Grandiose, magnifique, d’une beauté exceptionnelle… Les qualificatifs pour définir le Tour du pays des Aiguilles d’Arves ne manquent pas, tant sa beauté et son tracé enchantent ceux qui le foulent. Dessiné entre les deux départements, qui sont la Savoie et les Hautes-Alpes, cet itinéraire propose des entrées et échappatoires de part et d’autre, en fonction des communes qu’ils empruntent, et surtout offre une panoplie d’alternatives adaptées à chaque pratiquant de randonnée pédestre.
Balade familiale ou marche plus technique, pour les plus expérimentés, chacun peut trouver la formule qui lui convient, entouré du Pic de la Grave, de l’Aiguille du Goléon, des Aiguilles d’Arves et bien d’autres.
Une histoire qui a commencé en 2013
« Au départ, cette envie de créer le Tour des Aiguilles d’Arves est née d’un constat, des itinéraires d’antan avaient disparu des terrains et de la mémoire », explique Éric David, délégué du Syndicat intercommunal des vallées de l’Arvan et des Villards (SIVAV). Et pour cause, alors que les premiers alpagistes et l’histoire des contrebandiers du sel avaient créé des sentes [petits chemins de passage, NDLR] sur les crêtes transfrontalières entre les Hautes-Alpes et la Savoie, le temps et l’érosion ont eu raison de leurs désuétudes.
« Seuls des randonneurs expérimentés empruntaient ces chemins de manière officieuse, tant la technicité de terrain demandait de l’expérience. » Conscient de ce patrimoine de montagne, quelque peu oublié, Éric David a décidé avec d’autres partenaires de rouvrir ces voies et notamment celle du col de l’épaisseur (Savoie) ou du col du Martignare (Hautes-Alpes). « L’idée de base était vraiment de désenclaver les vallées et de fait les territoires, en offrant un produit phare de randonnée en montagne. »
Renforcer l’économie de la montagne
Chemin faisant, de fil en aiguille, les communes se sont mises au travail et ont commencé à réfléchir sur la faisabilité d’un tel tour qui traverse six communes, emprunte trois cols avec des variantes, et permet de s’arrêter sur sept refuges. Un audit à l’automne 2019 a d’ailleurs été lancé par trois accompagnateurs en montagne. « Se mettant à la place du client », ils ont sillonné les paysages jusqu’à trouver « les meilleurs passages qui permettaient d’imbriquer l’histoire à une activité de pleine nature, tout en mettant l’accent sur le renforcement d’une économie durable de montagne. » Après plusieurs concertations entre partenaires (élus, guides, hébergeurs), un consensus était trouvé et le travail commençait.
« Pour chaque partie du tour, chaque secteur a ses règles de balisage et a ses intervenants », annonce-t-il. Pour exemple, alors que des employés communaux et bénévoles jalonnaient le secteur de la Grave (Hautes-Alpes), la commune de Valloire faisait intervenir des agents de l’Office national des forêts (ONF), « là où sur l’Arvan et les Villards, Stéphane Vial, agriculteur, opérait aux côtés d’accompagnateurs de montagne ». Et au final avec chacun sa façon de faire, les Hautes-Alpes ont surpris, à la dernière minute…
Vers l’obtention de la dénomination de GRP
Début mai, la commune de La Grave annonce que le tour sera terminé dès l’été 2023, et 400 à 500 kilos de matériel, nécessaire au marquage, ont été héliportés et installés au mois de juillet. Pour le plus grand bonheur de tous, « le Tour est aujourd’hui praticable avec un an d’avance, même si tout n’est pas opérationnel avant deux ans ».
En été 2024, le Tour des Aiguilles d’Arves fera l’objet d’un audit avec la Fédération française de randonnée pour tenter d’obtenir la dénomination de Grande randonnée de pays (GRP), en excluant le col de l’3paisseur. Aussi, actuellement des traces GPX sont téléchargeables à la demande sur le site du tour.
Il existe quatre formules proposées pour réaliser le tour : intégrale (8 jours) et variantes plus familiales (2, 3, 4 ou 5 jours), ce qui représente entre 50 km à 98 km et entre 4 000 et 5 200 mètres de dénivelé, en fonction de la formule.
« Ce tour est vraiment réussi, et talonne des tours hautement techniques comme celui du Cervin ou de la Vanoise, mais son point fort c’est la connexion aux paysages grandioses qui dévoile chaque kilomètre et col franchi », annonce Jean-Pierre Pic, maire de la Grave. Entre vue sur les Aiguilles d’Arves, la Grave, la Meije, le Briançonnais et la Maurienne, chaque lever et coucher de soleil, invite celui qui marche à vivre au rythme de la contemplation. « Il y a une vraie beauté qui nous frappe quand on est sur ce tour, car tous les sommets symboliques sont visibles. »
Demandant parfois de la technique, ce nouvel itinéraire est aussi un moyen de se connecter. « Être en montagne et réussir à passer d’un département à l’autre sans passer par le col du Galibier, c’est exceptionnel. » Et pour cause, alors que les territoires sont coupés l’un de l’autre en hiver à cause de l’enneigement, et s’ouvrent seulement en été via ledit col. Aujourd’hui, ces voies semblent être salvatrices et « mènent au paradis ». Véritable pépite pour les Hautes-Alpes, la connexion entre les refuges des Aiguilles d’Arves (Savoie) et celui du Pic du Mas de la Grave, en passant le Goléon, « offre un GR tout en balcon ».
