Depuis près de 20 ans, Christophe est gérant de la boutique de vente et de location de skis Ls by Lanches située à Thonon-les-Bains. Alors autant dire que des skis en sale état, il en a vu un paquet. Dans l’atelier situé dans l’arrière-boutique, une soixante de paires de skis sont alignées. Elles ont un point commun : elles attendent d’être entretenues. Mais alors, comment savoir si nos skis sont usés ?
« Dès qu’on n’arrive plus à glisser ou à tourner correctement, il faut aller à l’entretien »
Imaginez : vous êtes en haut d’une piste, prêts à la dévaler à toute vitesse, vous vous lancez et… vous n’avancez pas. C’est qu’il est temps de faire vérifier vos skis ! « Dès qu’on n’arrive plus à glisser ou à tourner correctement, il faut aller à l’entretien », explique Christophe. Recherchez alors les signes d’usure sur vos skis : « Quand on prend un ski et qu’on le retourne, on regarde si les carres sont rouillées ». Les carres, ce sont les parties métalliques situées sur les côtés de la semelle du ski.
« Il faut aussi regarder l’angle des carres. Il faut qu’il soit pile à 90° », poursuit le gérant de Ls Lanches. Car plus les skis sont utilisés, plus les carres vont s’arrondir. Ensuite, regardez l’état de la semelle : « On regarde s’il y a des rayures, des trous et si la semelle a blanchi. Plus elle va blanchir, plus il va y avoir besoin de fart », précise Christophe.
Le fart, c’est un produit dont on enduit la semelle pour « aider à la glisse et nourrir le plastique ». Cette paraffine facilite l’écoulement de la pellicule d’eau qui se forme durant la glisse entre la neige et la semelle. Sans fart, le ski « ne glisse plus du tout ».
Une fois les dégâts constatés, le travail du skiman commence : les trous sur la semelle sont comblés, elle est ensuite poncée puis fartée. Enfin, les carres sont soigneusement affutées.
« À force d’affutage, les carres diminuent jusqu’au moment où il n’y en a plus »
Si l’entretien permet de gommer les signes d’usure d’un ski, paradoxalement, il le tue aussi à petit feu. « À force d’affutage, les carres diminuent jusqu’au moment où il n’y en a plus », explique Christophe. Même chose pour les semelles : « A force de les poncer, il n’y a juste plus de plastique et le ski est mort ».
Une fois qu’ils sont irrécupérables, où faut-il alors les jeter ? « Malheureusement, il y a tellement de matériaux dans les skis (colle, composite, plastique, ferraille…) qu’il est très difficile de les recycler, donc ça fini très souvent à la déchetterie », regrette le gérant, qui a néanmoins trouvé une solution permettant de les revaloriser : « Nous, on a une coopérative qui vient récupérer les skis pour les réutiliser dans de l’ameublement ». Pour les particuliers, une meilleure solution que la déchetterie existe tout de même.
Depuis peu, une dizaine de bennes spécifiques ont été installées en Haute-Savoie pour que le matériel de ski soit recyclé ou valorisé. Chaque année 500 000 skis sont jetés en France. Avant d’en arriver là et pour préserver aux mieux vos skis, Christophe a un conseil : « Évitez de skier sur le parking, restez sur la neige ! »
Article issu du Dauphiné Libéré
