Pouvez-vous nous expliquer, météorologiquement parlant, en quoi consiste le phénomène du retour d’est ?
« Alors, le retour d’est alpin – parce qu’il y en a d’autres –, c’est le résultat d’une invasion d’air froid venant de l’Atlantique Nord, voire du Pôle, qui engendre une perturbation en descendant vers la Méditerranée puis en remontant lorsque les flux sont orientés sud, sud-est. D’où son nom. Concrètement, c’est l’isolement de ce que l’on appelle une “goutte froide”, généralement en provenance de l’Italie. »
Comment se traduit-il ?
« Principalement par des quantités de précipitations phénoménales. En automne ou au printemps, ce sont des averses ; en hiver, ce sont des chutes de neige abondantes. »
Quelles sont ses autres caractéristiques ?
« Ce qui est notable avec le retour d’est, c’est qu’il représente un véritable contraste entre les Alpes du Nord, françaises, et les Alpes du Sud, italiennes. Tout le monde aura remarqué qu’il touche, chez nous, davantage les territoires limitrophes que le sillon alpin qui s’étend de Genève à Grenoble. Le retour d’est, on le voit aux abords du Mercantour, dans le Queyras, en Haute-Maurienne, en Haute-Tarentaise, dans l’est de la Vanoise etc. Sur le terrain, cela veut dire qu’on peut avoir deux mètres de neige en deux jours à Tignes, Val d’Isère ou Bessans et rien du tout à Chamonix. Voire du beau temps ! »
Est-ce que c’est un phénomène rare ou courant ?
« Je dirais que c’est un phénomène traditionnel sur toutes les Alpes. Il peut se produire trois ou quatre fois par an dans les secteurs géographiques que je viens de citer. »
Est-ce que le retour d’est est quelque chose de prévisible ?
« Comme c’est un phénomène lié aux vents, oui, c’est quelque chose d’assez prévisible. D’ailleurs, les prévisionnistes ne se trompent pas souvent à son sujet, d’autant que les modélisations que nous avons à l’heure actuelle sont plutôt fidèles. »
Est-ce que le dérèglement climatique a un effet sur le retour d’est ?
« C’est difficile à dire. Cela étant, on constate quand même un déficit de plus en plus régulier des situations dites classiques d’enneigement, et une augmentation des phénomènes paroxysmiques (en termes de quantité). »
Article issu du Dauphiné Libéré