Du par cœur ou presque. Les Bronzés font du ski dans le texte. Lu, écrit, parlé. Le film est devenu la bande originale de nos vacances à la montagne, un peu comme ces vieilles chansons qui nous rattrapent parfois pour mieux nous emporter.
Grâce aux Bronzés, on chante sur les télésièges, on n’ose plus commander de crêpes au sucre de peur de se faire engueuler. Et on se rassure comme on peut en soirée : « Oublie que t’as aucune une chance, vas-y fonce, on sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher. »
Plus de 40 ans plus tard le film est encore là, passe et repasse, comme un patrimoine qu’on revisite. Les scènes et les dialogues sont devenus cultes, et même les seconds rôles sont restés dans l’histoire.
Retour sur les seconds rôles qu’on est allé chercher, au bout, tout au bout du générique.
Les précédents locataires : Isabelle de Botton et Michel Such, de Bouvard à Garde à vue
L’appartement 205, au deuxième étage. « Bonjour je suis monsieur Morin. » « C’est à quel sujet ? » « Au sujet monsieur que vous êtes chez moi ! »
Pour avoir un peu tardé à libérer le logement, le couple de vacanciers se prend une volée par Bernard (Gérard Jugnot) et un scrabble dans le pare-brise « Hé ! Vous avez oublié quelque chose… »
La femme, vous l’avez peut-être reconnue, c’est Isabelle de Botton qui était là au tout début de l’aventure du Splendid, quand le théâtre s’appelait encore la Turlute. Révélée par Le Petit Théâtre de Bouvard , dans lequel elle formait un trio avec Michèle Bernier et Mimie Mathy, on la retrouvera (entre autres) dans Le garde du corps de François Leterrier ou Merci la vie de Bertrand Blier…
Son mari est Michel Such. Une scène, pas plus, pour un grand second rôle du cinéma français. Nul en ski nautique dans le premier des Bronzés, Michel Such est au générique de nombreux films : La Meilleure Façon de marcher (en tant qu’acteur et assistant réalisateur), Viens chez moi, j’habite chez une copine, Police Python 357, Tenue de soirée … Ou encore Garde à vue dans lequel il incarne Jean-Marie Jabelain, le véritable tueur de petites filles. Alors que tout accuse Michel Serrault.
Martine, l’ex de Popeye mais épouse de Thierry Lhermitte
Si Martine, très proche de son soi-disant cousin, est dans le film l’ex-femme d’un Popeye volage, Hélène Aubert est dans la vie encore aujourd’hui l’épouse de Thierry Lhermitte. Ils se sont d’ailleurs mariés un an après le film.
Le cousin très proche de la femme de Popeye
« Popeye si tu casses, tu paies » et pas question de faire un petit quelque chose sur la facture de Nathalie et Bernard. « Je t’expliquerai… » Le patron moustachu du magasin de ski et cousin plus que germain de Martine, l’ex femme de Popeye, est Guy Laporte, déjà présent dans le premier des Bronzés, dans le rôle de Marcus, le chef du village.
C’est d’ailleurs grâce à son premier métier de G.O. au Club Med qu’il rencontre les membres de la troupe et le réalisateur Patrice Leconte. Il les retrouvera dans d’autres films : Michel Blanc dans Viens chez moi, j’habite chez une copine et Marche à l’ombre , Gérard Jugnot dans Pinot simple flic et Une époque formidable ou encore Thierry Lhermitte dans Nuit d’ivresse. Également à l’affiche de Subway de Luc Besson, Guy Laporte est décédé en 2019. Il avait 71 ans.
La réceptionniste de l’hôtel sur un malentendu
« Quel est votre nom ? Jean-Claude et vous ? (silence) ». « Avec un d comme Dusse ». Première veste pour Michel Blanc dès son arrivée à l’hôtel. La réceptionniste s’appelle Marlène Auffret. Elle tournera également Les Filles du régiment ou Au bout du bout du banc.
Roland Giraud en 1 h 30
« Je ne vous colle pas mon poing sur la gueule, ce n’est pas la peine ? » Après le désistement du figurant initialement prévu, la production engage en catastrophe Roland Giraud pour le rôle de M. Camus, mari trompé. Il tournera sa scène en une heure et demie. Un petit rôle dans une grande carrière (inoubliable dans Trois hommes et un couffin et délirant général Spontz dans Papy fait de la Résistance).
L’infirmière de Jérôme et Copain
« Eh bien c’est les Guilain, c’est un peu spécial… » Le malade c’est Copain, un cochon qui fait de l’anémie. Véronique Barrault, l’infirmière de Jérôme (Clavier), décroche là son premier film. Avant d’enchaîner de nombreux seconds rôles : de Gazon Maudit à Prête moi ta main en passant par Marche à l’ombre. Elle est morte d’un accident en mai 2022.
Marius après Molière
« Quelqu’un veut de mon Bordeaux ? » Difficile de parler de second rôle devant l’immense carrière de l’acteur et dramaturge français Maurice Chevit, deux fois couronné d’un Molière du meilleur second rôle en 2002 et 2005. Mort à l’âge de 88 ans, en 2012, il aura tout joué Shakespeare, Molière, Miller et… Marius, le petit ami de Christiane (Dominique Lavanant). Expert en perruques, postiches toupets et bouc roux, c’est lui qui met du fil dentaire dans le fromage de la fondue. Et c’est Bernard (Jugnot) qu’on accuse. À noter que Leconte lui offrira un autre rôle marquant dans Le Mari de la coiffeuse (1990). »
Les deux montagnards de la bergerie sont connus
« C’est une recette du pays, ça s’appelle la fougne. » Un mélange de restes de fromages de l’année, avec du gras, de l’alcool de bois, servi à “l’étale” autrement dit sur du pain. Pour la scène de la bergerie, où les naufragés de la randonnée à ski sont secourus par deux montagnards, la production voulait de vrais acteurs, avec accent mais inconnus.
Patrice Leconte a donc choisi deux Suisses : Maurice Aufair, le barbu, Jean-Marc Henchoz, l’homme au bonnet. Ce dernier (décédé en 2011), fut d’abord fromager (ça ne s’invente pas), puis comédien avant de se révéler très bon producteur. Après les Bronzés , il montera notamment le dernier film de Robert Bresson, L’Argent. Les cinéphiles apprécieront. Avant de connaître le succès en coproduisant avec Jacques Perrin Microcosmos , Himalaya – l’enfance d’un chef , Le Peuple migrateur et Océans … C’est lui qui démonte l’épaule de Michel Blanc par une grande claque. « Faut manger petit si tu veux devenir un vrai montagnard ! »
L’autre, le barbu, Maurice Aufair, exercera aussi son métier de comédien pour la radio et la télévision. Il prêtera même sa voix à l’Ours Paddington. Comment oublier cette réplique improbable devant les Chiffres et les lettres : « Il y avait Blumaise en huit lettres »
L’Italien à la mandoline a foncé sur l’Élysée
Buona sera. Nous voilà dans la scène du refuge en montagne, avec les Italiens, que Bernard traite de “macaronis”.
Dans le rôle de Fernanda : Klari Hosszufalussy, qu’on reverra également avec Clavier dans le film Je vais craquer. Dans le rôle de Sylvio : David Pontremoli, un acteur florentin à l’affiche plus tard d’Un mauvais fils de Claude Sautet. Mais c’est Marcello, l’Italien à la mandoline, Attilio Maggiulli, qui a le plus fait parler de lui en tant que directeur d’un théâtre parisien. Pour dénoncer une baisse de subventions, il a le 26 décembre 2013, tenté de forcer les grilles de l’Élysée, avec sa voiture. Arrêté, il sera placé en garde à vue.
En 2003, Attilio Maggiull avait déjà été victime d’une violente agression au cutter dans son théâtre qui programmait ce jour-là une pièce tournant en dérision le président George W.Bush…
Mais on préfère se souvenir de lui dans Les Bronzés font du ski , et de cette scène culte quand Gilbert Selman se prend un volet dans le nez. « Et possible votre ami ne pas regarder par la fenêtre ? » Buona note a tutti.
Article issu du Dauphiné Libéré
