Si vous cherchez Sylvain Mangel, c’est dans la forêt que vous avez le plus de chance de le trouver. Ce jeune homme de 59 ans a dédié sa vie à cet écosystème et à l’observation de ceux qui l’habitent. Il faut dire qu’avec un tel prénom (Sylvain est dérivé du latin silva qui signifie… forêt), il y était quelque peu prédestiné. « J’ai toujours été passionné par la nature, ce qui s’y passe, ce qui y vit. Pour moi, c’est un émerveillement quotidien », détaille-t-il. Le jour de ses 16 ans, il stoppe donc son parcours scolaire pour entamer une carrière de bûcheron comme son père, son grand-père et son arrière-grand-père avant lui.
Retranscrire son amour de la nature
En 1985, il deviendra également moniteur de ski de fond à l’ESF de La Bresse, puis à celle de Ventron, toujours dans ses Vosges natales. Un moyen de continuer de travailler en pleine nature, tout en transmettant sa passion de la glisse. Et si la photo a toujours attisé sa curiosité, il a attendu les améliorations techniques des années 2010 pour s’investir à fond dans cette passion.
« C’est tout de suite l’animalier qui m’a passionné », assure-t-il. « En étant bucheron et moniteur de ski, on voit beaucoup d’indice, beaucoup de choses, de qui facilite les repérages pour la photographie. Ce qui m’a attiré, c’est d’essayer de retranscrire mon amour de la nature dans la photographie. »
Des mammifères et des oiseaux
Quand il part au travail, Sylvain emmène toujours son matériel de photographe car « on ne sait jamais ». « Les animaux bougent surtout le matin et le soir, au lever du jour et quand je rentre de mes chantiers. Quand je vois une présence animale assez fréquemment, je retourne sur les lieux le matin à l’affut. »
Si les mammifères forestiers comme les renards, les cerfs, les chevreuils, les blaireaux ou encore les chamois qu’on trouve sur les crêtes vosgiennes lui ont fourni de magnifiques clichés, ce sont les oiseaux qui l’attirent encore plus. « En 2012, il y avait encore des grands tétras, mais c’est devenu plus rare. J’adore photographier les buses, les grands corbeaux, les milan royaux et aussi les passereaux et les chouettes chevêchette ou de Tengmalm, qui vivent dans les vieilles hêtraies d’altitude. »
Ses photos sont devenues des livres
Dans le club photo qu’il fréquente, à Epinal, l’idée d’une collaboration germe avec une institutrice de la région, Marie-F Houlbrèque, qui crée des histoires avec ses classes et avec sa fille. Un écureuil photographié par Sylvain va devenir le sujet de leur premier ouvrage à trois « Noisette et la mésange bleue ». « On se disait qu’on allait en faire 200, pour que nous enfants et nos petits-enfants aient une trace de nous », se souvient Sylvain. Une maison d’édition croit au projet et édite leur ouvrage, avant qu’il n’en récupère les droits pour le sortir eux-mêmes.
« On fait désormais les choses de façon très locale, avec un imprimerie tout prêt de chez nous pour rester dans le respect de la nature. On s’occupe aussi de la mise en page. » Depuis, deux autres livres sont sortis : « Rosaline la petite gourmande » et « Dure journée pour Violette et Juliette ». Et le succès est au rendez-vous. « On a plus de 8000 ventes en tout », se réjouit Sylvain. Et ce n’est qu’un début…
Les livres du duo sont des supports pour sensibiliser les plus jeunes à la beauté et la fragilité des espaces naturels. « On a des échanges avec enfants sur la biodiversité, la nature, comment déranger les animaux le moins possible. Le but de nos livres, c’est d’associer la pédagogie à la découverte, pour que les enfants retournent vers la nature mais en la respectant. »
Retrouvez les livres du duo sur www.leslivresdelaforet.fr
>>> Retrouvez tous nos portraits de moniteurs de ski sur Mon Séjour en Montagne