« Saison historique » : le paradoxal record de la Compagnie des Alpes

On avait déjà des indices, ce n’est pas vraiment une surprise : la Compagnie des Alpes (CDA) vient de dévoiler des résultats records, une nouvelle fois.

« Grâce à une saison de ski particulièrement dynamique et malgré des conditions météorologiques compliquées pour nos parcs de loisirs, 2023/24 aura été un très bon exercice, tant au niveau opérationnel qu’au niveau de nos résultats financiers » salue Dominique Thillaud.

Qu'est-ce que la Compagnie des Alpes ?

Opérateur de parcs de loisirs comme le Parc Astérix, le Futuroscope, Walibi Rhône-Alpes ou encore le musée Grévin à Paris, premier exploitant européen de domaines skiables (La Plagne, Les Arcs, Val d’Isère, Serre Chevalier, Tignes… ), la Compagnie des Alpes est le premier exploitant mondial de domaines skiables.

Une croissance paradoxale

Après avoir dépassé, pour la première fois de son histoire, le milliard d’euros de chiffre d’affaires (CA) sur son exercice 2022/2023, l’entreprise poursuit donc son ascension avec un CA pour 2023/2024 de 1,239 Mds€, soit une progression de 10, 1 % sur un an.

Si les trois activités du groupe ont progressé, c’est bien la dizaine de domaines skiables qu’exploite la Compagnie des Alpes (Val d’Isère, les Arcs, Serre Chevalier, Flaine…) leader européen sur ce secteur, qui a été le principal levier de cette croissance, avec 8 % de fréquentation de plus sur ses pistes (+13 % de recettes) dans un contexte de faible enneigement à basse altitude et de report de clientèles vers les stations les plus élevées.

David Ponson, patron des activités montagne au sein de la CDA, confiait récemment le paradoxe d’une saison hivernale 2023/24, « la meilleure financièrement mais aussi la plus dure pour les conditions d’exploitation. Tout devient incertain, compte tenu des phénomènes liés au réchauffement climatique. »

Engivrement des câbles à haute altitude, installations emblématiques fragilisées par le permafrost ou caractère plus imprévisible des avalanches dans la sécurisation des pistes.

Tignes (Savoie). Le 5 avril 2024. Vidange du barrage et devoir de mémoire sur  l'ancien village. reproduction  de vues historiques      Photo: Thierry Guillot / Le Dauphiné Libéré/ Photo Thierry Guillot
Tignes (Savoie). Le 5 avril 2024. Vidange du barrage et devoir de mémoire sur l'ancien village. reproduction de vues historiques Photo: Thierry Guillot / Le Dauphiné Libéré/ Photo Thierry Guillot

Des activités de plus en plus diverses

2024 aura vu la CDA accroître encore son périmètre dans l’activité parcs de loisirs, avec le rachat d’Urban (foot en salles), mais aussi apprendre qu’en 2026, elle allait perdre la concession de Tignes, sa station historique depuis sa création en 1989. Un deuxième grand domaine en moins, quatre ans après les 2 Alpes.

Aujourd’hui la branche montagne est dépassée par les parcs en volumes d’affaires, 552,8 M€ contre 570,1 M€ de recettes. Le troisième secteur « Distribution et hospitality », (hébergement) avec 116,4 M€ est soutenu par le rachat il y a deux ans de MMV, deuxième groupe hôtelier dans les Alpes.

Dominique Thillaud précise que les « délégations de service public aux Menuires comme à Bonneval-sur-Arc dans le domaine de Val d’Isère ont été prolongées démontrant ainsi notre volonté de pérenniser notre engagement dans les territoires où nous sommes présents, en particulier dans les Alpes françaises. »

La Compagnie du Mont-Blanc, deuxième opérateur de remontées mécaniques en France, avec plus de 8% de l'activité derrière, la Compagnie des Alpes (Tignes, Val d'Isère, les Arcs, La Plagne, Serre Chevalier...) qui est son actionnaire de référence.
La Compagnie du Mont-Blanc, deuxième opérateur de remontées mécaniques en France, avec plus de 8% de l'activité derrière, la Compagnie des Alpes (Tignes, Val d'Isère, les Arcs, La Plagne, Serre Chevalier...) qui est son actionnaire de référence.

Des défis conséquents

Concernant la décision de la commune de Tignes de reprendre la gestion de ses remontées mécaniques, au terme de l’actuel contrat le 1er juin 2026, avec une société publique locale, la CDA devrait être indemnisée à hauteur de 150 M€, au titre des biens de retour et de reprises. Un montant susceptible d’être réinvesti pour conquérir un autre domaine ? Las sur ce marché mature des sports d’hiver, les sites stratégiques répondant aux canons de la Compagnie des Alpes (haute altitude et forte capacité en lits) ne sont pas légion.

D’autant que la concurrence pourrait se faire plus vive, avec notamment le numéro 1 mondial Vail Resorts qui a déjà repris des stations suisses. Pour 2025, le défi sera de conserver l’exploitation de La Plagne, première station mondiale en fréquentation (2,6 millions de journées skieurs). Selon nos informations, la CDA n’est pas la seule à avoir retiré un dossier de candidature. On devrait savoir d’ici septembre 2025 si elle se succédera à elle-même pour la nouvelle concession à partir de 2027.

Preuve qu’elle est loin d’avoir baissé le pied dans l’activité, l’entreprise a tout de même investi 113 M€ sur ses domaines l’an dernier (261 M€ dans ses trois activités) et le niveau devrait être comparable en 2024/25 avec une enveloppe globale d’environ 276 M€ tous secteurs confondus.

Par ailleurs à la veille de la nouvelle saison d’hiver, la confiance est de mise, portée par la hausse des réservations dans les stations d’altitude, notamment pour la période des vacances scolaires de Noël qui, comme l’année dernière sera à cheval entre le 1er et le 2e trimestre. De même la période commerciale d’Halloween a connu une croissance à deux chiffres dans les parcs où les indicateurs pour Noël sont au vert.

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Article issu du Dauphiné Libéré

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