Le bivouac ou l’art de camper sans dégrader la nature

Lucie Bezombes est, depuis deux ans, en charge de l’animation du site Natura 2000 “Cembraie, pelouses, lacs et tourbières de Belledonne : de Chamrousse au Grand Colon”. Sa proximité avec Grenoble la place dans le top 5 des sites les plus accessibles de l’Isère. La mission de Lucie est donc de veiller à ce que ces espaces naturels, fragiles et sensibles, restent des sites respectés et protégés. Or, depuis la sortie du Covid, elle observe que le massif de Belledonne est devenu un refuge à ciel ouvert pour une communauté grandissante de voyageurs en quête d’expériences en pleine nature. Cet afflux n’est pas sans conséquences sur les milieux naturels, désormais sous pression de la surfréquentation. Et le bivouac n’arrange rien : il a un impact réel et sérieux sur la biodiversité. Cette réalité, Lucie la vit au quotidien. « Les gens ne se rendent pas compte qu’ils n’ont pas les comportements appropriés. Ils commettent des incivilités malgré eux ». Très souvent d’ailleurs dramatiques pour la faune et la flore.

Être sur le terrain, rappeler les règles, prévenir, éduquer… Lucie n’a pas trouvé meilleures solutions pour limiter la casse et adapter sa mise en protection du site. Les panneaux d’information et d’interdiction ne suffisent pas, ou plus.

En Belledonne, le bivouac sous tente n’est pas encore interdit (sauf exception autour du lac Achard, lire par ailleurs). Mais la question fait de plus en plus débat au sein de l’Espace Belledonne, et ce n’est pas pour rien qu’il a édité un manuel pour le bivouac, gratuit et accessible en ligne.

Une démocratisation de la pratique

Animer un site Natura 2000, c’est donc gérer sa fréquentation. Et Lucie n’en manque pas. « Les gens ressentent le besoin d’être davantage dans la nature, surtout les jours de grand beau et de canicule ». Elle note aussi qu’on les a incités à venir vivre cette belle expérience de la montagne. Les sites de randonnées, même le Département, ont clairement participé à la démocratisation du bivouac. « Le fait qu’on en parle, qu’on partage sur les réseaux sociaux ses belles photos de tentes plantées au bord des lacs sous les étoiles, forcément ça donne envie », soulève l’animatrice Natura 2000.

Sans compter que le matériel est devenu lui aussi plus abordable. « Tout devient tellement plus facile. Du coup, les gens partent faire du bivouac comme s’ils allaient au camping ». Grossière erreur. « La montagne est d’abord un espace habité par la faune et la flore », plaide Lucie. Son travail aujourd’hui consiste en priorité à sensibiliser les pratiquants aux impacts du bivouac en surnombre. « Quand il y a 40 tentes autour des lacs du Domènon, ce que l’on a constaté le week-end du 14 juillet, les animaux ne peuvent plus venir s’abreuver la nuit ou venir pâturer dans les zones en herbe. Les campeurs les condamnent à se réfugier dans les éboulis », pointe Lucie, qui au fil des étés, voit les tentes occuper de plus en plus l’espace et les paysages. Or, « plus on reste, plus on dégrade ». Parce qu’autour du bivouac, il y a tous ces autres comportements qui vont nuire aux milieux naturels. Ce sont des marcheurs qui évoluent hors sentier, qui favorisent l’érosion et qui polluent pour aller faire leurs besoins ; qui se baignent dans les lacs avec de la crème solaire ; qui mettent de la musique pour ambiancer leurs feux de camp dont les foyers deviendront des poubelles… D’où l’importance d’intégrer que le bivouac, ce n’est pas du camping.

La phrase

Le bivouac est une étape pour la nuit. On installe sa tente après 19 heures et le matin, avant 9 heures, on la replie vite pour reprendre son itinérance ou rejoindre la vallée.

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Les bonnes pratiques à adopter
 

1/ On se prépare

Il est indispensable de définir son itinéraire, de bien regarder la météo sur tout le parcours, de se renseigner sur les lieux où on peut bivouaquer et les solutions de repli en cas d’imprévu (cabane, refuges…). Si certains refuges autorisent le bivouac à proximité, d’autres l’interdisent. N’hésitez pas à contacter les gardiens pour vous renseigner. On repère aussi les points d’eau sur le parcours. On prend suffisamment d’eau, justement, de nourriture et le matériel adapté.

2/ On limite son impact sur la faune et la flore

On ne s’installe pas dans des milieux sensibles : zones humides, protégées… En piétinant ces espaces, on peut détruire tout un tas d’écosystèmes. En s’installant sur les zones de bivouac dédiées, on limite son impact sur la faune et la flore. En dehors de ces espaces, on s’éloigne le plus possible des animaux et des lacs et rivières (au moins 70 mètres) où la faune vient boire. On s’installe sur des emplacements déjà utilisés pour ne pas piétiner de nouveaux endroits. On ne s’installe pas non plus sur une prairie non fauchée, ni près d’un troupeau. Par ailleurs, on ne fait pas de feu, on privilégie le réchaud. On fait en sorte de ne pas étaler son camp et de ne pas faire trop de bruit. Enfin, on veille à ne pas contaminer les points d’eau (on n’y déverse rien et on s’en éloigne pour faire ses besoins).

3/ On se met en sécurité

On installe son bivouac loin des falaises et des zones d’éboulis. On évite aussi les cuvettes et abords de rivières (risque d’être dans l’eau en cas de grosse pluie). Attention au vent : sur les cols et les crêtes, il est plus fort. On pense aussi à orienter sa tente pour que les ouvertures soient à l’opposé du vent. En forêt, attention aux orages et au vent (risque de chutes de branches).

4/ On repart avec ses déchets

On pense à emporter un sac-poubelle pour ramener l’intégralité de ses déchets, dont le papier toilette.

Les bonnes pratiques à adopter
 

1/ On se prépare

Il est indispensable de définir son itinéraire, de bien regarder la météo sur tout le parcours, de se renseigner sur les lieux où on peut bivouaquer et les solutions de repli en cas d’imprévu (cabane, refuges…). Si certains refuges autorisent le bivouac à proximité, d’autres l’interdisent. N’hésitez pas à contacter les gardiens pour vous renseigner. On repère aussi les points d’eau sur le parcours. On prend suffisamment d’eau, justement, de nourriture et le matériel adapté.

2/ On limite son impact sur la faune et la flore

On ne s’installe pas dans des milieux sensibles : zones humides, protégées… En piétinant ces espaces, on peut détruire tout un tas d’écosystèmes. En s’installant sur les zones de bivouac dédiées, on limite son impact sur la faune et la flore. En dehors de ces espaces, on s’éloigne le plus possible des animaux et des lacs et rivières (au moins 70 mètres) où la faune vient boire. On s’installe sur des emplacements déjà utilisés pour ne pas piétiner de nouveaux endroits. On ne s’installe pas non plus sur une prairie non fauchée, ni près d’un troupeau. Par ailleurs, on ne fait pas de feu, on privilégie le réchaud. On fait en sorte de ne pas étaler son camp et de ne pas faire trop de bruit. Enfin, on veille à ne pas contaminer les points d’eau (on n’y déverse rien et on s’en éloigne pour faire ses besoins).

3/ On se met en sécurité

On installe son bivouac loin des falaises et des zones d’éboulis. On évite aussi les cuvettes et abords de rivières (risque d’être dans l’eau en cas de grosse pluie). Attention au vent : sur les cols et les crêtes, il est plus fort. On pense aussi à orienter sa tente pour que les ouvertures soient à l’opposé du vent. En forêt, attention aux orages et au vent (risque de chutes de branches).

4/ On repart avec ses déchets

On pense à emporter un sac-poubelle pour ramener l’intégralité de ses déchets, dont le papier toilette.

Repères : c'est quoi, le bivouac ?

Définition

Il faut bien distinguer le camping sauvage (campement en pleine nature dont la durée dépasse la nuitée), visé par davantage d’interdictions, du bivouac (campement sommaire posé à la tombée de la nuit et démonté au lever du jour).

 

Ce que dit la loi

En France, la loi s’appliquant au bivouac et au camping sauvage interdit d’établir son campement : sur les routes et voies publiques, dans les sites naturels classés ou en instance de classement, aux abords d’un monument historique, à moins de 200 mètres d’un point d’eau utilisé pour la consommation, dans les sites patrimoniaux.

Une réglementation propre à chaque parc national, naturel régional et aux autres espaces naturels, peut ensuite être décidée (voir ci-dessous pour les règles sur notre territoire). Des arrêtés locaux, comme c’est le cas dans plusieurs communes de Belledonne, peuvent être pris localement. Et comme le rappelle la Fédération française de randonnée Isère dans son guide “Le bivouac en Isère” disponible en version papier et numérique, « lors d’un bivouac, on se trouve toujours chez quelqu’un : chez un propriétaire privé ou sur un terrain appartenant à une collectivité. Il convient de demander l’autorisation du propriétaire foncier et de respecter les règles propres au lieu une fois sur place ».

Bivouac au lac de Charlet, en Matheysine, sur les hauteurs de Saint-Honoré (massif du Taillefer). Photo Le DL /Théo Blain
Bivouac au lac de Charlet, en Matheysine, sur les hauteurs de Saint-Honoré (massif du Taillefer). Photo Le DL /Théo Blain

Où bivouaquer en Isère ?
 

 

➤ En Belledonne :

Les aires de bivouacs organisées sont au nombre quatre : – l’aire d’Aiguebelle peut accueillir jusqu’à 20 places. À proximité : toilettes sèches, point d’eau, tables.

– l’aire de la Minière, à Saint-Georges-d’Hurtières, se situe près du Musée du grand Filon. On peut y installer sa tente sur des plateformes en bois et on y trouve aussi toilettes et tables de pique-nique.

– sur l’aire de Martinette, le bivouac est possible dans le jardin du gîte. En revanche, les terrains alentour sont privés. L’accès aux douches et aux sanitaires est payant.

– l’aire de bivouac de Chamrousse est située à Recoin, à côté de l’ancienne chapelle, à proximité du tracé du GR® et du parking de l’immeuble du Vernon (avec sanitaires publics et poubelles).

Le bivouac est par ailleurs possible autour des cabanes non gardées, nombreuses en Belledonne.

À Revel, le bivouac est interdit aux abords du lac Merlat, de la zone humide à l’est du lac Merlat et aux bords du lac Claret. Il est aussi interdit jusqu’au 31 août sur toute la plaine de la Pra.

À Chamrousse, il est interdit de bivouaquer sur l’ENS de la tourbière de l’Arselle et du lac Achard, ainsi que sur le secteur de l’Infernet du 1er   mai au 30 octobre.

Sur la commune du Haut-Bréda, pas de bivouac autour du chalet du Bout, dans le périmètre de l’ENS du Praillet.

Enfin, le bivouac est interdit au sein de la réserve naturelle nationale du Luitel.

➤ Dans l’Oisans, au sein du Parc national des Écrins

Au sein du Parc, la réglementation précise que le bivouac est autorisé de 19 h à 9 h, à plus d’1 h de marche des accès routiers et de ses limites. Mais il y a des cas particuliers dans les zones très fréquentées où il est autorisé à moins d’1 h des limites du cœur au pré de la Chaumette, aux abords du lac de la Muzelle à Venosc (sur la rive sud du lac, en face du refuge, aux abords du sentier du GR®54), au pré des Selles à côté du lac Lauvitel (sur la rive nord-est du lac, à proximité du sentier de randonnée). Dans ces deux derniers cas, les randonneurs doivent bivouaquer dans les zones prévues à cet effet.

➤ Parc de Chartreuse

Au sein de la réserve naturelle des Hauts de Chartreuse, le bivouac sous tente est interdit en juillet-août, sur toute la zone de la réserve.

➤ Dans le Vercors

Il est interdit de bivouaquer, toute l’année, au sommet du Mont Aiguille. Dans la réserve naturelle nationale des Hauts Plateaux du Vercors, le bivouac est autorisé de 17 h à 9 h.

Article issu du Dauphiné Libéré

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