Trois Chamoniards domptent un « Big Wall » en Patagonie

Du ski dans de la poudreuse au coucher de soleil face au Cerro Torre. Jamais ils n’avaient espéré vivre des instants de glisse aussi magiques sur des montagnes aussi belles. Après des premiers jours avec un vent fort et une météo capricieuse, les chamoniards Vivian Bruchez et Aurélien Lardy, accompagnés du flainois Jules Socié , ont vu les montagnes sous leur plus bel habit.

Des conditions rudes mais exceptionnelles

« On a pensé qu’on nous avait menti sur la rudesse des éléments en Patagonie, tant on a eu de la chance avec les conditions », s’amuse la bande qui a profité de ces montagnes du Grand Sud pour aller visiter, skis aux pieds, les couloirs granitiques cisaillant sur plus de 1 000 m de hauteur, la chaîne du Fitz Roy. D’étroits passages dont le trio avait appris l’existence par le caporal Antoine Bletton, du Groupe militaire de haute montagne.

« Au bout d’une semaine, nous avions déjà fait plus de descentes que ce qu’on espérait faire tout au long de notre mois d’expédition », assure Aurélien Lardy, encore surpris d’avoir trouvé près de 40 cm de neige fraîche dans des endroits où l’or blanc n’adhère pratiquement jamais. Après une semaine de premières et d’ouvertures, les skieurs de pente raide se ressourcent à El Chaltén avant de repartir pour le grand objectif de leur voyage : la voie Whillans-Cochrane à l’aiguille Poincenot (3 002 m).

Fin septembre, le trio a skié une descente extrême dévalée pour la première fois par Andreas Fransson il y a 11 ans. Le lendemain, le trio a ouvert une nouvelle ligne dans une rampe voisine. Photo Jules Socié
Fin septembre, le trio a skié une descente extrême dévalée pour la première fois par Andreas Fransson il y a 11 ans. Le lendemain, le trio a ouvert une nouvelle ligne dans une rampe voisine. Photo Jules Socié

« Le boss final »

Un itinéraire exigeant d’alpinisme skié pour la première fois en 2012 par Andreas Fransson. « C’est la ligne la plus raide et la plus exposée que j’ai eu la chance de skier. Je suis heureux d’en rester là et reconnaissant d’avoir trouvé quelque chose comme ça dans ma vie », avait alors dit le Suédois dont l’exploit avait hypnotisé l’ado de 15 ans qu’était Aurélien. « Depuis, cette descente a toujours représenté pour moi le “boss final” injouable et imbattable d’un jeu vidéo ».

Le Grand Plongeon

Ils remontent l’itinéraire sans trop de difficulté malgré quelques passages techniques et un vide abyssal omniprésent. En haut, les trois amis chaussent les skis et désignent à coup de Pierre-papier-ciseaux le premier à s’élancer. Le hasard choisit Aurélien. « C’est la première fois de ma vie que j’ai fermé les yeux lorsqu’un de mes compagnons d’aventure s’est élancé avant moi », avoue après coup le guide de haute montagne, Vivian Bruchez.

Une histoire de partage et de vision

Lorsqu’il coachait Aurélien au club de ski dans ses jeunes années, Vivian Bruchez ne pensait pas qu’il partagerait avec lui une des descentes qui l’a le plus marqué à l’autre bout de la planète.

Le jeune Chamoniard n’imaginait pas non plus qu’il répéterait pour la première fois, 11 ans après son ouverture, cette descente mythique en compagnie de son mentor et d’un de ses potes rencontrés, déjà sur des skis, lorsqu’ils préféraient le géant au ski de pente raide.

« Jouer avec le terrain en imaginant et en visualisant des itinéraires techniques et esthétiques »

Pourtant, des années après, l’union de ces trois virtuoses des carres prend tout son sens. Le trio partage une certaine vision de leur discipline.

« Aujourd’hui, ce qui nous plaît le plus dans le ski, ce n’est pas forcément la vitesse ou les virages dans la poudreuse, mais c’est de jouer avec le terrain en imaginant et en visualisant des itinéraires techniques et esthétiques, que seuls la curiosité, l’effort et l’audace nous permettent de dévaler », estime Aurélien Lardy.

« La Whillans-Cochrane, ce n’est pas du grand ski. On a dû faire 40 virages au maximum. Mais le plaisir est pour nous ailleurs », ajoutent ceux qui aiment se voir comme de simples protagonistes d’un tableau de montagne.

Armés de leurs spatules, ils exécutent le dernier coup de pinceau. Celui qui vient sublimer une toile de maître.

Article issu du Dauphiné Libéré

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