Comment quantifier la valeur d’un souvenir ? C’est l’interrogation qui se porte aux lèvres de Cédric Bonnevie, le directeur de la Régie des pistes de Val d’Isère, quand il pense au téléski des 3 000. « Le souvenir de tous les jeunes qui ont pu traverser ce tunnel, arriver au sommet, regarder le vallon de l’Iseran en face, ça n’a pas de prix, ça fait partie des choses qu’on ne peut pas mettre dans un tableau Excel », estime-t-il.
Cette remontée ne rapporte que peu d’argent à la Société des téléphériques de Val d’Isère (STVI), elle n’ouvre pas souvent, mais quand « les gens l’empruntent, ils s’en souviennent », assure Cédric Bonnevie.
Une remontée vieille de 60 ans
Construit en 1962 par Pierre Montaz, le téléski des 3 000 (TK3000) est l’une des remontées mythiques de Val d’Isère, car il fut le premier à donner accès depuis le domaine de Solaise au vallon de l’Iseran via la piste du Tunnel, sur la crête des Leissières, « de façon un peu rustique certes », concède Cédric Bonnevie.
Son prédécesseur, Jean-Louis Costerg, qui dirigeait la Régie des pistes de 1976 à 2009, se souvient avoir participé à la construction du tunnel d’une cinquantaine de mètres qui perce la crête des Leissières. « J’étais pisteur à cette époque-là (NDLR : de 1960 à 1964). Les 3000, c’est une pente extraordinaire, c’est quelque chose qu’on ne retrouve pas ou peu ailleurs, peut-être à l’Alpe-d’Huez. »
Et pour cause : la pente moyenne sur le tracé de cette remontée était avant sa rénovation de 44 %, avec un maximum de 70 %. « Les machines ne pouvaient pas y accéder facilement. Il fallait être prudent sur ses skis car il y avait des avalanches, se remémore Eric Mattis, agent des remontées à la STVI de 1974 à 2009. À l’époque c’était original, le tunnel n’était pas très haut, il fallait baisser la tête. C’était marrant. Derrière, c’était une vraie piste noire, naturellement, c’était escarpé, il y avait une corde pour se tenir. »
Ouvert une fois seulement depuis 2012
Mais le téléski coûte cher à l’entretien et sa configuration fait qu’il n’était plus aux normes à partir de 2012. « La STVI voulait le supprimer, je suis donc intervenu indirectement auprès de la mairie pour le conserver », assure Jean-Louis Costerg, ancien directeur de la Régie des pistes.
Ainsi, la station a eu quelques années de dérogation des Services techniques des remontées mécaniques et des transports guidés (STRMTG) pour continuer de l’exploiter. « La pente est toujours aussi raide mais la mécanique et le tracé ont permis de le faire tourner », explique Éric Mattis.
Article issu du Dauphiné Libéré
