Course à pied : les femmes contre les hommes, on fait le match !

Elles ne font plus figures d’exceptions. Encore un peu et on ne s’étonnerait (presque) plus. Les femmes qui gagnent des courses devant les hommes ne sont plus aussi rares qu’autrefois.

En août 2019, Fiona Kolbinger remportait la Transcontinental Race, épreuve cycliste de 4 000 km. Un peu plus tôt en 2019, la traileuse Camille Herron pointait en tête du Tarawera Ultramarathon (160 km) jusqu’au 132e kilomètre avant de céder la victoire au scratch à Jeff Browning.

En 2013 déjà, Rory Bosio franchissait la ligne d’arrivée de l’Ultra Trail du Mont-Blanc® en 7e position au scratch. Bref, les exemples pourraient se multiplier à l’envi et renforceraient l’idée selon laquelle les femmes pourraient bien être plus performantes que les hommes sur les épreuves de grand fond.

Mais qu’en est-il vraiment ? Le sentiment éprouvé face aux prouesses de quelques athlètes féminines de l’élite correspond-il à une réalité ou n’est-il qu’une illusion ? La réponse se révèle complexe, la performance étant la résultante d’un faisceau de paramètres divers et parfois difficiles à mesurer scientifiquement. De la physiologie à la sociologie en passant par l’histoire et la psychologie, nous avons organisé un petit match entre femmes et hommes. Prêt(e)s ? Partez !

1ère manche : une arrivée tardive des femmes en compétition

Souvenez-vous… Il n’y a pas si longtemps, une femme audacieuse osait défier le règlement du marathon interdisant aux dames de s’aligner au départ sous prétexte que leur utérus pouvait tomber et qu’elles risquaient de se masculiniser en courant aussi longtemps. Considérations moyenâgeuses ? Le scandale provoqué par la participation de Kathrine Switzer au marathon de Boston ne remonte pourtant qu’à l’année 1967. Presque hier…

L’introduction de la mixité au départ des épreuves longues distances est encore plus récente puisque le premier marathon olympique féminin s’est déroulé en… 1984 ! Les performances réalisées par les femmes ont alors démonté point par point tous les arguments qui les avaient tenues éloignées des épreuves longues.

Certains chercheurs se sont penchés sur la question des femmes dans le sport et ont analysé la progression de leurs prouesses. Résultat : les performances féminines se sont amélioré bien plus vite que celles de leurs homologues masculins. Quelques-uns ont alors affirmé que si cette progression se poursuivait ainsi, les femmes pourraient bien gagner des courses au scratch.  

Résultat de la première manche : avantage aux femmes

2ème manche : une affaire de densité

« Le peloton féminin est moins fourni et la densité de performance est moindre. » L’affirmation de Pascal Balducci, chercheur et entraîneur, est sans appel. Elle s’appuie sur un travail d’analyse des résultats sportifs de quelques grandes courses d’ultra trail depuis plusieurs années et le verdict ne laisse aucune place au doute.

En ultra, le pourcentage de femmes oscille autour de 10 % (exceptionnellement jusqu’à 20 %) du total des participants. Par conséquent, l’élite féminine est beaucoup moins nombreuse que l’élite masculine. Plus rares dans le peloton, les femmes ont donc statistiquement moins de chances de rivaliser avec les hommes.

Pascal Balducci ajoute : « La difficulté à cumuler les trails longs au cours d’une saison, la croissance exponentielle du nombre de compétitions, la multiplication des courses au sein d’un même événement : tous ces facteurs ne vont pas dans le sens de la concentration des élites masculines et féminines sur les mêmes épreuves de référence, ce qui est d’autant plus vrai chez les femmes qui ne représentent qu’une faible partie des coureurs sur le long et surtout sur l’ultra. »

Bref, globalement moins nombreuses que les hommes au départ et plutôt esseulées lorsqu’elles font partie de l’élite, les femmes ont moins de chances de caracoler en tête au scratch.

Résultat de la deuxième manche : avantage aux hommes

Photos Adobe Stock
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3ème manche : la fracture du myocarde

N’en déplaise aux partisans les plus virulents de l’égalité des sexes, il existe des différences physiologiques entre hommes et femmes… et on n’y peut rien ! Ainsi, l’homme possède un myocarde plus gros que celui de la femme, ainsi qu’un volume sanguin plus élevé et un taux d’hémoglobine supérieur.

Le VO2max, qui est le volume d’oxygène maximal que l’organisme est capable de consommer lors d’un effort physique intense, est considéré comme l’indice de performance sportive le plus fiable. Or le VO2max dépend étroitement du débit cardiaque.

Les athlètes masculins de l’élite affichent ainsi une VO2max autour de 85 ml/min/kg. Quant aux championnes, elles voient leur VO2max « plafonner » à 70 ml/min/kg. Du fait d’un myocarde plus petit, d’un volume sanguin plus faible et d’un taux d’hémoglobine inférieur, une femme aura beau s’entraîner, elle n’arrivera jamais à atteindre une VO2max équivalente à celle d’un homme qui s’entraînerait autant (voire moins) qu’elle.

Résultat de la troisième manche : avantage aux hommes

4ème manche : le poids du gras

Encore une manche où tout est joué d’avance… Lorsqu’on parle de gras, la femme est vaincue avant même le coup d’envoi. La réalité physiologique est implacable : les femmes ont un taux de masse grasse (MG) bien supérieur à celui des hommes, quel que soit le niveau sportif des athlètes.

Un homme sportif présente en général autour de 10 % de MG, tandis qu’un marathonien affûté peut descendre jusqu’à 4 %. Une femme sportive affiche plutôt 15 % et une marathonienne très fine peut espérer atteindre 8 %. Si l’on considère que plus on est léger, plus on court vite, la conclusion est rédhibitoire.

Mais ce « handicap » féminin ne pourrait-il pas devenir un atout sur les très longues distances, lorsque la filière énergétique dite lipidique joue un rôle clé ? La réponse est oui : le fonctionnement hormonal féminin joue en faveur des coureuses dont l’organisme utilise plus facilement les substrats lipidiques lorsque l’effort s’inscrit dans la durée.

Ceci dit, ce léger avantage est vite anéanti par la différence de musculature : tandis que les femmes disposent d’environ 28 % de masse musculaire, les hommes peuvent arborer fièrement un taux de 35 %. À la clé : plus de force et de puissance pour ces messieurs, deux qualités plutôt utiles en course à pied.

Résultat de la quatrième manche : avantage aux hommes

Photo Adobe Stock
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5ème manche : les vertus de la lenteur

« La surface musculaire occupée par les fibres à contraction lente est plus grande en moyenne chez les femmes que chez les hommes », indique le chercheur Guillaume Millet. Lors d’un effort long, les fibres musculaires dites lentes sont les plus sollicitées : résistantes à la fatigue, elles sont davantage adaptées aux activités nécessitant de l’endurance.

A contrario, les fibres musculaires dites rapides atteignent leur pic de tension deux fois plus rapidement : elles sont donc idéales pour les efforts plus courts, exigeant force et puissance, mais elles s’épuisent plus vite. Les femmes disposent donc d’un avantage sur les hommes : leur fatigue musculaire arrive plus tardivement.

À ce paramètre purement physiologique peut s’adjoindre un facteur psychologique : la tendance des femmes à sous-estimer leurs capacités à réussir, comme plusieurs études de sociologie l’ont mis en évidence. Moins confiante en elle, une femme prend souvent un départ prudent tandis qu’un homme s’élance beaucoup plus vite, au risque d’exploser en plein vol. À la clé : une gestion plus raisonnable de l’effort de longue durée qui, couplée à une meilleure endurance musculaire, donne un avantage non négligeable à la femme.

Résultat de la cinquième manche : avantage aux femmes

6ème manche : un mental de guerrière

L’idée est largement répandue : les femmes supporteraient des douleurs plus vives que les hommes et cette capacité serait liée à la nécessité de surmonter les douleurs de l’accouchement. À ce jour, cette croyance n’a pas encore été démontrée scientifiquement. Par ailleurs, dans nos sociétés européennes occidentales, une femme doit faire preuve de ténacité et de courage pour assumer une multitude de missions quotidiennes (travail, tâches ménagères, gestion des enfants, activité sportive…).

Historiquement, les femmes ont toujours lutté pour faire reconnaître leurs droits, qu’il s’agisse de voter, de travailler, de prendre le départ d’un marathon ou d’être rémunérées à égalité avec les hommes. Plusieurs études sociologiques ont démontré que les femmes sont globalement plus exigeantes envers elles-mêmes que les hommes. La femme paraît donc mentalement plus « armée » pour affronter une épreuve physique difficile.

De surcroît, si elle se met à doubler des hommes (qui demeurent la valeur étalon dans nos sociétés), alors sa motivation est décuplée. Néanmoins, une telle analyse mérite d’être nuancée : si des différences psychologiques entre femmes et hommes peuvent émerger, les variations interindividuelles restent beaucoup plus marquées. Mais peut-être que les femmes douées d’une force mentale « hors normes » sont aussi celles qui s’alignent au départ des compétitions, surtout des ultras ?

Résultat de la sixième manche : égalité

Qui est gagnant ?

Le score final s’avère assez trompeur (Femmes 3 – Hommes 4). On pourrait croire que l’écart entre femmes et hommes est mince alors que tous les paramètres de la performance mis en jeu sur chaque manche ne se valent pas. Le VO2max et le taux de masse grasse semblent peser bien plus lourd que les autres facteurs… ce qui laisse donc une belle marge aux hommes !

En partenariat avec Outlines
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