Les snowboardeurs abîment-ils plus les pistes que les skieurs ?

C’est d’abord une histoire de goût. Il y a ceux qui préfèrent le snowboard et ceux qui ne jurent que par le ski (on met de côté ceux qui pratiquent les deux).

Un terrain de jeu à partager

Pour les néophytes, les différences résident d’abord dans le matériel, une planche et des boots pour les uns, deux planches et des chaussures de ski pour les autres. L’apprentissage, les trajectoires, la progression… chaque pratique a ses spécificités mais ces deux familles ont en commun le plaisir de la glisse et un terrain de jeu à partager.

Le temps d’une remontée, quel skieur n’a pas jeté un regard désapprobateur sur le surfeur en galère sur une piste, optant pour un dérapage continu, cisaillant et raclant la neige dans le même temps ? La question est posée : les snowboardeurs abîment-ils plus les pistes que les skieurs ?

Pour trancher le sujet, on a posé la question à Jean-Christophe Lapalus, directeur du service des pistes de l’Alpe d’Huez. « Un très bon surfeur va tailler des courbes. Un surfeur en phase d’apprentissage a, des fois, plus tendance à déraper. Il descend plus la neige et va faire, peut-être, plus vite ressortir la glace », explique-t-il. À la différence, « les skieurs creusent moins parce que la pression est répartie sur deux appuis, donc la neige est lissée ».

Le damage généralisé a unifié le terrain de jeu

D’une part, on ne va pas critiquer les snowboardeurs débutants, parce que tout pratiquant est passé par cette phase, et d’autre part, « il ne faut pas en faire une généralité », s’empresse d’ajouter le responsable.

Par ailleurs, « il y a quelques années, la tendance était de laisser les pistes à leur état naturel avec des bosses. Un snowboardeur avait tendance à les casser et les tailler différemment. Du coup, pour les skieurs, c’était moins adapté ». Mais depuis, le damage généralisé a unifié le terrain de jeu (avec encore quelques murs vierges certes).

Le cas particulier des pistes comme celle du Tunnel

Une particularité vient quand même pointer le bout de ses spatules. « Sur une piste comme le Tunnel, le départ est technique, étroit et non damé. Les surfeurs vont peut-être déraper les 30 premiers mètres d’entrée de piste. Cela va créer une ornière de la largeur de leur planche (NDLR : 1,5 m de large), détaille Jean-Christophe. Derrière, le skieur quand il arrive avec ses skis de 1,80 m, il ne va pas être bien. Il aura le talon et la spatule posés sur la neige et au milieu, plus d’appui ».

Pour l’équipe des dameurs comme pour le service des pistes, la réponse à notre question est donc non. Alors ne condamnons plus les snowboardeurs. « C’est quand même grâce au surf qu’on a eu cette évolution des skis, raccourcis et élargis », souligne Jean-Christophe. Les deux familles peuvent admirer mutuellement leurs belles courbes… Enfin, il n’y en a qu’une qui pourra godiller !