Il va relier 40 glaciers à vélo pour sensibiliser à la fonte des neiges

« En école des beaux-arts, on nous apprend que c’est à nous, artiste, auteur, poète, de construire notre métier, et que notre métier n’existe peut-être pas. J’ai décidé de construire ma future œuvre dans un contre-la-montre rythmé par l’urgence climatique ».

L’Annemassien de 26 ans aurait pu se contenter d’une sculpture, d’un tableau, d’une photo. Au lieu de ça, le jeune diplômé d’école des beaux-arts et de journalisme a imaginé comme premier travail indéterminé une œuvre au sens large et multiple, une œuvre mouvante, calquée aux enjeux environnementaux actuels. À la fin du mois, il va partir seul, à vélo, à l’assaut d’une quarantaine de glaciers. « Je vais prendre une glacière. Je glanerai au pied de chaque glacier un fragment de glace pour le déposer au prochain visité. L’idée, c’est par ce geste fort symbolique et poétique de vite, vite pédaler, pour ressentir, à la force de mon corps, cette urgence climatique ».

Il s’est lancé dans l’aventure de devenir « artiste confiturier »

Après des études de journalisme, Malo Barrette, originaire de Lyon, met le cap pour Limoges où il intègre l’École nationale supérieure d’art et de design (Ensa) avant de rejoindre la Haute école d’art et de design (Head), à Genève. Son statut d’artiste-auteur en poche, il va le teindre de la cause écologiste. Comme en fin d’études, quand il s’est lancé dans l’aventure de devenir « artiste confiturier ». Là encore, un métier qui n’existait pas… « C’est là que j’ai vraiment utilisé le vélo comme moyen de ressentir le monde en tant qu’artiste, confie-t-il. J’ai fait le tour de tous les confituriers du Limousin pour comprendre le métier, comment était fabriquée une confiture, afin ensuite de construire une œuvre autour. » De ce travail, de ces rencontres naîtront des photos, un court métrage et beaucoup d’écrits. Puis, l’artiste confiturier rentre à Annemasse et bonifie son nouveau projet : les glaciers.

Des ateliers avec des collégiens pour préserver la montagne

« Je ne peux pas envisager mon travail artistique sans un engagement écologiste. Sinon, mon métier d’artiste n’aurait pas de sens. » La performance sportive occupe également une place importante : « Mettre son mollet à l’épreuve pour créer du lien, pour raconter une histoire est important pour moi. C’est mon outil ». Cycliste chevronné mais loin d’être professionnel, Malo Barrette a visé haut : il aura à parcourir 5 000 kilomètres, avec plus de dix excursions alpines.

Si le but est de construire son œuvre (film, vidéo, écriture, etc.) autour de ces glaciers touchés du bout des mains, l’autre dimension est d’en faire un projet pédagogique. Il va ainsi, au fil de ses expéditions, rencontrer des collégiens (neuf classes des collèges de Cluses, d’Annecy, Chamonix, de Moutier, etc.) pour des ateliers. « L’objectif c’est de voir avec ces jeunes quelles solutions et actions ils peuvent mener à leur échelle pour préserver la montagne », poursuit l’artiste écolo.

Il a aussi construit son projet en partenariat avec l’association L’enfant@l’hôpital afin de permettre aux enfants hospitalisés de s’échapper via des carnets de route. Il prévoit de faire les 40 glaciers sur un an. « Je ne suis pas alpiniste. Pour les acensions à pied, je vais m’entourer de guides, d’alpinistes, d’associations qui défendent la cause des montagnes », explique-t-il.

Son aventure, soutenue par le Département, qu’il a appelée le “P’tit Névé”, en clin d’œil à ces fameuses neiges en dessous de la couche des éternelles qui résistent tant bien que val, va commencer dans les massifs du Grand-Paradis et du Mont-Blanc, les deux côté italien, à la fin du mois de septembre.