reconnaît Béatrice Grelaud. Je termine en novembre une thèse sur la création de jeux de piste pour valoriser des espaces de pleine nature. » Mené à l’université Grenoble Alpes, son doctorat assure à la gardienne un revenu de 1 450 euros, sans lequel elle ne pourrait pas mener sa « mission ».

« La randonnée, je l’analyse comme une démarche, avec un engagement physique fort. Je suis là pour accompagner les randonneurs, pas pour faire de l’argent, sinon je ne le ferai pas », résume Béatrice Grelaud.

En 2022, le chiffre d’affaires de l’établissement se situait à 120 000 euros hors taxe, pour 1 950 nuitées en dortoir, 200 en bivouac et la restauration du midi et du soir. Une fois les charges déduites, le résultat est à l’équilibre ou équivalent à zéro – le parc national de la Vanoise reçoit une redevance aux alentours de 22 000 euros.

Si la saison 2023 s’annonce plutôt bonne, avec une forte augmentation de la demande en bivouac, les comptes risquent d’être dégradés par rapport à 2022. La formule plein tarif en nuitée à 50,88 euros (dîner, nuit et petit-déjeuner pour un adulte) n’a que peu évolué, malgré l’inflation et l’augmentation du prix des matières premières. Le conseil d’administration du parc national de la Vanoise pourrait valider une augmentation de quatre euros de la formule d’ici l’année prochaine.

Photo Le DL/Vincent Kranen
Photo Le DL/Vincent Kranen
Qu’en est-il dans d’autres refuges ?

Les refuges de montagne ne sont généralement pas la propriété de parcs nationaux, il en existe onze en France, le cas de figure est donc relativement rare. Plus fréquemment, comme au refuge du Mont Pourri, c’est le Club alpin français (CAF) qui en est le propriétaire. « Tout ce qui est nuitées cela va au CAF, pour entretenir les refuges, le reste, la consommation, les boissons, la cuisine, c’est pour moi », confie Laurent Julien gardien du refuge depuis 2005.

S’il refuse de dévoiler son salaire, le gardien du Mont Pourri assure que l’exercice est bénéficiaire pour lui. Il doit en complément s’acquitter d’une redevance d’environ 1 500 euros au Club alpin français. Cependant, l’année 2023 pourrait être moins bonne que d’habitude. Si le refuge du Mont Pourri va sans doute battre en 2023 son record historique de nuitées, la consommation baisse à cause de l’inflation. « Les gens font plus gaffe. Ils prennent soit une assiette, soit un dessert, soit une boisson, mais pas les trois. Ils ont moins de budget », constate le gardien du refuge du Mont Pourri. Le forfait nuitée (dîner, nuit et petit-déjeuner) coûte 21 euros en plein tarif, très abordable, sur un refuge encore dans son jus des années 1970.

Autre cas de figure avec le refuge d’Entre Le Lac où c’est un particulier, Franck Chenal, qui gère ce refuge appartenant à la commune de Landry. « Je suis salarié de ma société donc je me verse un salaire », précise Franck Chenal, sans souhaiter dévoiler son montant. Le forfait nuitée, dîner, petit-déjeuner y est à 49 euros en dortoir, sur un refuge qui a entrepris de nombreux travaux pour améliorer le confort de ses hôtes. Le gardien, Franck Chenal, regrette parfois que des « avis sur Internet me reprochent d’être cher. Je pense que les gens ne sont pas vraiment sensibilisés au montant de nos charges, avec l’héliportage qu’on doit payer ».

Article issu du Dauphiné Libéré

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