À quoi consiste le métier de pisteur-secouriste artificier ?
« Le but du pisteur artificier est de toujours avoir un regard sur son domaine skiable pour évaluer le risque d’avalanche. S’il estime qu’il y a un risque, son travail est de déclencher les avalanches. On ne sécurise pas le hors-piste, même s’il est sur le domaine skiable, on « déclenche » toutes les pentes qui surplombent les pistes de ski et qui présentent un risque.
C’est une formation en plus du diplôme de pisteur-secouriste premier degré (lire par ailleurs). Il s’agit d’un CPT : certificat de préposé au tir. C’est le diplôme général pour le maniement de l’explosif en France, et dedans, il y a le tir en montagne, qui est une spécialisation délivrée par l’ANENA. Mais finalement, c’est aussi l’expérience, les discussions, et beaucoup d’adaptations, qui apprennent réellement le métier. Le plus important c’est d’avoir une vision, un ressenti et une expérience du terrain. »
Comment les pistes de skis sont protégées des avalanches ?
« Les déclenchements d’avalanches ont souvent lieu après une chute de neige, quand il y a des conditions avalancheuses. Cela s’appelle le PIDA : plan d’intervention et de déclenchement d’avalanches. C’est une procédure très encadrée : les points de tirs sont référencés dans un document, déclaré en mairie. La décision revient au chef des pistes, qui est responsable de la sécurité sur son domaine. S’il pense qu’il va y avoir des conditions avalancheuses il informe la mairie qu’un PIDA va avoir lieu. C’est souvent décidé la veille pour le lendemain. »
Comment se déroule un jour de PIDA ?
« On se lève tôt, ça pique. (rires) On se rend à son poste de secours. On répartit les binômes sur chaque itinéraire. Puis chacun prend son matériel : le bon nombre de charges d’explosif et les détonateurs qui vont avec (une charge explosive, un détonateur et une mèche que l’on allume à l’aide d’allumette tempête). On fait un check DVA (une étape importante qui consiste à une vérification mutuelle du bon fonctionnement du détecteur de victime en avalanche, ndlr.), puis on se rend sur l’itinéraire de tir. On tire ce qu’il faut, ou non. En étant artificier, tu es responsable de ton tir, si tu décides qu’il n’y a pas besoin, tu ne tires pas. Pendant toute la procédure, les pisteurs sont en contact entre eux et avec leur chef par radio.
Et quand c’est fini, c’est le retour dans la journée type du pisteur ! »
GAZEX, CATEX, avalancheur…
Dans certains endroits, les stations de ski sont aussi équipées d’autres moyens de déclenchements, comme le GAZEX, le CATEX, l’avalancheur… Pour éviter d’exposer les pisteurs à des endroits scabreux. Ils sont contrôlés par les pisteurs et permettent le déclenchement à distance. Un GAZEX est un tube relié à un abri à des tuyaux. Dans le tube, un mélange de propane et d’oxygène, et une étincelle vient provoquer l’explosion. Ils sont positionnés à des endroits stratégiques. Le CATEX est comme un téléski pour les charges. Chaque explosif est attaché à une pince et le câble va rouler jusqu’à la déposer au bon endroit.
Le métier de pisteur-secouriste a beaucoup évolué depuis sa création en parallèle des stations de ski. Les premiers artificiers n'avaient pas de DVA pour se protéger, mais un fil accroché à un ballon rouge ! De quoi faire sourire aujourd'hui…
