Idée rando : le plateau d’Emparis, balcon avec vue

Mi-juillet, à la simple évocation d’un reportage sur le plateau d’Emparis, il y a eu comme un vent de panique… Que ce soit avec le parc national des Écrins ou le site Natura 2000 Plateau d’Emparis – Goléon au bout du fil. « On fait tout pour ne pas communiquer sur lui en été… », se désole-t-on. Le maire de La Grave (Hautes-Alpes), Jean-Pierre Pic, s’alarme : « On a des journées à 400 ou 500 visiteurs par jour et des nuits à 50 ou 60 tentes autour des lacs ! » Sur son site internet, l’office de tourisme de l’Oisans lance même une “Alerte visiteurs” : le plateau est bondé, allez donc randonner ailleurs !

D’ailleurs, face aux hordes de visiteurs, on en limite l’accès, notamment depuis l’Isère. À titre expérimental, la commune de Mizoën (Isère) a fermé la piste d’Emparis à la circulation du 13 juillet au 20 août. La voisine de Besse-en-Oisans ? Une barrière pour empêcher les vans de se rendre au départ de la piste d’accès du plateau et des restrictions horaires.

« Un espace assez rare pour les Alpes avec une vue grandiose »

Bon. Mais qu’est-ce qui rend le plateau d’Emparis si attractif ? Quelques négociations plus tard et voilà que Cyril Coursier, technicien du patrimoine du parc national des Écrins, met l’eau à la bouche. « Ce plateau d’altitude, perché entre 2100 et 2400 mètres d’altitude, est un espace assez rare pour les Alpes avec une vue grandiose. »

Fouler Emparis devient réalité début août. En compagnie de Marine Grosset-Janin, chargée de mission pour le site Natura 2000 coté haut-alpin. Départ 8 heures du hameau du Chazelet, au-dessus de La Grave : un joli petit 3 °C et de belles rafales de vent pour se mettre en jambes. Sans oublier les 700 mètres de dénivelé positif s’avalant dans la première partie de la rando : il faut bien y accéder à ce plateau !

Marine Grosset-Janin, chargée de mission pour le site Natura 2000. Photo Le DL/Justin Mourez
Marine Grosset-Janin, chargée de mission pour le site Natura 2000. Photo Le DL/Justin Mourez

Objectif, pour le randonneur, réaliser une boucle par les lacs Lérié et Noir, ainsi que le col du Souchet. Mission, pour la jeune femme, aller questionner les visiteurs sur leur présence ici. Et, si possible, faire un peu de sensibilisation, « cela marche mieux que les panneaux ».

Pour qui randonne un peu, l’ascension au plateau est plutôt tranquille. De longs lacets entre les remontées mécaniques effacent peu à peu Le Chazelet et dévoilent davantage encore la reine Meije. Le pic du Mas de la Grave, revêtu d’une petite couche de neige fraîche, se devine aussi. Les rifs de Caturgeas et de Galan abritent les vaches en estive. Les bipèdes sont encore rares. « Il y avait six tentes cette nuit au lac Noir », renseigne l’une d’eux. « Aujourd’hui ne sera pas le bon exemple de la surfréquentation », sourit Marine Grosset-Janin à qui il arrive régulièrement de devoir déloger les lève-tard. « L’image des villages de tentes autour des lacs, loin de celle d’un endroit calme et désert, c’est aussi ce que l’on veut montrer : pour que le plateau redevienne une carte postale. »

La Meije est omniprésente. Avec de bonnes jumelles, les visiteurs peuvent aussi suivre des alpinistes dans leur course. Photo Le DL/Justin Mourez
La Meije est omniprésente. Avec de bonnes jumelles, les visiteurs peuvent aussi suivre des alpinistes dans leur course. Photo Le DL/Justin Mourez

Dans ce décor de steppe, rien ne pousse plus haut que l’herbe, hormis les rochers

Le vent est toujours mordant en arrivant sur le plateau et le lac Lérié, lové entre ses roches. Un aigle royal traverse Emparis et file dans la vallée de la Romanche. Deux edelweiss ont échappé au piétinement des chaussures et aux bivouacs. « C’est l’un des signes les plus visibles de la fréquentation du site », constate Cyril Coursier.

Situé à plus de 2000 mètres d’altitude, le plateau d’Emparis dispose de conditions très froides et enneigées la majorité de l’année. Il n’est pas rare de trouver des edelweiss. Leur cueillette est interdite. Photo Le DL/Justin Mourez
Situé à plus de 2000 mètres d’altitude, le plateau d’Emparis dispose de conditions très froides et enneigées la majorité de l’année. Il n’est pas rare de trouver des edelweiss. Leur cueillette est interdite. Photo Le DL/Justin Mourez

Il faut grimper encore un peu pour atteindre le lac Noir. Non sans déranger quelques traquets motteux. « En été, c’est un cortège d’oiseaux prairiaux, comme l’alouette des champs ou la caille des blés », décrit le technicien des Écrins. Avec ses conditions météorologiques « quasi arctiques », froides et enneigées entre novembre et fin mai, les lièvres variables et les lagopèdes alpins s’y épanouissent. Dans ce décor de steppe, rien ne pousse plus haut que l’herbe, hormis les rochers.

Le lac Noir est le lieu de rendez-vous de tous les visiteurs du plateau. Photo Le DL/Justin Mourez
Le lac Noir est le lieu de rendez-vous de tous les visiteurs du plateau. Photo Le DL/Justin Mourez

« C’est mieux en septembre et en octobre, il n’y a personne et c’est encore plus beau »

En fin de matinée, le lac Noir est tranquille. Un couple d’Allemands et une Néerlandaise contemplent les reflets de La Meije sur sa surface. Les glaciers de la Girose et de Mantel l’accompagnent. Derrière, les Grandes Rousses se dessinent. « Ce plateau me fait un peu penser au Sahara par son silence », dit la Bretonne Agnès, venue avec Georgette et Pierre, un couple originaire de Besse.

Silence. Et quelques morceaux d’emballage plastiques et en aluminium jonchant le sol. Silence jusqu’à l’heure du pique-nique. Un troupeau de gamins débarque, conduit par un chien. Les premiers lancent des pierres dans le lac, le second plonge. Les parents hurlent. « Du fait des gens pataugeant ou se baignant, on a constaté une modification de la composition de l’eau, regrette Cyril Coursier. La crème solaire, l’urine transforment le petit écosystème du lac : on constate un verdissement avec la prolifération d’algues. » La fraîcheur du jour dissuade d’un plouf. L’interdiction de baignade prise cette année peut-être aussi. « Ça va même plus loin avec des paddles pour la photo », peste l’employé du parc. Marine Grosset-Janin se bat, elle, contre les drones – interdits.

Photo Le DL/Justin Mourez
Photo Le DL/Justin Mourez

La foule oblige à bouger. Direction le col du Souchet via, finalement, un détour par le lac Cristallin (à sec) et la combe de l’Envers, ses quelques brebis et son vol de vautours. Une quinzaine de bornes avalées et l’envie de revenir. « C’est mieux en septembre et en octobre. Il n’y a personne et c’est encore plus beau avec la lande rougeoyante et la lumière plus basse », promeut Cyril Coursier. Il se marre : « Là, ça fait de belles photos ! »

Capture d'écran google Maps
Capture d'écran google Maps
Comment y aller ?

Accès par le hameau du Chazelet, à La Grave. Suivre les panneaux “plateau d’Emparis” et se garer dans les alentours de l’aire de pique-nique.

Article issu du Dauphiné Libéré

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