Avec ses rues pentues, dans lesquelles on entre uniquement à pied, bordées de boutiques artisanales, Chanaz a des faux airs de Mont-Saint-Michel. À moins que votre imagination ne préfère franchir les Alpes en y voyant une énième « petite Venise » ? Certes, le canal de Savières n’a pas les dimensions de la Manche, ni le cachet du Canal Grande vénitien, mais ses eaux qui changent de teintes selon la saison sont tout de même une forte agréable invitation à la contemplation.
Car c’est bien cette situation privilégiée qui attire tant de monde dans ce village de 530 habitants, à quelques kilomètres du pied du Grand Colombier, que les coureurs vont gravir ce vendredi 14 juillet. On y compte 250 000 visiteurs par an, sans compter quelque 20 000 croisiéristes qui mettent pied à terre, le temps d’une escale, avant de retourner naviguer sur le Rhône ou le lac du Bourget.
Le patrimoine au secours du tourisme
Depuis la fin des années 70, la commune a patiemment racheté plusieurs bâtiments pour en valoriser la richesse patrimoniale, dont l’ancienne châtellerie de la Maison de Boigne. Il en fut de même de nombreux bâtiments du village, qui abritent aujourd’hui des locaux artisanaux, la billetterie de la compagnie de bateaux (qui propose des croisières ou des locations d’embarcations électriques) ou encore l’expo-vente qui regroupe 25 créateurs de la région. Soie, cuir, métal, bijoux, objets décoratifs… il y en a pour tous les goûts. Ce qui contribue également à faire de Chanaz un point de passage incontournable entre Savoie, Ain et Haute-Savoie.
De l’eau et un filet d’huile
Parmi les bâtiments remis en état par la municipalité, on trouve également – heureux anachronismes – deux moulins remis en état. Le plus emblématique est évidemment le moulin d’huile, bâti en 1868 et acheté il y a plus de vingt ans. Les roues, entraînées par les eaux du Biez, y produisent désormais de l’huile de noix et de noisette. Autre curiosité : la cité lacustre, de l’autre côté de l’eau, petit quartier sur pilotis, dans lequel il est possible de séjourner. Preuve que si Chanaz a su rester une petite perle non loin du Bourget, les raisons d’y venir ne manquent pas.
Pendant leur passage dans le seul bourg labellisé « Petite cité de caractère » de tout le département, les allergiques aux arachides pourront se consoler avec d’autres belles visites. En plus du village, du canal, du moulin et des boutiques artisanales, ils pourront s’attarder au musée gallo-romain, qui recrée un atelier de poterie du Ve siècle. Installé dans une ancienne chapelle gothique du XVe siècle, il rappelle que depuis ici s’exportait une vaisselle militaire luisante et orange, typique de la région.
On y découvre également toute sorte d’outils, de bijoux, de monnaies ou d’amphores. Un lieu d’histoire qui ne désemplit pas. Une plongée dans cette période instable de la fin de l’Empire romain et dans la vie quotidienne d’artisans qui, bien avant l’heure, avaient déjà fait de Chanaz leur atelier.