Derrière la haute silhouette longiligne qui semble marcher sur le lac, le sommet de la Grande-Motte, nappé de ses neiges éternelles, donne un air de carte postale à la scène. Située à 2 100 mètres, la station de Tignes jouit d’un glacier qui se skie en toutes saisons mais aussi d’une base nautique de plus en plus prisée. Depuis près de dix ans, le stand up paddle, appelé aussi SUP, s’est incrusté sur le lac. Fabrice Maleville, Directeur des sports et des loisirs de la commune, observe un engouement croissant pour la pratique : « Ce sport est très accessible, les gens en sont friands. Nous avons commencé en louant quatre planches, nous en possédons désormais vingt-cinq. C’est un atout pour une station de ski de proposer des activités nautiques. »
Né dans les années 60 à Hawaï, rien ne prédestinait le SUP à se faire une place en montagne. L’arrivée des planches gonflables, au début des années 2010, a permis de délocaliser l’activité partout où il y a une étendue d’eau. Chaque année de nouveaux modèles, plus compacts et plus légers, permettent l’accès à des endroits de plus en plus reculés.
Même technique, philosophie différente
Benoît Mouren est l’un des pionniers du SUP en montagne. Passionné, un chouïa visionnaire, il démocratise le sport en altitude en créant, en 2013, l’Alpine Lakes Tour, un circuit de compétitions disputées sur les lacs alpins. « Il y a une ambiance particulière, différente, quand on rame entouré de montagnes, un genre de contraste entre le sport nautique et l’environnement dans lequel il est pratiqué. Autour il y a les montagnes, la neige, les glaciers, les animaux qui pâturent. Il nous arrive de pagayer la journée et de passer la nuit en refuge. C’est une expérience unique, géniale, sportive, sensorielle et humaine. »
Désormais habitués du circuit, Amandine Chazot et Boris Jinvresse, tous deux Brestois et pratiquants professionnels, se réjouissent toujours d’une virée en altitude. « C’est le seul endroit où je me surprends à regarder les montagnes en me disant que c’est magnifique tout en étant dans le rouge au niveau cardio », raconte Boris. Pour Amandine, même si la technique reste « la même qu’en mer », il subsiste des différences : « Sur les lacs, il n’y a pas de courant, peu de vent, c’est souvent lisse et donc très accessible. Il y a aussi une philosophie différente. Les gens parlent escalade, ski de fond, VTT. Chez nous, c’est plutôt orienté surf. Ce regard différent sur une même pratique nous enrichi à chaque fois. » Popularisé grâce aux compétitions, aux rassemblements et aux images que ces derniers véhiculent, le SUP en montagne est aussi l’occasion d’offrir un nouveau mode d’évasion aux pratiquants de sports outdoors. Un nouvel espace de liberté s’ouvre désormais aux montagnards avides de tranquillité.
1. Se protéger
Si les écarts de températures entre l’eau et l’air présentent de grosses différences, il est essentiel de se mouiller la nuque et les pieds environ toutes les demi-heures.
2. Se renseigner
Le vent est l’ennemi du paddle. Il faut suivre l’évolution de la météo au fil de la journée pour ne pas être surpris en pleine session. Pour les novices, il est conseillé de longer les rives plutôt que de s’aventurer au large. Astuce : toujours débuter sa sortie face au vent, il sera plus facile de rentrer une fois fatigué.
3. S’équiper
Prévoir une tenue en plusieurs couches, pour se déshabiller pendant l’effort, des chaussons, les pieds restent la partie le plus froide du corps et un leash pour ne pas perdre sa planche en cas de chute.
4. Se positionner
Se placer de face, un pied de chaque côté de la poignée, qui représente le centre, les jambes souples et fléchies.
5. Manier la pagaie
La prise en main n’est pas forcément intuitive. La tenir verticale dans l’eau et aller chercher loin devant, bras tendus.