Ski et faible emprunte carbone ? C’est possible explique Tim Hoepfner

. Le jeune Strasbourgeois Tim Hoepfner a relevé le défi de slalomer pendant une semaine au travers de la Tarentaise sans s’aider d’une voiture individuelle, comme le font 90 % des touristes. « En rendant juste mon mémoire, j’avais un sentiment d’inachevé et je voulais constater de mes propres yeux la faisabilité de se déplacer avec une empreinte carbone limitée », confie celui qui a chaussé ses premiers patins à l’âge de 3 ans à La Plagne.

Depuis Strasbourg, il est monté dans le train avec une housse à skis à roulette et une valise pour rejoindre Aime-la-Plagne en sept heures pour seulement 60 euros. « En six heures minimum, avec les péages, l’essence, la vignette en Suisse et l’usure de la voiture, une personne aurait dû payer au minimum 100 euros. Sans compter le désagrément des bouchons », argumente le jeune homme. Au détour de son marathon avec les médias mardi 26 décembre à La Plagne, le challenger est alpagué par ses camarades de télécabines en montant à la roche de Mio. « C’est très louable, mais l’année dernière, notre train depuis la Bretagne a été annulé au dernier moment, nous contraignant de prendre la voiture », témoigne une mère de famille. Selon l’association nationale des maires des stations de montagne, 60 % de l’empreinte carbone d’un séjour en station provient du transport des vacanciers.

Souligner les solutions sans moraliser

À travers son initiative personnelle, Tim souhaite mettre en valeur les infrastructures et les services mis en place, même si en effet, des efforts restent à accomplir. « Dans l’idéal, il faudrait plus de navettes et qu’elles circulent en continu. Dimanche à Sainte-Foy, la seule qui montait en station était à 16 h 30… », soumet celui qui refuse d’attribuer des bons points, faute de légitimité.

L’habitué de La Plagne rejette le discours radical qui propose d’arrêter toutes les activités de loisirs au nom de la préservation de l’environnement. « L’objectif n’est pas de venir en moralisateur, mais de porter à la connaissance des skieurs les solutions qui existent pour réduire leur émission de gaz à effet de serre », affirme Tim Hoepfner. Il préfère s’attarder sur les initiatives positives entreprises par les stations, qui n’usent pas de greenwashing selon lui. La fabrication de skis en bois qu’il porte ce jour-là dans la station au bonnet rouge, Avoriaz, qui est devenue piétonne au rythme du folklore des calèches, l’installation de panneaux photovoltaïques sur les remontées mécaniques, ou encore les voitures électriques à disposition des employés de l’or blanc.

Une volonté qui doit se frotter aux réalités économiques locales

Il admet sans sourciller qu’il est loin d’être un modèle. Par exemple quand il s’entraîne pour le diplôme d’État de moniteur en octobre sur des pistes en dôme à l’étranger. D’autant plus que par essence, le ski pollue, rien qu’en empruntant les remontées mécaniques et les pistes entretenues par des dameuses. La mission consiste à limiter en collectivité l’impact environnemental. Un défi d’équilibriste lorsque les enjeux des acteurs locaux rentrent en considération.

« Les premiers impactés par le dérèglement climatique ne sont pas les touristes qui viennent une fois par an, mais bien les saisonniers qui vivent de cette activité », rappelle avec clairvoyance Tim Hoepfner. Parmi ses missions quotidiennes sur piste, il a rencontré les dameurs de La Plagne, qui utilisent de l’huile végétale recyclée (HVO ) comme carburant pour leurs outils de travail. « Les dameuses représentent près de 2 % du bilan carbone de la station, mais il n’existe pas de petites économies », souligne le Strasbourgeois. Quand la possibilité de l’électrique a été mise sur la table, la question de l’autonomie se pose pour des machines qui tournent de 17 heures à 1 heure du matin. « Derrière une solution se cache souvent une limite. L’arrivée des milliardaires en jet à l’héliport de Courchevel explose le bilan carbone, mais sans eux est-ce que les emplois dans la station seraient préservés ? », raisonne le jeune citoyen avant tout pragmatique.

À l’issue de cette expérience riche en émotions, vendredi 29 décembre aux Menuires, il rassemblera tous ses souvenirs capturés grâce à son téléphone dans une mini-série. L’idée d’un épisode 2 émerge déjà dans son esprit.

Mieux impliquer le sport professionel

En dehors du va-et-vient des touristes dans les stations de ski, l’émission des gaz à effet de serre des compétitions outdoors pose également question. « En tant que société, donnerons-nous la possibilité et l’autorisation à des personnes de repousser toujours plus loin la limite du corps humain, et d’avoir une empreinte carbone plus grande que les autres citoyens ? », s’interroge le directeur de Protect Our Winter (POW), Antoine Pin. L’amateur de parapente souhaite inclure les sportifs dans le combat pour la défense de l’environnement en montagne. « Une des solutions pour réduire radicalement son empreinte carbone, serait de renoncer à sa carrière », affirme Antoine Pin. Stan Thuret, en voile, a franchi le pas, et dans le milieu du ski alpin, des remous commencent à se faire sentir avec le récent boycott d’Alexis Pinturault à la descente de Zermatt-Cervinia. Conscient de leur dépendance et de leur tiraillement, le natif de la campagne lyonnaise ne blâme en aucun cas ces femmes et ces hommes qui gagnent leur pain grâce au sport. « Encore faut-il avoir l’appui du grand public et une force de caractère. Pas sûr qu’un skieur à la 100e  place mondiale puisse se permettre cela », nuance l’ex-biologiste de formation.

Le train, une alternative qui a déjà porté ses fruits

La problématique du transport des athlètes s’avère prioritaire. « J’ai fait de l’éducation à l’environnement à des jeunes, mais je voulais avoir un impact avec POW pour tenter d’influer les décisions des puissants », se justifie le militant associatif. Auprès de la Fédération internationale de ski, il a proposé que les compétitions de ski puissent s’enchaîner les unes après les autres au même endroit plutôt que de faire des allers-retours en avion d’une partie du globe à l’autre. Pour les JO 2030 dans les Alpes françaises, il soumet l’idée d’imposer aux équipes européennes de venir en train, avec comme gage de réussite, le déplacement des joueurs de rugby néo-zélandais à la dernière Coupe du monde. Outre le cas particulier des sportifs, Antoine Pin lance un appel à la mobilisation des citoyens : « On encourage certes les actions individuelles, mais qui se mettent au service du collectif en usant de leur droit de vote », insiste Antoine Pin, qui a en ligne de mire les élections européennes.

Article issu du Dauphiné Libéré

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