« J’ai une responsabilité, vis-à-vis du bon fonctionnement de la station. » Tommy Jung, responsable neige de la station des Orres , insiste sur les enjeux de son métier. Une pression quotidienne, puisque les emplois créés grâce au tourisme ne verront pas le jour si l’enneigement n’est pas suffisant. « On vend un produit, il y a un contrat de confiance avec les touristes, continue Tommy Jung. On doit proposer des pistes de qualité, et aujourd’hui ce n’est plus possible sans snowmakers ». Ces nivoculteurs, sont responsables de la production de neige de culture. Ils permettent aux stations de retrouver leurs manteaux blancs. Si la neige naturelle manque, « ce n’est pas juste une question d’écologie, il y a beaucoup plus de fréquentation qu’avant. » Pour ce gars du coin, la montagne a toujours fait partie du paysage. Mais pas toujours du plan de carrière.
Mécanique et sculpture en acier
Né à Gap, Tommy grandit à Embrun. « Depuis tout petit, j’aime dessiner, sculpter, bricoler. J’adore faire du dépannage. » Son père lui a appris les rudiments, mais il s’est beaucoup entraîné en solo. « Je suis comme tout le monde, quand le scooter était en panne, on se débrouillait pour qu’il reparte. À moins d’avoir des parents qui te paient le garage » s’amuse-t-il. En parallèle, il se lance dans la sculpture sur bois et acier, passion qui l’occupe encore aujourd’hui. Quand il a le temps. Sur la porte de son local trône un flocon de neige ciselé en acier. « J’ai fait celui-là quand j’avais deux minutes. C’est pas le plus compliqué », admet humblement cet artisan de la neige « Par contre à l’entrée du village, j’ai fait un logo de la station en aluminium » déclare-t-il un peu plus fièrement. « Je suis très manuel. » C’est via cette porte qu’il est entré dans la mécanique aujourd’hui bien huilée des Orres.
« Notre quotidien c’est l’imprévu »
Un pied dans une salle de contrôle pleine d’écrans, l’autre sur le terrain, à flanc de montagne. « Le fait de superviser me passionne, je suis maître des efforts qu’on déploie à tous les niveaux. Ce que j’aime dehors, c’est qu’on voit le résultat de ces efforts, c’est très concret. » Mais toute la préparation du monde ne suffit pas. « Notre quotidien c’est l’imprévu. Quand une crasse nous tombe dessus on doit savoir s’adapter. » Des fois les problèmes surviennent en pleine nuit. Difficile à concilier avec une vie de famille ? « Un peu, mais Madame le savait quand elle a signé » plaisante-t-il. Désormais père de deux filles, de 8 et 4 ans, il a du mal à laisser le boulot complètement de côté.
Une gestion méticuleuse des ressources
« J’ai un côté perfectionniste. Le matin, j’ai souvent une main sur le biberon et l’autre sur le clavier », sourit Tommy. Le responsable neige a d’ailleurs rendu un rapport établi sur six ans, pour détailler les dépenses en eau et en énergie de son service. « Je peux fixer des objectifs précis à mes gars. » Il arrive ainsi à ne pas dépenser plus de ressources que nécessaire dans la fabrication de la neige. « Un avantage économique pour la station, et un pas dans la bonne direction pour l’écologie. » Ce mordu de travail, qui voit des écrans de contrôle dans ses rêves, n’imagine pas sa vie autrement. « Je fais partie des vieux de la boîte, maintenant, conclut le responsable neige. Je suis arrivé il y a presque 20 ans, mais je n’ai pas vu le temps passer.
Tommy Jung est né le 6 janvier 1987 à Gap. Il grandit à Embrun, où son côté manuel et sa passion pour la mécanique s‘épanouissent. Après des études en électrotechnique, il découvre les Orres en tant que perchman remplaçant en 2005. Il revient en tant qu’électricien neige l’année suivante, avant de devenir nivoculteur en 2007. En 2013, il devient adjoint au responsable neige, avant de remplacer ce dernier en 2016. Enfin, il devient adjoint au responsable des pistes en 2023, en plus de son précédent poste.
Article issu du Dauphiné Libéré