En ce mois de décembre, la neige est descendue sur les premières rampes du Col du Télégraphe. Un peu plus haut, à Valloire, le village a revêtu son manteau blanc.
Lové au cœur de la station, le magasin Grange Sport trône historiquement entre le clocher de l’église et les pistes. L’enseigne lancée et développée par sa maman Annick et son père Jean-Pierre, a trouvé son « repreneur » : un certain Jean-Baptiste Grange.
Le double champion du monde de slalom (2011 et 2015), retraité depuis le printemps 2021 après 17 saisons sur le circuit Coupe du monde, a vite rebondi. Désormais père de deux enfants, Lily-Rose, née au mois d’août 2020, et Leon en avril dernier – « Je suis bien occupé avec Claire (Chapotot, ex-snowboardeuse de l’équipe de France) » -, “JB” partage sa vie entre Le Grand-Bornand l’été et Valloire l’hiver.
Sans transition vers sa nouvelle vie
Sa vie d’après est bien remplie, avec la gestion du magasin de sport familial (locations de ski, ventes de vêtements, accessoires,…).
« J’ai vraiment switché tout de suite après mon arrêt. Je n’ai pas connu trop de vide, même sans les entraînements et un planning précis. J’avais dans un coin de la tête le fait de reprendre. Et le décès de mon père plus la fin de ma carrière de skieur ont accéléré les choses. Ça a été rapide, brutal, moralement assez difficile. J’ai repris avec mon beau-frère (Martin Francou), qui a de l’expérience dans le monde de l’entreprise (ex-MND). Nous avons débarqué sans rien connaître de l’activité. Un bon petit défi même si mes parents avaient un super magasin, toujours remis au goût du jour, et une belle équipe déjà en place. Ça a permis de faire la transition plus simplement », souligne le Mauriennais, épanoui et détendu malgré le rush de l’ouverture de saison.
« Je suis aussi heureux d’enfiler mon jean et mes chaussures le matin pour aller au travail. »
« Il y avait quelques lacunes concernant le monde du travail, avec la découverte de la gestion de l’entreprise, des salariés. Mais je ne me suis pas posé de questions, en passant rapidement à autre chose. C’est très prenant, ça demande du temps, avec des amplitudes horaires importantes. J’ai de la chance, ça reste un boulot saisonnier, avec un hiver chargé et du temps le reste de l’année. »
« Si je regarde les courses à la télé, ça ne me manque pas. Je m’éclate dans ce que je fais. Je suis dans la continuité de ce que mon père avait fait, avec mon associé qui est un ami d’enfance et mon beau-frère, c’est important pour moi. Je me sens bien là-dedans. Je suis aussi heureux d’enfiler mon jean et mes chaussures le matin pour aller au travail. »
Le ski ? « Deux heures l’hiver dernier pour moi. Après quelques journées “clients-sponsors” mais pas trop d’opportunités. »
« En 1990, j’étais un peu petit pour avoir des souvenirs (victoire de Franck Piccard en Super G devant le Suisse Franz Heinzer et le jeune Autrichien Stephan Eberharter, Jean-Luc Crétier bouclant le Top 5). 1996, je m’en souviens. Une Coupe du monde en Maurienne, c’est journée nationale (pas d’école “classique” ce jour-là, pour assister à la course) ! C’était un bon moment de camaraderie. J’avais 11-12 ans, je me rappelle du monde, impressionnant ! Des athlètes aussi, que tu ne voyais qu’à la télévision. Et mon parrain, Jacques Martin, entraînait Luc Alphand. On avait pu passer à leur hôtel pour voir les Français. Je me rappelle également être monté au sommet de la piste en télécabine pour ensuite voir le super G (hommes). Et il y avait un Autrichien* avec des plaques hyper épaisses entre les skis et les fixations. Ça m’avait marqué. »
*Peut-être le vainqueur Hans Knauss, qui avait devancé le Norvégien Atle Skaardal, futur patron du circuit féminin, et le Suédois Fredrik Nyberg, Luc Alphand avait pris la sixième position.