« Par élimination, on pense que l’éboulement de roches à l’origine du Claps s’est produit à la suite d’un tremblement de terre. Mais en vérité, on n’en sait rien ! », admet Robert Fredenucci, conseiller municipal et l’un des 600 et quelques habitants de Luc-en-Diois, cette petite commune de la Drôme qui abrite ce site de baignade, l’un des plus beaux du département.
La couleur de l’eau, si elle est variable, est souvent bleu turquoise. Les rochers couleur blanc crème aux formes et tailles aléatoires sont lissés par l’eau de la rivière Drôme qui s’y faufile. Cette nature est aussi belle que la catastrophe du tremblement de terre qui l’a provoquée a dû être terrible…
La rivière Drôme passe entre les rochers
En observant le pic de Luc, la montagne qui domine le site de baignade, une cassure nette est toujours bien visible et l’épisode d’éboulement qui s’est produit il y a près de 600 ans s’imagine sans difficulté par la présence des nombreux et énormes rochers finalement immobilisés, en cascade, jusqu’à ce que l’un d’eux, enfin calé, retienne les suivants qui viendront taper contre lui.
Depuis, la rivière Drôme passe entre ces rochers qui servent désormais aux baigneurs pour étendre leur serviette et prendre un bain de soleil leur offrant un cadre aux reliefs magnifiques. Le Claps est un endroit atypique, sublime, voué à être conservé. La mairie projette d’ailleurs plusieurs aménagements pour améliorer et préserver cette nature totalement remarquable.
Le site de baignade principal ne sera plus pollué par la présence des voitures qui se garent dans son périmètre proche. Toutes seront délocalisées un peu plus haut, au “Camp des marins”, qui doit son nom aux soldats restés après la Guerre alors qu’ils échappaient au joug des nazis. Leurs habitations ont disparu mais les fondations sont toujours visibles.
D’autres aménagements sont prévus pour assurer plus de sécurité. Le pont principal sur lequel cohabitent voitures et piétons dans un espace trop étroit ne sera autorisé qu’aux seuls véhicules. Une passerelle piétonne qui enjambera les deux côtés du cours d’eau, sur le site de baignade principal, sera construite. Un espace restauration devrait être conservé et un accueil touristique organisé.
À la découverte du marais des Bouligons
Informations géologiques et historiques, indications sur les randonnées et les via ferrata mais aussi tous les conseils pour préserver au mieux la nature seront à disposition des visiteurs qui seront aussi invités à se rendre dans des endroits moins convoités, comme le marais des Bouligons.
En venant du village, et en dépassant le site du Claps, se trouve donc ce marais, à cheval sur la commune de Luc-en-Diois et de Beaurières. Aménagé par le Département, il offre une balade d’une heure et demie grâce à une passerelle tout en bois, fondue dans le paysage, au milieu des castors, des libellules et des nombreuses autres espèces qui y vivent. Cette promenade, qui mériterait d’être plus connue, est accessible aux personnes à mobilité réduite, pratique pour les poussettes et bienvenue pour ceux qui voudraient se dégourdir les jambes après leur bain de soleil.
Un viaduc construit par la société Gustave Eiffel
Dans ce projet qui devrait aboutir d’ici un an, il est aussi prévu de relier le Claps, son site de baignade principal et ce marais avec, pourquoi pas, un service de navette. Un moyen pour les collectivités de répartir les touristes qui, trop nombreux à un endroit, pourraient ainsi laisser la nature respirer davantage.
Enfin, en aval du site, c’est, selon Robert Fredenucci, « le Claps du XXe siècle », celui qui n’a pas changé. Situés à quelques pas seulement du site principal, les rochers sont ici moins convoités alors que l’eau est toujours aussi belle, paisible, filante.
Dans le prolongement de cette marche qui mène au village de Luc-en-Diois, s’élève le viaduc titanesque construit au début du siècle dernier. Son architecture, pour être renforcée, a imposé de camoufler l’ouvrage métallique construit par la société Gustave Eiffel. Un petit bout de Paris niché dans un des joyaux de la vallée de la Drôme.
Article issu du Dauphiné Libéré