Belledonne, la perle cachée des marcheurs expérimentés

Belledonne n’a pas la réputation des massifs de Chartreuse, du Vercors ou encore de l’Oisans. Et ce n’est pas faute de caractère. Ce territoire n’en manque pas. Il a la rudesse et l’authenticité des femmes et hommes qui y vivent et le côtoient. En ce haut lieu des maquisards, la mémoire de la Résistance est vivace. C’est sa force. Belledonne, avec ses versants sauvages, reste une montagne infranchissable. Aucune route ne traverse ce massif tout en longueur où les sommets ont cessé de grandir à 3 000 m d’altitude. Seul un sentier façonné par les pas des bergers et les sabots de leurs troupeaux permet d’en voir le bout. De Vizille en Isère à Aiguebelle en Savoie, cet itinéraire de grande randonnée rebaptisé GR738, en référence aux deux départements, serpente sur près de 130 km à travers cette chaîne cristalline taillée à l’opinel.

En son cœur, combes verdoyantes, alpages à l’herbe grasse et abondante, lacs turquoise par centaine, pierriers, sommets et pics acérés se dévoilent à condition de franchir ses premiers remparts forestiers. Feuillus combattants et futaies résineuses l’encerclent de toute part. Passé ce premier obstacle de fraîcheur bienvenue, le randonneur entre alors dans un univers minéral peuplé de chamois, bouquetins et rapaces. Attention, une condition s’impose : entrer sur la pointe des pieds sans quoi seules les marmottes siffleuses en pagaille rappelleront au pèlerin bruyant qu’il n’est pas tout seul en cette belle nature.

Le départ de la boucle se fait depuis le parking de La Pliou, communément appelé Pré Raymond (à 1 370 m) sur les hauteurs de Freydières, dernier hameau habité de Revel (Isère). De là il suffit de suivre le chemin forestier très marqué, direction le lac du Crozet. Photo Le DL/E.D.
Le départ de la boucle se fait depuis le parking de La Pliou, communément appelé Pré Raymond (à 1 370 m) sur les hauteurs de Freydières, dernier hameau habité de Revel (Isère). De là il suffit de suivre le chemin forestier très marqué, direction le lac du Crozet. Photo Le DL/E.D.

Les lacs du Crozet, du Loup et de la Sitre pour les bons marcheurs

Il est une boucle par les trois lacs du Crozet, du Loup et de la Sitre, accessible aux marcheurs aguerris à l’effort, au départ de Freydières. Ce dernier hameau habité des balcons de Belledonne sur les hauteurs de Revel est sans doute l’une des plus belles portes d’entrée iséroises du massif. Là, une halte gourmande, La Gelinotte, pousse le randonneur à goûter l’expérience de cette montagne à l’état pur. L’hôte des lieux, connu pour avoir le pied montagnard (il a gardé durant 10 ans l’un des plus hauts lieux perchés des Écrins, le Promontoire, NDLR) et pour défendre avec force les intérêts de la montagne, nous ouvre son carnet de courses. Frédi Meignan, le vice-président de Moutain Wilderness nous embarque donc sur cette boucle qui s’apparente à son petit chemin de Croix. Nichée dans le flanc ouest, elle s’emprunte en toute saison. Elle reflète à merveille l’âme de Belledonne et permet de repenser le monde d’en bas en six heures ou plus si affinité.

Une fois sortie de la forêt, la montée vers le lac passe au pied du couloir nord du Grand Colon (2 394 m). Ses pentes raides sont prisés des randonneurs à ski l’hiver. On découvre alors un univers plus rocailleux et minéral. Photo Le DL/E.D.
Une fois sortie de la forêt, la montée vers le lac passe au pied du couloir nord du Grand Colon (2 394 m). Ses pentes raides sont prisés des randonneurs à ski l’hiver. On découvre alors un univers plus rocailleux et minéral. Photo Le DL/E.D.

L’expérience de l’authenticité

Alors que la Chartreuse, en face, se réchauffe des premiers rayons du soleil, Belledonne préfère parfois garder un peu de son mystère. Les derniers nuages s’accrochent à sa Belle Étoile. Le vent finira par les chasser, une fois le col du Loup atteint. En attendant Dalva et Kukka, deux chiens de berger collés aux basques de leur patron, ouvrent la voie. Direction le parking de La Pliou à 1 372 mètres (le mal nommé Pré Raymond au grand dam des locaux). Le point de départ et d’arrivée de cette balade. D’ici, il suffit de suivre le chemin forestier, première mise en jambes de 600 m de dénivelé ombragés. La piste conduit au célèbre lac du Crozet retenu par le petit barrage construit par un pionnier de la houille blanche, Aristide Bergès, en 1892. Longtemps on l’a comparé à une piscine à débordement. Plus maintenant, le dérèglement climatique a écorné la belle carte postale. Ce lac reste cependant un premier belvédère (1 974 m) couru depuis la vallée du Grésivaudan. La vue imprenable sur tout le massif de la Chartreuse en a fait un lieu prisé pour rêver sous les étoiles.

Pré Mollard, dernière halte

On pourrait s’arrêter déjà là mais ce serait se priver d’un horizon plus grand qui s’ouvre au-delà col du Loup (2 399 m). Encore faut-il cheminer dans un vallon sauvage et rocailleux lové au pied des Dents du Loup et de son lac. La pente se fait raide mais mérite d’être gravie. Au sommet, un détour par la petite arête s’impose. Ce pas dans le vide naturel offre une vue aérienne sur le Grand Colon qui aura dominé toute cette ascension. Il marque aussi un point de bascule vertigineux entre deux mondes. D’un côté le versant sauvage et minéral de la haute montagne et de l’autre une plongée singulière sur cette vallée urbanisée et industrielle. Le contraste est saisissant. La suite tout autant. On prend alors le sentier en balcon qui file dans les éboulis du cirque de la Sitre, reconnaissable à son lac en forme de croissant.

Le lac du Crozet est l’un des plus beaux de Belledonne. Telle une piscine à débordement, le bleu de ses eaux turquoise surplombe directement la vallée du Grésivauda. Photo Le DL/E.D.
Le lac du Crozet est l’un des plus beaux de Belledonne. Telle une piscine à débordement, le bleu de ses eaux turquoise surplombe directement la vallée du Grésivauda. Photo Le DL/E.D.

Puis on bascule vers les tendres pâturages du refuge du Pré Mollard, dernière halte avant un retour à la civilisation par le sentier des Trois ruisseaux, au débouché du chemin on profite du point de vue sur les sommets alentour. Il y est exceptionnel. À l’horizon se dégage le Grand Pic avec le dernier glacier de Belledonne en voie de disparition : Freydane. Plus loin encore se détache de la montagne le refuge Jean Collet. Il est temps de mettre le cap vers la plaine que l’on devine au loin par-delà les clochers des villages de Saint-Mury, Laval et Theys. Et c’est sur la pointe des pieds que l’on quitte ces Belles qui se donnent seulement à celles et ceux qui prennent le temps de s’y perdre et s’y retrouver.

Article issu du Dauphiné Libéré

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