Le Granier, l’histoire d’une station de ski sauvée par ses habitants

Au cœur de la Chartreuse, au détour d’une route sinueuse, un parking, quelques maisons et quatre pistes. Il s’agit de la petite station du Granier, créée en 1969 et restée pendant des décennies communale, avant d’être rattachée à la communauté de commune « Cœur de Chartreuse ».

Située entre 1000 et 1300 mètres d’altitude, souffrant du manque d’enneigement, la petite station familiale et ses quatre téléskis s’accrochent. Mais en 2019, le couperet tombe : la station n’ouvrira pas cet hiver. « Trop cher », « pas assez rentable »… Pour la communauté de commune c’est une perte d’argent. Pour les habitants, sa fermeture est un déchirement.

« Les gens ont appris à skier ici, ils ne voulaient pas voir leur station s’arrêter comme ça », témoigne Violaine Rey, chargée de communication pour la station du Granier. « L’intercommunalité voulait la fermeture de la station comme ça, sans proposer de solutions alternatives », continue-t-elle.

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La station du Granier, surplombée par la montagne éponyme. Photo Violaine Rey.
La station du Granier, surplombée par la montagne éponyme. Photo Violaine Rey.

Une association pour sauver la station

Alors, les habitants s’organisent et décident de monter une association, pour reprendre les rênes des quatre pistes du Granier. « C’était un pari ! On ne savait pas si ça allait marcher : on a eu les premiers financements via une cagnotte Leetchi », explique-t-elle.

C’est ainsi qu’en 2019, l’association des Skieurs du Granier signe une délégation de service public avec la communauté de communes pour l’exploitation de la station. Une centaine de bénévoles se relaient pour faire vivre les pistes de ski : des locaux qui ont appris à skier sur les pentes, des néo-locaux investis dans une association locale, des retraités, des étudiants…

Tous les jours, c’est une flopée de motivés qui tendent la perche, réparent les téléskis, préparent les pistes, vendent les forfaits, louent les skis, et vendent même des sandwichs depuis l’installation d’un snack faisant lui aussi partie de l’association… Le tout dans une ambiance familiale, incomparable à d’autres stations.

 

« L’ambiance est différente ici. Les bénévoles sont des personnes qui ont le temps et qui ont envie d’être là. Ils prennent le temps de parler avec les skieurs, de raconter l’histoire de la station. Il y a une véritable proximité entre tous les acteurs », se réjouit Violaine Rey. 

 

Un des quatre téléski de la station. Les bénévoles se relaient pour tendre la perche. Photo Anne Lenfant.
Un des quatre téléski de la station. Les bénévoles se relaient pour tendre la perche. Photo Anne Lenfant.

« On n’est pas jusqu’au-boutistes»

Face aux aléas climatiques auxquels se confronte la station, les bénévoles ne baissent pas les bras, mais restent réalistes. « Cet hiver (en 2022-2023, NDLR), on n’a ouvert que 6 jours. On ne voulait pas s’acharner : la neige n’est pas là, tant pis. C’est l’avantage des bénévoles : dès qu’il y a de la neige, on ouvre ! », explique la jeune femme. « On a des fois pris la décision d’ouvrir le matin à 9 heures en voyant que la neige était tombée durant la nuit. On en fait l’annonce via les réseaux sociaux, et les gens viennent même en dernière minute ! », sourit-elle. 

 « On n’est pas jusqu’au boutiste. On sait que la solution d’un modèle associatif est temporaire, en attendant de proposer une offre touristique l’hiver. Mais on ne pouvait pas laisser tomber tout un village. La station permet de faire vivre le territoire, mais c’est aussi un lieu de rencontre. Les gens du village viennent dire bonjour quand un ami à eux est bénévole, ça permet à des personnes qui n’en ont pas l’occasion de sortir discuter. Il y a un véritable côté social ! », conclu Violaine.

Quatre ans après, malgré des années compliqués, COVID et manque de neige, la station est optimiste. Pour la saison 2023, qui s’achève doucement, ils ont même embauché un pisteur-secouriste, qui redevient le premier salarié de la station. Un bel exemple d’adaptation.

Photo Clément Brancaz.
Photo Clément Brancaz.

D’ailleurs, la station est toujours à la recherche de volontaires. Si cette aventure vous tente, vous pouvez écrire un message à l’adresse suivante : stationdugranier@gmail.com

Il existe une dizaine de stations en France qui fonctionnent sur un mode associatif

Ce mode associatif se retrouve dans une dizaine de sites en France, dont celui de Saint-Hugues Les Égaux, et celui du Sappey, situé à quelques kilomètres du Granier, dans le massif de la Chartreuse. Le site de ski de fond du Barioz dans le massif de Belledonne fonctionne grâce à des bénévoles, même constat dans le Vercors avec la station des Coulmes. C’est aussi le cas en Haute-Savoie, dans la station de Montmin.

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