Pour qui est passionné de montagne et de polar cette histoire est une formidable source d’inspiration. Il y a un siècle les alpinistes anglais George Mallory et Sandy Irvine disparaissaient sur la crête nord-est de l’Everest, emportant avec eux leur secret.
Le plus grand mystère de l’histoire de l’alpinisme
Le témoignage de leur camarade Noel Odell, le dernier à les avoir aperçus entre les nuages, si hauts sur la montagne, posait alors davantage de questions qu’il n’apportait de réponses. Et d’entretenir le plus grand mystère de l’histoire de l’alpinisme.
Depuis on a retrouvé un piolet (1933) puis le corps de Mallory (1999), mais pas la trace d’Irvine. Et encore moins celle de l’appareil photo qu’avait emporté la cordée, et dont la pellicule pourrait « parler », susceptible de classer l’affaire, une bonne fois pour toutes : les Anglais ont-ils, 29 ans avant Hillary et Tenzing, foulé le toit du monde ? Le fameux Kodack Vest Pocket introuvable des deux hommes a déjà alimenté fantasmes et fictions d’artistes en mal d’altitude : le roman de Baku Yumemakura Le Sommet des dieux adapté en manga puis au cinéma avec le film d’animation de Patrick Imbert, présenté au festival de Cannes.
Le général « alpin » trois étoiles Nicolas Le Nen, écrivain à ses heures, s’inscrit dans leur veine confirmant son penchant pour les thrillers et cold cases d’altitude. Il y a deux ans, l’ancien patron des services extérieurs (DGSE) et des chasseurs alpins d’Annecy publiait Affaire classée à la Meije, roman dans lequel l’auteur donnait une suite au best-seller de Etienne Bruhl, rappelant combien les hautes terres de solitudes, entre précipices et crevasses, pouvaient fournir la scène idéale à la dissimulation d’un crime.
De Chamonix au Tibet
Le voilà qui récidive. Son sixième roman, Kodack Everest Pocket, nous emmène de Chamonix vers les hauts versants du Tibet. Charlie, ex-avocat un peu bohème devenu alpiniste et guide, spécialiste des objets perdus en haute montagne est missionné par un mystérieux milliardaire aventurier, aux faux airs de Richard Branson, patron de Virgin, pour mettre la main sur le boîtier, objet de tant d’élucubrations.
Notre Columbo en Gore-Tex dit banco ! Le voilà parti pour un itinéraire des plus tortueux entre les archives de la Royal Geographical society de Londres et la face nord du toit du monde. Comme dans son précédent roman montagnard, l’auteur use de sa connaissance du milieu et du microcosme pour nourrir son intrigue dont le suspense, jusqu’au bout, se maintient… au sommet.
Kodak Everest Pocket, Nicolas Le Nen, Arthaud, 240 pages., 19,90 euros
Article issu du Dauphiné Libéré