Nos plus beaux villages : Pont-en-Royans, l’eau fait sa richesse

À Pont-en-Royans, la carte postale est immuable. Au pied du pont Picard, les pieds dans l’eau de la Bourne, on se tourne vers ces majestés qui nous surplombent de leur hauteur et de leurs couleurs. Un “clic-clac” pour les immortaliser car il est impensable de repartir d’ici sans une photo des maisons suspendues en guise de souvenir.

Pour autant, il ne s’agit pas là du cœur historique de la cité royannaise, dont les origines sont attestées dès le XIe siècle mais qui remontent sûrement encore plus loin dans le passé. Les maisons suspendues ont ainsi été édifiées dans les années 1500 (*). Pour répondre à une problématique majeure dans cette cité alors en plein essor : le manque de place.

Car Pont-en-Royans marque aussi le point de départ du défilé des gorges de la Bourne et du massif du Vercors. Le village s’est ainsi, à l’origine, développé sur la rive droite de la rivière éponyme. Au pied d’une ancienne motte féodale dont il ne reste aujourd’hui plus rien mais qui est l’objet d’une sympathique, quoique pentue, balade (“Le belvédère des trois châteaux”) à réaliser depuis le centre de la commune.

C’est cette position stratégique qui a fait de la ville un lien indispensable entre les territoires de montagne et la plaine. Dès le Moyen Âge, on y développe ainsi le commerce du bois. Et c’était alors toute une aventure, comme le raconte Stéphanie Carlizza, guide conférencière à l’office de tourisme de Saint-Marcellin Vercors Isère : « Les troncs, coupés en montagne, étaient acheminés ici à dos d’ânes ou de mules. Ensuite, ils étaient assemblés pour créer des radeaux et les commerçants descendaient sur eux le cours de la Bourne, de l’Isère et du Rhône, jusqu’à Beaucaire (Gard) ! Ils faisaient le chemin du retour à pied, chargés de nouvelles marchandises précieuses comme des herbes. »

 

Photo Le DL/Marc Greiner
Photo Le DL/Marc Greiner
Photo Le DL/Julien Piccarreta
Photo Le DL/Julien Piccarreta
Le Musée de l’eau, un complexe audacieux

Le Musée de l’eau, au cœur du village, occupe un bâtiment à l’histoire ancienne. Du XIIIe au XIXe siècle, il a d’abord été un couvent, avant d’abriter une filature de soie. En 1918, la Compagnie générale d’électricité s’y installe et emploiera jusqu’à 400 salariés. L’aventure s’achève en 1990 mais l’héritage perdure encore avec la société Legrand qui fabrique notamment à Pont-en-Royans des interrupteurs dorés à l’or fin pour de riches clients ou des palaces à travers le monde.


Le Musée de l’eau, lui, a vu le jour sous l’impulsion de l’ancien maire (de 1977 à 2014) Yves Pillet, également à l’origine de la cascade créée face aux maisons suspendues. Complexe audacieux, tout à la fois ludique, scientifique, culturel et pédagogique, le musée propose notamment un bar à eaux minérales aux quelque 2 000 références.

La place centrale de l’eau

L’eau a donc une place centrale dans l’histoire et la vie de Pont-en-Royans. Le village a compté jusqu’à sept moulins, dont l’un a permis le développement du réseau électrique dans la commune dès 1898. Le précieux liquide nécessaire à cela était d’ailleurs capté au pied des fameuses maisons suspendues dont Stendhal lui-même a fait une description dans ses “Mémoires d’un touriste” en 1838.

Inscrites aux Monuments historiques depuis 1944, elles font l’objet d’une surveillance régulière des architectes des Bâtiments de France. Car elles longent l’axe de circulation principal de la commune, très fréquenté en été et par les poids lourds toute l’année, alors qu’elles sont bâties sur un éperon rocheux très friable et avec des façades originelles en bois dont il subsiste encore quelques traces.

Frustration pour les touristes, impossible d’en visiter l’intérieur, sauf sur invitation, car il s’agit d’habitations privées. Mais de dehors, on peut y dénicher de riches et insolites témoins du passé. Comme ces cerceaux en fer qui servaient auparavant à la pêche à la nasse. Ou ces anciens WC qui, par un trou dans le vide, permettaient d’évacuer directement les déjections dans l’eau de la rivière. Eau que l’on puisait tout aussi directement pour sa toilette ou sa cuisine à l’aide de seaux et de cordes…

Mais Pont-en-Royans, ce n’est donc pas que ça. Sur la rive droite historique, se mêlent de nombreuses petites ruelles en pierre donnant sur de belles demeures bourgeoises. Là, on peut aussi admirer la tour de l’Horloge. Un monument majeur puisque ladite tour servait autrefois de péage et de bâtiment de défense et d’alerte. Aujourd’hui encore, elle abrite la sirène d’alarme des pompiers.

(*) Jusqu’au XIXe siècle, on en trouvait des deux côtés de la rivière. Mais celles de la rive gauche ont été démolies pour permettre la construction de routes.

 

Photo Nextime
Photo Nextime
La légende de la rivière rouge... de sang

Autant attirés par le commerce de la soie que chassés par les persécutions dont ils étaient victimes dans les grandes cités, les huguenots débarquent à Pont-en-Royans vers le milieu du XVIe siècle. Rapidement, ils deviennent les maîtres d’un village qu’ils font prospérer après l’Édit de Nantes.
Mais la révocation de celui-ci par Louis XIV, en 1685, marque la fin de cette période dorée. Les protestants qui ne peuvent pas fuir sont massacrés, à tel point qu’une légende raconte que les eaux de la Bourne en ont été rouges de tout ce sang versé jusqu’à son affluence avec l’Isère plusieurs kilomètres en contrebas…


Ceux qui ne sont pas tués trouvent alors refuge à l’étranger et, aujourd’hui encore, il n’est pas rare de voir des Néerlandais ou des Anglais venir à Pont-en-Royans en quête d’un possible ancêtre français persécuté. Du tourisme morbido-généalogique, en quelque sorte.

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