Comment les stations de ski prévoient-elles l’enneigement des prochaines décennies ?

Y’aura-t-il suffisamment de neige dans 30, 40 ou 70 ans pour permettre aux skieurs de glisser sur telle ou telle piste ? Voici la question que se posent, chaque jour ou presque, les exploitants de domaines skiables. D’autant plus qu’avec un hiver déficitaire en neige, à toutes les altitudes et sur presque tous les secteurs (les Alpes du Sud s’en tirent plutôt bien cette année), la question devient structurante. Mais alors, comment les décideurs éclairent-ils leur boule de cristal ?

Des outils scientifiques pour prédire l’enneigement

La plupart se fient à une méthodologie de projection climatique appelée Climsnow. Il en existe d’autres, mais ce modèle est utilisé par près de 140 stations en France, selon Laurent Reynaud, délégué général de Domaines skiables de France (DSF), l’organisme qui regroupe les exploitants de remontées mécaniques des différents massifs. « Il s’agit d’un projet européen mené par Météo France, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et Dianeige, qui se base sur les différents scenarios du Giec », détaille-t-il.

L'enneigement des prochaines décennies peut être anticipé. Photo Le DL/H.R.
L'enneigement des prochaines décennies peut être anticipé. Photo Le DL/H.R.

Moyen et long terme

« On sait tous que l’enneigement va tendre à se raréfier, mais en prévoyant bien les choses, on peut décorréler l’ouverture des pistes de la hauteur de neige. Evidemment, s’il n’y a aucune neige et pas de températures négatives, on ne pourra rien faire, mais ce n’est pas ce qui est prévu pour les décennies à venir », assure Laurent Raynaud. « Jusqu’en 2050, les niveaux d’ouverture des domaines skiables dépendant assez peu des scenarios prévus par le Giec. En revanche, pour 2080 ou 2100, c’est largement plus le cas. »

Où investir ?

D’où l’intérêt de prévoir des dépenses pertinentes, et de ne pas investir à fonds perdus sur des secteurs où la neige viendra à manquer trop cruellement dans les prochaines années. Si le logiciel Climsnow utilise comme référence la valeur 100 jours d’ouverture par saison pour une piste, pour dire si oui ou non elle présente une inquiétude en termes d’enneigement, tout dépend de la volonté de la station et du caractère stratégique de la piste, par exemple s’il s’agit d’un retour station.

Dans tous les cas, l’enjeu est de taille, et ce n’est pas cet hiver radin en flocons qui prouvera le contraire. « L’engouement des clients pour le ski ne diminue pas, y compris quand l’enneigement est moins bon. Les gens continuent à trouver un intérêt à skier », observe Laurent Reynaud. « Ça veut dire qu’il faut être capable d’ouvrir les pistes. »

Le damage est une des clefs pour garder des pistes ouvertes plus longtemps. Photo H.R.
Le damage est une des clefs pour garder des pistes ouvertes plus longtemps. Photo H.R.
Les enneigeurs et le damage au centre des réponses

Avec ces nouvelles méthodes, l’enjeu est aussi d’apporter des solutions concrètes. « Cela ne sert pas juste à dire quel sera l’enneigement dans les massifs. L’intérêt principal, avec notre concours et celui de stations pilotes, c’est que les scientifiques ont été capables de déterminer comment l’équipement en neige de culture, le damage et le profilage des pistes allaient pouvoir aider à améliorer le nombre de jours par saison où ces pistes pourront être ouvertes », poursuit Laurent Reynaud.

Pour la production de neige de culture, cela se comprend facilement : une piste sur laquelle est implantée des enneigeurs (ceux qu’on a longtemps appelé des « canons à neige ») restera ouverte plus longtemps car la couche de neige y sera plus haute. Pour le damage, il s’agit de s’y prendre avec précision, notamment grâce aux machines désormais capables de calculer la hauteur de la couche de neige partout sur le domaine.

« L’enjeu est d’avoir la meilleure utilisation de la neige dont on dispose, et ainsi de ne pas produire de neige de culture là où on n’en a pas besoin. Là-dessus, on est devenus extrêmement performant, et je considère que l’hiver qu’on vit est une vraie performance vu l’enneigement déficitaire. » Sans non plus laisser de trop grosses accumulations de neige de culture en fin de saison, afin de ne pas pénaliser les agriculteurs une fois les pistes redevenues prairies d’alpage.

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