Authentique et préservée. La station-village d’Abondance a tout de la carte postale. De son architecture de montagne restée traditionnelle, aux paysages sculptés par le travail de la vingtaine d’exploitants agricoles encore en activité. La preuve par le chiffre : seuls 5 % des 5 800 hectares de la commune sont aujourd’hui urbanisés, l’essentiel des terres restant naturelles ou agricoles.

Population : 1435 habitants
Gentilé : Abondancier, Abondancière, Abondancien, Abondancienne
Altitude : 840 m – 2420 m
Écrin niché entre 950 et 2 433 mètres d’altitude (au sommet du mont de Grange), le village a conservé beaucoup de ses chalets traditionnels. D’anciennes fermes qui se caractérisent par leur double foyer, coupé en deux dans la verticale et à la parfaite symétrie dans la distribution des pièces. Traits d’union de ces habitats mitoyens : leurs balcons de bois ouvragé. La restauration de ces fermes centenaires fait aujourd’hui l’objet de la plus grande attention, avec notamment l’appui du conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) de Haute-Savoie. Cette authenticité, Abondance la cultive aussi dans ses activités hivernales. Le village compte 1 580 habitants et environ 5 800 lits touristiques. « C’est probablement le plus petit ratio pour une station qui prétend vivre du tourisme », souligne Jean-Yves Fredriksen, guide de haute montagne fraîchement reconverti dans le pilotage des activités nordiques.
Un positionnement modéré, longtemps à contre-courant
À mille lieues de la frénésie des grosses usines à ski, la station entretient en effet un domaine de ski alpin resté modeste. Au début des années 2000, Abondance avait même stoppé l’exploitation de ses remontées mécaniques et tenté la reconversion. Les remontées ont finalement été relancées deux ans plus tard et, faute d’investisseur privé, elles sont passées dans le giron municipal.
Le développement d’un slow tourisme n’est pas abandonné pour autant. Et au cours d’une saison rendue “blanche” par la crise sanitaire, il a même pleinement collé aux attentes. Ski de rando, raquettes, patinoire naturelle ou patinage sur le lac des Plagnes ont « cartonné » pendant cette période. « Sans ski de piste, la saison reste néanmoins compliquée. C’est pourquoi, on souhaite conserver notre petite station, tout en essayant de trouver des solutions pour que les gens ne viennent pas que pour le ski », confie Paul Girard-Despraulex, maire depuis 2008. Alors, si une liaison téléportée entre Abondance et sa voisine Châtel a longtemps été rêvée, désormais, elle ne s’envisage plus qu’en mode doux et via un itinéraire de rando à skis.
« Bâtie au XIIe siècle, l’abbaye a marqué de son empreinte l’histoire du village d’Abondance. » Les chanoines de Saint-Augustin et les moines cisterciens s’y sont succédé jusqu’en 1761.
Aujourd’hui, le site accueille environ 20 000 visiteurs par an. Un joyau de l’art médiéval, qui recèle en son sein des peintures du XVe siècle. « Ces peintures relatent le cycle de vie de la Vierge Marie. Ce décor est une vraie spécificité, un témoignage de l’architecture et de la géographie locale. La scène de la fuite en Égypte est ainsi l’une des premières représentations du Léman », détaille Nathalie Desuzinge, responsable du pôle culturel.
Figure de proue du label Pays d’art et d’histoire décroché en 2003 par la vallée d’Abondance, l’abbaye n’est pas pour autant figée dans le contemplatif de ses premiers occupants. La médiation culturelle y est au contraire riche et vivante, émaillée par des visites à la bougie ou au flambeau, des ateliers calligraphie pour les enfants ou des concerts.
Ce village où il fait bon vivre
Été comme hiver, locaux et touristes déambulent sur le marché installé sur les bords de Dranse. Avec une majorité de producteurs locaux, il est l’un des plus gros du département. Car si Abondance est un village où il fait bon vivre, on y vit toute l’année.
Commerces, services, le village a aussi la particularité d’accueillir chaque jour plus de 700 enfants, de la maternelle au BTS, grâce notamment à la réputée institution Sainte-Croix des Neiges (annexe de Sainte-Croix de Neuilly), installée depuis la fin des années 40 dans la station. « Nous sommes tout petits au milieu de ces montagnes qui nous imposent l’humilité. Mais notre rôle est de valoriser cette chance d’habiter ici, en vacances ou à l’année », estime Jean-Yves Fredriksen, les yeux tournés vers les cimes encore enneigées.