Parmi les descentes à ski mythiques des Alpes, la vallée Blanche de Chamonix tient une place de choix. Depuis le sommet du téléphérique de l’Aiguille du midi, à 3 842 mètres, on peut dévaler 23 kilomètres et près de 2000 mètres de dénivelé, dans un univers glaciaire impressionnant, sans toutefois être un montagnard chevronné. « Il y a très peu de pentes fortes, mais la difficulté peut varier en fonction de la qualité de la neige », résume Gary Ozeray, guide de haute-montagne. « Ce qui peut mettre les gens en difficulté, c’est aussi le fait d’être en haute montagne. Certains disent que c’est une piste bleue, mais je ne suis pas d’accord parce qu’il peut quand même y avoir de grands champs de bosses. Je dirais que si les gens sont à l’aise sur une piste noire, ils ont le niveau pour faire la Vallée Blanche. » Dans ce cas, allons-y !
Des crampons et des skis
La journée ne sera toutefois pas une simple promenade, puisqu’il faut commencer par une petite marche d’approche en mode alpinisme. Ça commence par la descente d’une arête, le long d’un chemin en balcon, avec des cordes fixes posées. « Ca amène de l’ambiance, avec 1000 mètres de vide sur la gauche. » Cependant, pas de panique si vous êtes sujet au vertige. Armés de crampons, encordés à un guide et en cheminant le long des cordes fixes installées le long de l’arête, cela se passe très bien. Il est alors l’heure de chausser les skis et de se lancer dans la descente.
Une leçon d’histoire skis aux pieds
Tout au long de cette magnifique escapade, on skie, mais on contemple également les sommets emblématiques. « On passe devant toute l’histoire de l’alpinisme de la vallée de Chamonix avec le Grand Capucin, l’aiguille du Requin, la Dent du Géant, etc. On peut parler de l’histoire de ces sommets et parfois même voir des alpinistes entrain de grimper », s’enthousiasme Gary.
En poursuivant la descente, l’impact du réchauffement climatique devient de plus en plus net. « En bas, en fonction des conditions, c’est plutôt la « Mer de Rochers » que la Mer de Glace, parce que le glacier a fondu », poursuit le guide. « La partie haute est très blanche et plus tu descends, plus tu te rends compte que réchauffement climatique est indéniable. On entend un brouhaha de chutes de pierre en permanence, ça prend aux tripes. »
« Une parenthèse en haute-montagne »
Si l’enneigement est suffisant, il est possible de skier jusqu’à la Buvette des Mottets, puis de rejoindre Chamonix par un chemin enneigé. Sinon, il faut se fader les 75 000 marches de l’escalier vers le train du Montenvers (bon, d’accord, ce n’est pas le vrai chiffre, mais c’est l’effet que ça fait). « On conseille aux gens de prendre des baskets dans le sac, c’est plus confortable pour l’escalier qui est assez long. » Mais alors, Gary, qu’est-ce qu’on retient de cette belle sortie ? « C’est une énorme parenthèse en haute-montagne, puisqu’on passe de Chamonix, autour de 1000 mètres, à plus de 3800 m d’altitude. On déconnecte vraiment et c’est unique. »
Si savoir que vous skiez entre les crevasses ne suffit pas à vous donner l’adrénaline de la haute-montagne, il est également possible de pimenter l’expérience en descendant (en crescendo en termes de difficulté) par Petit Envers, Grand Envers ou Rognon. Dans tous les cas, le port du casque est hautement recommandé. « Le matériel indispensable comporte également un baudrier et une longe. Ça peut paraitre aseptisée, mais il y a des trous et des ponts de neige », justifie le guide, qui rappelle également que l’équipement classique du skieur hors-piste (DVA, pelle, sonde) ne doit pas rester dans la voiture. Et que la meilleure façon d'apprécier pleinement la descente est de la faire avec un guide de haute-montagne qui connait son affaire.
