Stéphane Krause : que fait un nageur de l’extrême en vacances à Val d’Isère

Doudoune de ski, jogging, cheveux poivre et sel, regard bleu-vert au-dessus d’une barbe naissante. En buvant son café ce jeudi 4 janvier, dans une boulangerie en plein centre de Val d’Isère, Stéphane Krause ressemble à un touriste comme les autres. Mais dans son credo, la nage extrême, « il y a peu d’équivalents dans le monde », admet-il gêné sur les bords par l’humilité.

En « vacances actives » à Val d’Isère

En « vacances actives » dans la station, ce sportif a relevé une quarantaine de défis « d’exception » depuis 2019. Un des derniers (et plus durs) en date, l’a amené au large d’une presqu’île bretonne, en pleine tempête : « Parmi les plus fortes dans la région depuis dix ans. » Pendant Ciaran, en novembre, alors qu’un arrêté préfectoral interdit la baignade à Quiberon (Morbihan), le quinquagénaire va nager en pleine mer par 60 nœuds de vent et jusqu’à 6 m de houle.

Là, au milieu des conditions déchaînées, il trouve ce « bien-être » mêlant « adrénaline » et « contrôle de la peur ». « Beaucoup considèrent que c’est de la folie, moi j’estime savoir ce que je fais », lâche le marin.

« Se retrouver seul dans des grands espaces, face à un sommet comme dans l’eau, c’est jouissif »

Habitué de Val d’Isère où il vient chaque hiver, l’entraîneur de l’équipe de France de windsurf « adore la montagne comme la mer ». « J’y vis un peu la même chose : les risques liés aux éléments, la météo à étudier avant chaque sortie et l’analyse de l’environnement en direct pour faire demi-tour quand les conditions deviennent trop extrêmes ». L’aventurier recherche ce « rapport à la nature » : « Se retrouver seul dans des grands espaces, face à un sommet comme dans l’eau, c’est jouissif », confie celui qui préfère le ski de rando aux réveillons en famille. « Ici, je fais beaucoup de cardio, le plein de globules rouges, je retrouve des jambes. »

Photo Le DL/Emeline Devauchelle
Photo Le DL/Emeline Devauchelle

C’est un problème articulaire aux genoux qui a poussé l’entraîneur de l’équipe de France de windsurf à délaisser le jogging quotidien pour la “baignade”. « J’ai recommencé à nager sérieusement en 2016 mais j’avais été acculturé en quelques sortes aux situations tempétueuses », témoigne-t-il.

Dans le Var, où il a grandi, le petit garçon commence la planche à voile avant d’apprendre à lire. « Je me suis très rapidement mis à la funboard, une planche de vagues, puis au surf. » Nommé à La Réunion, le jeune professeur des écoles y jouera avec l’écume pendant six ans pour revenir en Bretagne et enseigner la voile. « Ma vie, c’est le sport. » En 2019, il se lance dans son « premier trip en solo intégral » alternant 100 km de course à pied avec 26 de natation d’île en île, en Croatie avant de s’attaquer à des « conditions de plus en plus fortes. »

« Le dépassement de soi » pour « mériter un endroit fantastique »

Depuis mi-décembre en Tarentaise, Stéphane Krause est reparti le 20 janvier « au top » de sa forme pour une nouvelle saison. Sur sa “to do list”, ses projets 2024 doivent rester (comme lui), discrets. À la manière des alpinistes qui ouvrent une voie, « j’aime être le premier ». Comme pour le tour de la presqu’île de Quiberon (25 km en longeant une côte sauvage où la baignade est interdite à cause des courants) en 2020, le passage du raz de Sein sans assistance en 2022 ou le tour du Mont-Saint-Michel en 2023…

Son cap ? « Mettre du peu ordinaire dans le quotidien ordinaire », résume le quinquagénaire pour qui « l’effort physique créé un lien fort avec la nature. » Comme si « le dépassement de soi » lui permettait de mieux « mériter un endroit fantastique ».

Pour gérer les risques (se faire emporter par une déferlante, projeter sur les rochers, ou manquer d’air après plusieurs apnées successives), il compte trois niveaux de sécurité : « Le repérage des lieux avant le défi, l’analyse de tout ce qui peut arriver pendant » et le mental. « La panique provoque la noyade. »

Pour son sang-froid, « toutes les pensées commençant à faire psychoter doivent être évacuées. » Ce qui se trouve dans les profondeurs de la mer, l’éventuelle présence de méduses ou les messages reçus lui recommandant de renoncer… Exit. Le nageur préfère se concentrer sur « son environnement et sa technique. »

« Nous ne pouvons pas tricher face aux éléments, lorsque l’on est au bout de soi. Cela donne un autre regard sur le monde », assure celui qui a trouvé sa façon « d’optimiser le présent. »

Article issu du Dauphiné Libéré

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