C’est un coin de nature où quelque chose change. Moins de routes. Pas d’affichages criards. Un sentiment d’espace. Et surtout, des règles plus strictes qu’ailleurs. Bienvenue dans un parc national.
Mais à part le nom et le les panneaux d’entrée, qu’est-ce que ça change ? Qu’est-ce qui distingue vraiment un parc national d’un simple espace naturel ? Et enfin, pourquoi, en France, la moitié des parcs nationaux se trouvent-ils en montagne ?
Qu’est-ce qu’un parc national ?
C’est un territoire désigné par l’État comme exceptionnel et fragile, qu’il convient de préserver. En France, ce statut repose sur une organisation en deux zones distinctes :
- Le cœur, ultra-protégé, où les règles sont strictes, pas de construction, pas de chasse, ni de circulation motorisée.
- Une aire d’adhésion, plus souple, où les communes s’engagent volontairement dans une démarche de valorisation durable.
Le but ? Permettre une cohabitation intelligente entre préservation de la biodiversité et activités humaines compatibles.
Le modèle français est à part. Il combine protection forte et présence humaine, ce qui le distingue des grands parcs américains par exemple, où l’accès au public est parfois plus encadré mais l’humain beaucoup moins présent au quotidien.
L’histoire de France et ses parcs nationaux
Si le premier parc national du monde est Yellowstone, créé aux États-Unis en 1872, la France s’est rapidement investie dans cette dynamique.
Dès 1913, elle lance le « parc de la Bérarde » en haute montagne, ancêtre des Écrins, qui marque ses premiers pas dans la protection nationale des espaces naturels. Mais c’est en 1963 que la France officialise son premier vrai parc national, la Vanoise, en plein cœur des Alpes.
La même année, Port-Cros, premier parc marin français, ouvrait ses portes en Méditerranée. Les Pyrénées ont suivi en 1967, offrant un refuge naturel aux paysages sauvages du sud-ouest. En 1970, ce fut au tour des Cévennes, où la nature et la culture locale cohabitent étroitement.
Puis viennent les Écrins en 1973, emblème de la haute montagne alpine, et le Mercantour en 1979, qui s’étend à la frontière italienne. Plus récemment, la France a enrichi sa liste avec des parcs d’outre-mer : la Guadeloupe en 1989, La Réunion en 2007, et la Guyane la même année.
En 2012, les Calanques, avec leurs falaises et eaux turquoise, sont devenues parc national, suivies en 2019 par le Parc national de forêts, premier parc terrestre créé en plaine.
Pourquoi autant de montagne ? Deux grandes raisons
Sur ces onze parcs, six sont incontestablement en zone de montagne. Or ce n’est pas un choix par défaut.
D’abord, parce que la montagne concentre tout ce que les parcs nationaux cherchent à protéger. Les écosystèmes de montagne sont particulièrement sensibles : la faune et la flore y sont adaptées à des conditions extrêmes, mais aussi très vulnérables aux changements, qu’ils soient climatiques ou liés aux activités humaines. Pour préserver cette biodiversité unique et éviter la dégradation des paysages, la protection stricte via un parc national est souvent indispensable.
La seconde raison tient à la faible densité de population en zones montagneuses. Ces territoires, souvent peu habités et difficiles d’accès, se prêtent mieux à des mesures de protection fortes. En comparaison, les zones plus peuplées ou industrialisées sont plus complexes à protéger intégralement sans perturber la vie quotidienne : c’est donc un argument économique.
La Vanoise, un cas à part
Créé en 1963, la Vanoise est souvent présenté comme le tout premier parc national français, non seulement d’un point de vue historique, mais aussi en terme de popularité.
La première chose qui rend la Vanoise unique, c’est son jumelage avec le parc national italien du Grand Paradis, juste de l’autre côté de la frontière. Ensemble, ces deux espaces forment avec leurs 1 250 km carrés la surface protégée la plus étendue d’Europe occidentale.
Mais deuxième particularité, ce coin de nature grandiose doit jongler avec une réalité économique bien ancrée : le ski. La Vanoise détient même le record impressionnant du massif le plus fréquenté au monde avec plus de 15 millions de journées-skieurs vendues chaque année.
Avec 18 domaines skiables, cette concentration exceptionnelle est en grande partie due à la vallée de la Tarentaise, qui regroupe des stations emblématiques telles que Les Trois Vallées, Paradiski et Espace Killy.
Le modèle français par excellence
Sauf que ce double visage impose des choix difficiles. D’un côté, il faut préserver des paysages et des écosystèmes fragiles, dont la flore alpine et les bouquetins emblématiques. De l’autre, la montagne est un moteur économique vital pour la région, avec des milliers d’emplois liés au tourisme hivernal.
A ce jeu là, le parc de la Vanoise illustre parfaitement le défi des parcs nationaux : concilier la protection stricte d’espaces naturels sensibles avec une activité humaine intense et durable. C’est cette cohabitation délicate qui fait toute la richesse… et la complexité des parcs nationaux de montagne en France.