« Avant d’être pisteur à 21 ans, je savais que je voulais être spécialisée maître-chien. La possibilité de sauver la vie de quelqu’un avec un animal m’a attirée. » Saisonnière lors d’une saison d’été aux Arcs, la jeune Marianne Desmons décide de se lancer dans le grand bain du secours sur piste. La Parisienne (elle le dit doucement) ne le sait pas encore mais sa formation en langues étrangères lui servira pour rassurer les blessés en détresse.
Malgré ses 25 ans de service, elle ressent toujours cette adrénaline et cette liberté qui lui fait apprécier chaque jour son métier passion. « Le matin, tu pars du service des pistes à Tignes le Lac à 8 heures sans savoir ce qui t’attend. La seule certitude est la fin de service à 17 heures », raconte celle qui a la chance de monter en funiculaire pour rejoindre le secteur de la Grande Motte depuis 2003.
Son golden retriever, Dipsy, a sorti un militaire d’une avalanche
La quadragénaire vit pour des moments uniques comme ce 15 janvier 2015 où son golden retriever, Dipsy, a sorti un militaire d’une avalanche. « On se lance dans ce métier pour un jour sauver une vie, ce qui peut ne jamais arriver dans une carrière », affirme la maître-chien.
Par radio ce 15 janvier 2015, on l’avertit d’une avalanche dans le secteur du Palet. L’adrénaline monte en un quart de tour et l’objectif des 10 minutes d’intervention est décompté. « Après le scooter, je prends Dipsy dans les bras, afin de l’économiser. » Le chien qui peut sentir l’odeur humaine à 500 mètres à la ronde, se met au travail, guidé par Marianne. « Je le conduis à l’avalanche, si je l’amène mal, il peut passer à côté de l’odeur d’une victime à cause du vent. » Un de ses collègues pose sa sonde à l’endroit où Dipsy gratte et trouve la victime sous un mètre de neige.
« Le militaire est revenu à lui, et au bout de 10 minutes il parlait. J’en ai pleuré »
« Le militaire est revenu à lui, et au bout de 10 minutes il parlait. J’en ai pleuré », se remémore avec émotion Marianne Desmons. « On ne s’habitue jamais à la mort, des fois ça nous trotte dans la tête pendant des nuits. » Depuis trois ans, elle forme ses successeurs, malgré le déclin de la profession.
« Au début de ma carrière, j’étais la seule pisteur et il n’existait qu’une ou deux maîtres-chiens d’avalanches en France », souligne Marianne Desmons.
Aujourd’hui à Tignes, sur 60 pisteurs secouristes, quinze sont des femmes. « En stage national, il y a souvent une fille sur une vingtaine de candidats », observe la formatrice qui se réjouit de l’arrivée des femmes dans le métier qui apporte leur pierre à l’édifice.
D’autant plus que la profession fait face aux nuages menaçants des suppressions de postes. « Pour pérenniser le métier, c’est presque un combat. Aucun texte de loi n’impose à une station d’avoir des maîtres-chiens », déplore celle qui travaille avec trois collègues.
« Le DVA, la technique n’est pas fiable à 100 %, le chien si »
Certains directeurs de pistes ne comptent que sur le peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) et les CRS. « Si les conditions d’hélicoptères ne sont pas réunies, ils perdent des minutes précieuses, alors que nous avons l’avantage d’être sur place », prêche la Savoyarde d’adoption.
Autre changement : l’intronisation du drone qu’elle voit comme un progrès, mais qui a ses limites : « Il peut détecter une personne sous 10 cm de neige mais pas profondément enseveli. Comme le DVA, la technique n’est pas fiable à 100 %, le chien si. » Marianne Desmons file précipitamment en scooter, avec Rox sur les genoux, pour une cheville cassée. Elle revêt alors son statut de pisteur secouriste.
Article issu du Dauphiné Libéré
