Chiens de protection et promeneurs : une délicate cohabitation

Loïc Combreas et Jade Mattazzi sont associés au sein du groupement d’activité économique en commun (Gaec) des Belles Dames, aux Clefs, au-dessus de Thônes. Ils élèvent depuis maintenant deux ans un troupeau de bovins et un troupeau de chèvres. Pour les protéger, ils détiennent quatre bergers des Abruzzes. Ces chiens de protection, semblables à des patous, sont devenus, pour eux, indispensables. Selon Loïc, « si on n’avait pas de chiens, on n’aurait plus de chèvres ». Accompagnés par un formateur, les deux jeunes éleveurs ont appris à travailler et à optimiser l’utilité de ces canidés.

Placé en troupeau dès son plus jeune âge, « il faut le mettre en place au bon moment, pour qu’il grandisse avec son troupeau et que celui-ci devienne sa famille. Si on le met trop tard, il n’a aucune raison de rester avec. Malgré tout, il doit quand même conserver son rôle protecteur et ne pas se sentir chèvre », explique Yves Lachenal, éleveur dans les environs de Faverges.

Loïc nous fait part de la routine de ses chiens : « De manière générale, ils sont fixés au troupeau. Le matin, quand on sort les chèvres, il part faire sa patrouille pour voir ce qu’il se passe et après il se colle au troupeau. Le soir, il ramène le troupeau. » Forts d’une grande autonomie, ils peuvent être considérés comme des ouvriers de l’exploitation.

« On a 100 % confiance en eux, mais on comprend qu’ils soient impressionnants pour les gens »

La relation entre ces éleveurs et leurs chiens a un caractère presque professionnel. « On part du principe qu’on respecte les chiens et qu’ils doivent nous respecter. Il y a des moments de jeux, mais ce ne sont pas des chiens de compagnie, on ne leur dit pas comment être ni comment travailler, sauf si nécessaire, bien sûr, dans l’éducation », détaille Jade.

Pour Yves Lachenal, ces chiens de protection sont indispensables : « J’ai totalement confiance en eux, puis l’avantage d’un chien c’est qu’il travaille 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Je les ai aussi pris pour pouvoir dormir la nuit. » À l’affût de tout danger, ceux qu’on appelle plus communément les patous, jouent un rôle majeur durant les nombreuses nuits où les troupeaux sont dehors, périodes durant lesquelles les attaques sont les plus fréquentes.

Loïc et Jade sont conscients du caractère impressionnant de leurs chiens. « On a 100 % confiance en eux, mais on comprend qu’ils soient impressionnants pour les gens. L’idée pour nous c’est de faire comprendre comment le chien se sent, c’est lui qui décide si on peut passer ou non, il y a des précautions à prendre. Il n’est pas là pour mordre le passant, il est là pour sécuriser son troupeau », insiste Jade.

Selon Yves Lachenal, il faut apprendre à connaître ces chiens : « C’est vrai qu’ils sont effrayants. Quand ils vous voient, ils ont besoin de sentir, une fois qu’ils ont senti ils s’en vont. Il faut prendre conscience que vous arrivez chez eux et il faut respecter cela ».

Photo Le DL/Vincent Ollivier
Photo Le DL/Vincent Ollivier

« Les deux camps ne veulent pas devoir faire un choix, il faut apprendre à se comprendre »

Pour une membre de l’office du tourisme de Thônes, « le problème c’est aussi que les gens n’osent plus aller en montagne dès lors qu’ils savent qu’il y a des patous. Ce n’est pas normal non plus qu’ils aient ce sentiment-là. »

La question de la cohabitation fait débat. Certains diront que les patous sont dangereux, d’autres que les randonneurs font n’importe quoi.

L’éleveuse de 26 ans explique qu’il n’y a pas de solution parfaite : « Les pratiquants ont besoin de tranquillité en montagne et les éleveurs ont besoin des pratiquants pour vendre leur produit aussi. Les deux camps ne veulent pas devoir faire un choix, il faut apprendre à se comprendre, de toute façon, le loup est là, il faut faire avec ».

Si la présence des prédateurs est indéniable, pour ces exploitants le sujet est ailleurs. « L’été, les attaques, c’est tous les jours, on ne pourrait pas travailler sans nos chiens, il faut qu’entre usagers de la montagne on parvienne à s’adapter », témoigne Loïc.

Selon la Société d’économie alpestre, environ 1 100 loups errent sur le territoire français et une trentaine de chiens sont tués par ces prédateurs chaque année.

Article issu du Dauphiné Libéré

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