C’est un trait d’union entre deux vallées qui aiment à se chercher des poux. Au pied du col de l’Iseran, qui relie la Maurienne à la Tarentaise, le village de Val d’Isère a longtemps cultivé son particularisme, ses habitants sachant vivre en autarcie lors des périodes de fort enneigement.
Aujourd’hui, la station savoyarde est on ne peut plus ouverte sur le monde, puisqu’elle reçoit, de fin novembre à début mai, toute la planète ski. Il faut dire que l’esprit pionnier y est bien enraciné, avec notamment la création du premier hôtel en 1888.
Embarqué dans l’aventure des sports d’hiver dès les années 30, le village devenu station sera le camp de base de nombreux champions de ski, comme Jean-Claude Killy, les sœurs Marielle et Christine Goitschel ou, plus récemment, le champion olympique de slalom Clément Noël.
De grands événements, comme le Critérium de la Première Neige ou les Championnats du monde de ski en 2009 rappellent périodiquement cet attachement à la compétition.
Un patrimoine riche et ancien
Mais cette grande épopée du ski ne doit pas faire oublier qu’au-delà des pistes, des vins chauds et des remonte-pentes, Val d’Isère est également un village qui se vit aux quatre saisons.
Niché à 1 850 mètres d’altitude, il jouit d’une situation privilégiée au cœur du Parc national de la Vanoise, avec la vue sur la Réserve naturelle de la Baillettaz. La longue histoire locale est contée au musée avalin, ouvert depuis 2017, qui permet de mieux décoder l’urbanisme.
Ce que s’évertue également à faire Manon Kempinaire, responsable patrimoine et archives à la mairie et qui mène pendant l’été des visites guidées pour les amateurs de vieilles pierres. « Ce qui fait la richesse du patrimoine de la commune, c’est son ancienneté et sa diversité », explique-t-elle.
Le baroque est partout
L’église Saint-Bernard-de-Menthon, dont le clocher date de 1664, est l’un des témoins du village originel. « On peut aussi visiter huit chapelles qui, pour la plupart, ont été construites ou rénovées au XVIIIe siècle et qui permettent d’appréhender l’histoire des sociétés paysannes ainsi que l’art baroque, qui fait partie intégrante de l’histoire de la Tarentaise. » Le circuit des chapelles, qui peut s’entreprendre à pied ou en VTT électrique, permet de déambuler dans les différents hameaux qui forment aujourd’hui Val d’Isère.
Les différentes tendances architecturales y sont également visibles un peu partout, chaque époque laissant une trace particulière. Dans le centre, c’est désormais le style néo-régionaliste qui y prédomine, fruit des décisions de Jean-Louis Chanéac, mandaté dans les années 80 pour lui donner une unité architecturale.
Aujourd’hui, on y vient autant pour skier que pour profiter, une fois la neige fondue, des sports de plein air et de la beauté de la montagne. Preuve que “Val” est bien plus qu’un domaine skiable.
Une fois l’hiver terminé, le village avalin retrouve son calme d’antan. Certains habitants, comme Christèle Bonnevie en profitent pour entamer une longue saison de cueillette. « Au printemps, on commence à ramasser des pissenlits pour la salade », explique la restauratrice. « Ce sont des gestes que nos parents nous ont appris. »
Viennent ensuite les violettes, qui serviront à faire de bonnes tisanes pour passer l’hiver au chaud, puis l’heure de retourner la terre pour planter de jolis jardins de montagne où poussent fleurs et légumes, pour le plaisir des yeux… et des papilles.
« Après l’été, marqué par les fêtes de village, comme la fête de Val d’Isère qu’on a remis au goût du jour, l’ombre revient progressivement », poursuit Christèle.
Selon elle, la particularité de Val d’Isère est également… dans le goût du miel. « Je goûte souvent du miel quand je voyage, mais aucun n’a la saveur de celui que l’on peut faire ici, qui est un véritable sucre d’orge. »
