Mérite-t-elle encore qu’on en fasse la promotion ? Les grappes de randonneurs qui l’arpentent dans les deux sens semblent répondre à cette question. Le soleil n’a pas encore atteint son zénith, mais ils sont déjà nombreux, ce samedi 23 juillet, à emprunter le large sentier qui mène au vallon du Prariond.
Plus tôt dans la matinée, l’affluence sur le parking du pont Saint-Charles, point de départ de la rando situé à mi-chemin entre Val d’Isère et les derniers lacets du col de l’Iseran, annonçait clairement la couleur. Aujourd’hui encore, il y aura du monde sur cet itinéraire, qui mène au célébrissime refuge de Prariond, niché à 2321m d’altitude, au cœur du Parc national de la Vanoise.
Et soudain, un bouquetin
Si sa réputation n’est plus à faire, c’est d’abord parce qu’elle s’adresse à toutes les pratiques de la montagne. « Il n’est pas rare d’accueillir trois générations de randonneurs au sein d’une même famille » confie Meije Tournier, la gardienne du refuge. Constat vérifié dès les premiers mètres, lorsque deux frères d’une trentaine d’années croiseront, quelques mètres en contrebas, un couple de septuagénaires bordelais, bâtons de marche fermement empoignés.
Certes, la première partie du parcours offre des pourcentages respectables, dans un sentier empierré très bien entretenu, longeant la rive droite d’une rivière emblématique des Alpes (l’Isère) qui prend sa source à quelques kilomètres de là. Tout autour de soi, un décor grandiose, verdoyant et minéral, atténue la difficulté. Avec, en guise de toile de fond, les derniers névés d’un glacier de la Grande Motte (3650m) agonisant en cet été bien trop chaud.
Un début exigeant qui ne présage en rien de ce qui va suivre, l’essentiel du dénivelé positif (268m) étant concentré dans cette première partie de randonnée. Après un bon quart d’heure de marche, changement de décor. La pente se fait plus douce, mais l’horizon se rétrécit. Bienvenue dans les gorges de Malpasset. Royaume du ski hors piste pour les plus aguerris, cet impressionnant canyon fait le lien avec le vallon du Prariond, deux kilomètres plus à l’est. Vous évoluerez sur un large sentier, sans difficultés particulières, si ce n’est la pente, abrupte, sur votre droite. Vigilance de rigueur, notamment pour les familles avec enfants, dans un secteur où la moindre inattention pourrait s’avérer fatale. Des mains courantes ont d’ailleurs été installées, par endroits.
Quelques franchissements de petits torrents dévalant à flanc de montagne précèdent la dernière partie de l’itinéraire. Ce samedi, à la sortie des gorges, un groupe de vacanciers s’arrête, scrutant le flanc opposé de la montagne. À 50m à vol d’oiseau, une jeune femelle bouquetin déambule paisiblement entre rochers et touffes d’herbes.
Au paradis des marmottes
Une fois sorti des gorges, l’Isère se sépare en deux ruisseaux et vous pénétrez sur un plateau, entouré de hauts sommets, le vallon du Prariond. De là vous pourrez déjà apercevoir le refuge éponyme, 500m plus loin. Auparavant, le randonneur serpente dans un cirque aux mille couleurs, où prairies verdoyantes et champs d’épilobes se confondent avec le bleu du ciel. Sur le sentier, la présence d’une stèle rappelle la mort tragique, en novembre 1944, de 36 soldats anglais et italiens durant la Seconde Guerre mondiale, emportés par une avalanche.
Paradis floral, le vallon du Prariond est également celui des marmottes, actives dès le mois de juin. Nombreuses et peu farouches, elles font le bonheur des familles et des enfants qui peuvent parfois les approcher à moins d’un mètre. Nul besoin de jumelles !
Destination pour les uns, hors d’œuvre pour les autres
Après un peu plus d’une heure de marche, vous accédez au fameux refuge, entièrement rénové entre 2018 et 2020. Une destination pour les uns, venus chercher la récompense d’une belle balade autour d’une bonne bière et d’un repas chaud. Comme Maryse, de retour après une première expérience il y a tout juste 40 ans. « J’étais très jeune à l’époque mais j’avais le souvenir d’un site magnifique, extraordinaire. Cette randonnée, c’était l’objectif numéro 1 de ces vacances » confie la Bretonne, venue en compagnie d’une amie d’origine australienne.
Pour d’autres, il n’est qu’un hors-d’œuvre avant un menu bien plus copieux. Depuis le refuge, de nombreux itinéraires, de difficulté variable, emmènent le randonneur en direction du Col de la Lose (2957m), du Col de la Vache (2955m) ou du Col de la Galise (2987m). Jean-Louis, venu avec son fils de 12 ans, compte quant à lui prolonger le plaisir jusqu’en direction du glacier des sources de l’Isère, le tracé le plus ardu. « C’est la troisième fois que je viens ici, le cadre est somptueux, notamment depuis la sortie des gorges. C’est un endroit magique » s’enthousiasme le trentenaire, originaire du Sud de la France.
Qu’elle soit gourmande, conviviale, familiale ou sportive, la randonnée se conjugue à toutes les pratiques, dans cet écrin de montagne au cœur de la Vanoise.
➤ Laissez votre voiture au parking du Pont Saint-Charles (2056 m d’altitude), situé cinq kilomètres après Val d’Isère, en direction du Col de l’Iseran.
➤ La randonnée démarre sur un sentier au bout du parking, longeant la rive droite de l’Isère. Jusqu’au refuge du Prariond, comptez entre 1 h 45 et 2 h 30 de marche (en fonction de votre allure de marche), en aller-retour, pour un dénivelé positif de 268 m et une distance de 6,5 km. Possibilité de poursuivre en direction du Col de la Lose (à ne pas confondre avec le Col de la Loze…), de la Galise ou de la Vache. Durée entre 4 h et 5 h de marche en aller-retour.
➤ Niveau facile jusqu’au refuge (le passage des gorges de Malpasset, bien qu’effectué sur un sentier large et sécurisé, peut toutefois s’avérer délicat pour les personnes sujettes au vertige, compte tenu des pentes vertigineuses). L’itinéraire est bien tracé et bien balisé. Randonnée très fréquentée en période estivale
➤ Hébergement, espace restauration et point d’eau vous attendent au refuge de Prariond.
