« Le ski coûte cher », répètent d’aucuns à l’envi. Mais ses accidents (plus de 40 000 interventions des pisteurs-secouristes chaque hiver en France, dont une majorité sur des pistes bleues) encore plus.
Secours gratuits en France, mais pas en montagne
Au moment d’acheter le précieux forfait, beaucoup oublient que c’est une activité à risque et de jeter un coup d’œil aux tarifs des secours affichés à l’office de tourisme, l’école de ski, la mairie… Car le principe de gratuité des secours en France connaît une exception par la loi Montagne, et les secours sur piste sont payants, parfois exorbitants.
En moyenne, il faut compter 430 euros pour un secours sur piste en zone éloignée, 225 euros pour une ambulance du pied des pistes au cabinet médical, 1 850 euros pour une évacuation héliportée. De quoi inciter à être assuré, bien assuré.
Des conséquences qui peuvent aller plus loin que le prix
« L’assurance devrait être obligatoire », reconnaît Éric Viallet, président de l’Association nationale des directeurs de pistes et de la sécurité de stations (ADSP). « On peut très bien se remettre d’un accident, mais pas financièrement. » Il cite un exemple récent, la chute d’un jeune garçon en bordure de piste avec suspicion de fracture de la rate. Coût de l’évacuation vers Grenoble à bord de l’hélicoptère du Saf (avec qui les communes support de station ont une convention), 8 200 euros ! « A 76 euros, la minute hors taxe d’hélico, ça va vite, poursuit le chef des pistes de Valloire. Tout est tarifé. Ce n’est pas à la collectivité d’assumer l’erreur, parfois même l’inconscience des usagers. » Sauf qu’avec un hélicoptère public, il n’y a pas de facturation…
Sur piste, le pratiquant est redevable du secours. « Mais c’est la collectivité qui le perçoit, et ensuite l’exploitant (NDLR : à qui les secours sont délégués) refacture le coût global à la collectivité », explique Éric Viallet. Système qui a une limite, la solvabilité de la victime, notamment de certains ressortissants étrangers, et là, c’est la collectivité qui va payer. Mieux vaut donc être assuré, et connaître les conditions de sa responsabilité civile ou sa garantie accident, notamment sa couverture juridique. Pour un accident dont vous seriez victime (même si l’auteur est non identifié ou non assuré) ou fautif d’un dommage causé à un tiers par un comportement dangereux ou même avec… une perte du matériel dont vous avez la garde. Et les parents d’un mineur, s’ils sont présents, peuvent aussi être responsables. Les conséquences, au-delà de l’indemnisation du préjudice subi, peuvent aussi être judiciaires (amende et/ou peine d’emprisonnement) si la responsabilité pénale est engagée.
D’autres subtilités côté hors-piste
Pour un secours hors-piste, domaine non-sécurisé, le principe de gratuité s’applique, avec l’intervention des moyens de l’État (PGHM, CRS ou groupe montagne sapeurs-pompiers), mais une partie de l’intervention d’un médecin peut rester à charge de la victime, en plus de la Sécurité sociale et de la part mutuelle. Et ça peut aller jusqu’à 1 500 euros de l’heure… Dans le cas d’un hors-piste gravitaire ou d’une piste de fait (accessible en remontées mécaniques ou à proximité des pistes), les moyens « communaux » peuvent être engagés et la collectivité peut demander le remboursement. Et ça chiffre vite en centaines d’euros.
Avant de plonger « dré dans le pentu », il est donc sage de vérifier vos contrats d’assurance, dont la garantie accident et la responsabilité civile, pour savoir si les frais de secours sont couverts et sous quelles conditions (plafond d’indemnisation, franchise…), parfois même votre mutuelle santé. Ou de payer vos activités de montagne avec votre carte bancaire, certaines intégrant une garantie couvrant les frais engagés en cas de secours, même en hors-piste.
Ou alors de se tourner vers les fédérations qui incluent dans l’adhésion une assurance adaptée (Club alpin français, Fédération française de la montagne et de l’escalade…) ou des produits neige spécifiques (Carré neige, Assur’gliss…). « En France, on a encore la chance d’avoir un système d’assurance qui reste bénéficiaire sur piste », conclut Éric Viallet. Une petite précaution vaut mieux qu’une grande désillusion.
Article issu du Dauphiné Libéré