Oh, surprise ! Vous reconnaissez cet endroit, mais il semble avoir bien changé… A l’emplacement où se trouvait la remontée mécanique qui avait bercé votre enfance de skieur, dans cette station où vous venez depuis longtemps, se dresse désormais un nouveau télésiège plus rapide, ou une télécabine qui permet d’embarquer beaucoup plus de monde, pour réduire le temps d’attente.
C’est la trajectoire que suivent de plus en plus de stations, remplaçant leurs anciennes remontées par des appareils plus modernes, plus efficaces et plus sécurisés. Au cours des 12 dernières années, 611 appareils ont ainsi été démontés sur les domaines skiables français par les sociétés de remontées mécaniques sur leur propre territoire.
16,5% de remontées en moins sur les 20 dernières années
« Des dizaines de remontées mécaniques sont construites, déplacées ou démontées chaque année dans le cadre de l’amélioration continue des domaines skiables en France », détaille Alexandre Maulin, président de Domaines skiables de France (DSF), l’entité qui fédère les exploitants de remontées mécaniques. « En l’espace de 20 ans, le nombre de remontées mécaniques a été réduit de 16,5%, passant de 3 700 appareils en 2010 à 3 089 en 2022, sans diminuer le nombre de pistes. Progrès de la technique oblige, on rationalise pour proposer davantage de débit avec moins d’appareils. »
Mais alors, que deviennent les anciennes remontées ?
Que deviennent alors ces appareils démontés ? Si certaines ne sont plus en mesure de continuer, d’autres peuvent être révisées et revendues, en totalité ou partiellement (les sièges, les pylônes) à d’autres exploitants. En général, ce sont de petites stations, dont les budgets ne permettent pas d’acheter des remontées neuves et dont les clientèles sont moins exigeantes, qui les achètent. Il peut également s’agir de stations étrangères, dans des pays où le ski n’est pas aussi développé que chez nous, comme en Europe de l’Est ou bien en Asie.
Que faire des remontées « abandonnées » ?
Parmi les remontées mécaniques démontées tous les ans, un tout petit pourcentage est fait sur des domaines qui ne sont plus exploités. Il n’y a donc alors plus personne pour assurer l’opération. Si certains appareils sont longtemps restés ainsi à l’abandon, Domaines skiables de France dispose désormais d’une stratégie pour les retirer du paysage. « Ce sont des cas résiduels », souligne Laurent Reynaud, délégué général de DSF. « Ils sont répertoriés, identifiés et cartographiés et il existe un programme de démontage organisé par les exploitants de proximité. »
Récemment, ce sont les téléskis de Granier-sur-Aime, en Savoie, et celui de La Graou, dans les Alpes-Maritimes, qui ont été retirés. « C’est la cinquième fois depuis la création des éco-engagements que des professionnels de l’aménagement apportent conjointement et bénévolement leur concours pour rendre à la nature et à la pâture, un site où le ski s’est arrêté. A chaque fois les démontages ont lieu dans des villages où la vie continue et se développe, mais où le ski s’est retiré sans avoir créé une véritable station touristique. En aucun cas ce ne sont des stations fantômes », estime Alexandre Maulin. Une manière d’effacer les traces que le ski laisse parfois derrière lui.
Au total, Alexandre Maulin avance le chiffre de 71 appareils à démonter (67 téléskis et 4 télésièges), répartis sur 47 sites, alors que le parc de remontées mécaniques compte plus de 3 000 appareils (dont près de 2 000 téléskis) au dernier recensement. « Nous les démonterons gratuitement avec l’accord des collectivités, à l’image de ce que nous faisons cette année, dans le cadre de nos éco-engagements », assure le président de DSF.