Attente aux remontées : comment l’Alpe d’Huez gère les flux de skieurs

Comme toujours, en février, l’Alpe d’Huez accueille de nombreux vacanciers. La station de l’Oisans enregistre même une hausse de plus de 15 % par rapport à l’an dernier. « Cette augmentation est liée au phénomène de report dû au manque de neige dans les stations de moyenne altitude, analyse Fabrice Boutet, directeur général de Sata group, mais aussi au travail de nos équipes commerciales pour faire revenir les Grenoblois, les Lyonnais, les Stéphanois, les Clermontois, notre clientèle française de proximité ».

25 229 skieurs présents sur le domaine le 19 février

Lundi 19 février, par exemple, 25 229 skieurs étaient présents sur le domaine. Une fréquentation connue grâce aux pass, comptabilisés une seule fois et qui a déjà été enregistrée hors vacances scolaires. Les habitués affirmeront que le forfait promo du samedi explique tout. Faux. « Les produits promotionnels ne représentent que 3 % du chiffre d’affaires et n’ont pas bougé par rapport à l’an dernier. Samedi et dimanche, avec ou sans promo, on a la même fréquentation », assure M. Boutet. Le tarif préférentiel du samedi est d’ailleurs en suspens pendant les vacances.

« On a les débits les plus importants des Alpes »

Attendre 10 minutes, un petit enfer pour l’impatient de service, un non-sujet pour d’autres. Bref, c’est une question de ressenti et aussi de comportement.

Concrètement, « on a les débits les plus importants des Alpes avec six extractions à plus de 3 000 personnes par heure. Il n’y a que Val-Thorens et nous à ce niveau-là », souligne Fabrice Boutet. Quand bien même, 45 minutes d’attente pour monter au Pic blanc, c’est long. « Parce que comme la Tour Eiffel à Paris, tout le monde veut y aller, c’est un site majeur ». Comme on choisit un restaurant à la terrasse pleine plutôt que vide, le skieur suit la foule.

Photo Le DL/Estelle Zanardi
Photo Le DL/Estelle Zanardi
Le Pic blanc : attraction majeure

Accessible aux piétons comme aux skieurs, le Pic blanc est une attraction majeure. À 3 330 m, le panorama à 360 degrés tient toutes ses promesses. Pour les skieurs, c’est aussi le départ de deux itinéraires majeurs : le Tunnel avec son mur à 70 % de pente ouvrant sur un dénivelé de plus de 2 200 m jusqu’à Vaujany mais aussi Sarenne, longue descente de 16 km.

Depuis le début de la saison, le record sur une journée est de 4 000 personnes au Pic blanc. La hausse de 17 % de fréquentation par rapport à l’an dernier s’explique en raison de la neige de qualité en altitude que les skieurs sont allés chercher en janvier.

D’ailleurs, sur ce vaste secteur où le télésiège du Glacier a dû être démonté, un projet de télécabine est envisagé à l’horizon 2025-2026. En plus du télésiège de l’Herpie, il permettra de fixer une partie des skieurs sur cette zone : un aménagement qui participe aussi à la gestion des flux.

En attendant, la Team info conseille donc le créneau de la pause midi (voire 13 h 30) pour monter au Pic blanc sans stagner dans la file d’attente. Elle rappelle aussi que le domaine compte 250 km aussi bien adaptés aux débutants que les 17 pistes noires aux skieurs exigeants.

Pour mieux gérer les flux, une “Team info” a été créée cette année

La gestion de ces flux de skieurs repose sur de la veille permanente et de l’information en continu. Au central des remontées mécaniques, Muriel Marin et Julie Lecatre-Chinaletto surveillent leurs écrans d’ordinateur où s’affichent toutes les installations. Grâce aux caméras, elles peuvent aussi voir les skieurs en direct.

Photo Le DL/Estelle Zanardi
Photo Le DL/Estelle Zanardi

Au fil de la journée, elles transmettent en interne et vers les clients les informations : « On peut annoncer une panne de 20 minutes, l’ouverture de la piste du Tunnel ou lancer une alerte type vent fort ». Des messages qu’elles envoient sur les 24 écrans (dont 14 géants) répartis sur le domaine mais aussi sur l’application pour smartphone « Alpe d’Huez » lancée cette saison.

Elle permet au skieur de se repérer avec le niveau des pistes, les remontées et précise si un secteur est saturé… pour mieux l’éviter. Bientôt, des itinéraires spécifiques (pour les familles, les débutants…) seront intégrés.

Pour mieux gérer les flux, une “Team info” composée de quatre personnes a également été créée cette année. Elle intervient sur le terrain. Que ce soit aux Bergers ou à l’Eau d’Olles, axes de départ, elles répondent à toutes les questions et conseillent des itinéraires : « Il y a la queue aux Marmottes, prenez les Romains et faites une piste puis revenez ». « On est une famille pas très bons skieurs : où peut-on aller ? ». L’équipe a également édité un livret de jeux pour enfants qui incite à la découverte du domaine.

« On a à gérer la méconnaissance des capacités du domaine »

Selon les statistiques enregistrées par la station, un skieur utilise en moyenne 10 remontées par jour alors même que le domaine en compte 70. De même, le ski 8 heures d’affilée avec la pause sandwich sur le télésiège est derrière nous (sauf cas rares…). Le temps passé sur les skis a en effet diminué et avoisine les 4 heures. Bref, ce n’est pas l’attente qui entame vos demi-journées de ski !

In fine, « on a à gérer la méconnaissance des capacités du domaine. Dans toutes les grandes stations, quand on ne connaît pas, on garde en vue la station », pour se repérer. « Sur un samedi où les gens viennent à la journée, ils skient sur 15 % du domaine. Quand on reste en séjour, on a le temps de découvrir tout le domaine. C’est tout l’enjeu sur lequel on travaille ».

Évoluer sur un domaine skiable implique de respecter quelques principes, de même qu’un automobiliste se conforme au Code de la route… Enfin normalement. Qui n’a jamais vu un skieur frôler à grande vitesse un groupe sur la piste débutants ou arriver beaucoup trop vite sur une file d’attente sans visiblement maîtriser son freinage…

Photo Le DL/Estelle Zanardi
Photo Le DL/Estelle Zanardi

« Nous travaillons sur la mise en place d’une Team patrol »

Or, ce type d’attitude peut générer des tensions voire des accidents. « Nous avons mis en place la Team info pour informer les skieurs, mieux gérer les flux mais nous travaillons aussi sur la mise en place d’une Team patrol, explique Yann Carrel, directeur des opérations Sata group. On va affranchir des pisteurs de leur fonction secours pour aller au contact des skieurs, faire de la prévention sur les comportements à risque et les règles à suivre. Rappeler que le ski est un espace partagé ».

Selon les statistiques, un secours est réalisé tous les 10 000 passages. La moyenne augmente-t-elle lorsque le nombre de skieurs atteint des pics comme 17 500 pratiquants aux Deux Alpes, pendant ces vacances de février ? Pas forcément explique Laurent Soullier, directeur adjoint du service des pistes de la station car « les causes d’un accident sur les pistes sont toujours multifactorielles » : brouillard, vitesse, conditions de la neige…

Par ailleurs, « on constate sur notre piste de retour station (NDLR : axe principal hors remontées) que lorsque les flux sont importants, la vitesse des skieurs est moindre. De fait, les accidents sont moins graves », de type entorse du genou.

Reste que le comportement des skieurs est un sujet commun à l’Alpe d’Huez et aux Deux Alpes où une team « Ski safe » est aussi envisagée. « On fait beaucoup de prévention » avec des messages sur la priorité au skieur aval, la maîtrise de sa vitesse… qui sont affichés sur les pylônes, les postes de secours…

On rabâche sans cesse les règles mais force est de constater que les skieurs en ont une connaissance moyenne. » Entre gestion des flux et comportements des skieurs, les pistes d’amélioration ne manquent pas.

Article issu du Dauphiné Libéré

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