La belle histoire n’a, malheureusement, pas eu une fin heureuse. « Il est décédé dans ma voiture peu de temps après que je l’ai récupéré », déplore Éric Vannard, garde-moniteur du Parc national des Écrins.
« Il », c’est un très jeune chamois, récupéré dans le col du Lautaret dans la journée du samedi 9 mars par Jérôme Josserand dans des conditions quelque peu insolites. Une histoire qu’il a partagée (avec succès) sur les réseaux sociaux. L’habitant de La Grave, snowkiter professionnel et déneigeur volontaire, évolue dans son jardin du col du Lautaret, ce samedi, lorsqu’il reçoit une alerte de la gendarmerie. Les conditions sont compliquées : la route départementale est sous la neige et le vent, et les services départementaux arpentent le secteur à bord de leurs déneigeuses.
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« On a mis le chauffage à fond »
« C’est une personne qui a signalé à la gendarmerie la présence d’un jeune chamois, seul en bord de route », relate Jérôme Josserand au lendemain de sa vidéo. Mobilisés dans le cadre du déneigement avec un collègue, ils lancent leur machine à la recherche du chevreau. « On l’a cherché un moment et on l’a finalement aperçu dans un petit carré d’herbe en redescendant du col vers Villar d’Arène. »
Le petit ruminant est « couvert de glace », « transi de froid ». « On l’a pris avec nous dans la machine et on a mis le chauffage à fond », raconte Jérôme Josserand, qui se retrouve donc à déneiger le col du Lautaret « avec un chamois sur les genoux ». « Ça n’arrive évidemment pas tous les jours », s’en amuse-t-il.
La mission consiste maintenant à remettre le jeune animal à Éric Vannard, alerté de la situation. Le garde du Parc, qui observe depuis près de quarante ans la population de bouquetins dans le massif des Cerces, a rejoint le col du Lautaret.
Malheureusement, pas de Happy Ending
Malheureusement, « au grand bonheur » de ce sauvetage se greffe un « regret » pour le snowkiter. « Éric Vannard m’a prévenu peu de temps après qu’il était décédé… »
« Lorsque l’on arrive à récupérer un animal sans encombre, c’est malheureusement un signe qu’il est très faible et que ses chances de survie sont très limitées », confie le garde-moniteur. Le fonctionnaire des Écrins le voit d’ailleurs dès que le chevreau lui est remis. Celui-ci « ronfle », les poumons obstrués, et décède donc dans sa voiture alors qu’il l’emmène à la Maison du parc des Écrins du Casset (Le Monêtier-les-Bains).
« Son abandon est sûrement dû à un événement traumatique, il avait une patte cassée », livre Éric Vannard. Si l’histoire de ce petit chamois en déneigeuse est insolite, le fait de récupérer un animal sauvage blessé ou abandonné l’est beaucoup moins. « Lorsque cela arrive, je le garde en observation quelques jours au Casset : s’il passe la première nuit, c’est plutôt bon signe. Ensuite, on les emmène au Centre de soins de la faune sauvage de Vitrolles. »
« Lorsque l’on percute un animal sur la route ou que l’on en aperçoit un abandonné, il faut contacter la gendarmerie ou un garde de parc – qui a une habilitation de police », rappelle Éric Vannard. Interdiction, en effet, de charger l’animal dans le coffre : c’est une infraction au code de l’environnement. « Quand bien même cela part d’une bonne intention, souligne le garde-moniteur. Et puis, selon l’espèce, il vaut mieux savoir comment agir. »
En ce sens, Éric Vannard forme le personnel de voiries ou les sapeurs-pompiers, bien souvent confrontés à de telles découvertes. « Vous ne pouvez mettre l’animal dans votre coffre que si un gendarme ou un garde vous y autorise [ce qui a été fait pour le jeune chamois du Lautaret, NDLR] pour le transporter vers un centre. »
Une mort qui pourrait être préoccupante
En cas de décès, Éric Vannard se mue en médecin légiste. « On doit essayer de connaître les causes de la mort : est-ce qu’il a été percuté par un véhicule, tué par un prédateur, etc. » Un échantillon sanguin peut être aussi acheminé – c’est le cas pour le jeune spécimen du Lautaret – au laboratoire départemental vétérinaire et d’hygiène alimentaire de Gap pour des analyses : notamment pour déterminer si une maladie est la cause du décès.
« Au Parc, il est important d’avoir une connaissance de l’état de santé de la faune sauvage, notamment parce que de plus en plus de maladies d’animaux domestiques se transmettent à celle-ci », pointe-t-il.