Chaque année se sont 500 000 skis qui partent à la poubelle en France. « La durée moyenne d’utilisation d’une paire n’est que de trois ans » nous explique Jonathan Randon concepteur et artisan à Skitec. Il va les chercher dans les stations, en magasin, mais surtout dans les bennes à ordure des déchetteries de Savoie et Haute-Savoie. Car malheureusement, comme « on ne sait pas toujours de quoi s’est fait » nous dit-il, le ski est un objet difficile à recycler. La solution qu’ils mettent donc en place passe par l’upcycling, ou, en bon français, la revalorisation des skis. Ils deviendront donc des meubles ou du mobilier urbain et ainsi démarreront une seconde vie.
20 000 skis, des années 1920 à aujourd’hui
Le stock de Jonathan s’élève à 20 000 skis, de toutes les marques, couleurs et époques possibles, des années 1920 à aujourd’hui. Ils attendent bien sagement leurs semblables pour former un ensemble utilisable dans la fabrication d’un fauteuil ou d’un abris bus. Ces derniers sont triés en fonction de nombreux critères que sont la marque, la forme, la couleur ou l’année de production. De cette multitude de possibilité qui s’offre à lui, Jonathan conçoit et propose un design au client avant de faire un devis et de se lancer dans la production de la ou des pièces à fabriquer en fonction du budget. En effet, tous les skis ne se valent pas. Entre la marque, le modèle ou leur rareté, les prix fluctuent. Mais tout ça n’est pas un souci pour leur clientèle, comme l’explique Jonathan : « on vise surtout des restaurants haut-de-gamme, notre production à un prix car on est 100% français, et en Savoie… », Xavier Janet, son collaborateur, abonde « on doit payer des salaires français ! », et corrects.
« Rien n’est droit sur un ski »
La transformation du ski peut s’avérer un tantinet complexe parfois. Ils sont faits de multiples couches et matériaux différents et, par-dessus le marché « rien n’est droit sur un ski » ajoute l’artisan. Pour pouvoir en faire un objet exploitable et esthétique de nombreuses étapes sont nécessaires : nettoyage, découpage, emoussage, traitement, ponçage, satinage, polissage… Une fois cette litanie passée, quand tous les skis sont prêts, il faut une journée à Jonathan pour fabriquer la structure en bois (local évidemment) et assembler le tout. Un travail aux multiples vertus, écoresponsable, local, artisanal et artistique !
