Nez qui gratte, gorge qui pique, yeux embués… Chaque année, c’est le même rituel : le printemps débarque, les bourgeons explosent, et les allergènes aussi.
Mais une idée revient souvent chez les citadins enrhumés : et si la montagne était la solution ? Un grand bol d’air, loin des pollens de plaine… Vraiment ?
Moins de pollens en altitude : mythe ou réalité ?
Bonne nouvelle pour les nez sensibles : au-delà de 1 500 mètres, la concentration en pollens chute de manière significative. Ce n’est pas magique, c’est botanique. Beaucoup de végétaux très allergisants, comme le bouleau ou certaines graminées, ne poussent pas à haute altitude. Résultat : les personnes allergiques peuvent souffler un peu (littéralement).
Selon les estimations de l’institut national américain pour l’information biologique moléculaire (NCBI), à 2 000 mètres d’altitude, la concentration en pollens peut être jusqu’à 10 fois inférieure à celle mesurée en plaine au printemps. Mais ce répit naturel varie selon les espèces végétales et les conditions météo : un simple redoux peut tout faire éclore en quelques jours
Mais tout dépend du moment et du lieu. En montagne, les saisons sont décalées. La floraison y commence plus tard qu’en plaine, parfois avec plus d’un mois de retard. C’est un atout si l’on cherche à fuir un pic allergique de fin mars en ville, par exemple. En montant en altitude en avril, on peut retrouver l’hiver… et donc éviter le pire.
« L’air pur », un vrai bénéfice?
Autre argument qui revient souvent : l’air des sommets serait plus pur, plus frais, plus sain. En effet, les zones de moyenne à haute montagne sont souvent moins exposées à la pollution atmosphérique, qui tend à aggraver les allergies respiratoires. Moins de particules fines, moins de gaz irritants, donc potentiellement moins de réactions en chaîne dans les voies respiratoires.
Mais attention, tout n’est pas si simple. Certaines vallées encaissées peuvent concentrer les pollens localement, surtout s’il y a peu de vent. Et des stations très fréquentées peuvent, en saison, cumuler pollution automobile, chauffage, voire particules de bois issues des poêles. Bref, l’air de montagne est plus pur, oui… mais pas toujours cristallin.
Toutes les allergies ne disparaissent pas
On pense souvent aux allergies aux pollens, mais ce ne sont pas les seules. Acariens, moisissures, poils d’animaux, aliments… autant de déclencheurs possibles, y compris en altitude. Et certaines plantes typiquement montagnardes peuvent elles aussi provoquer des allergies : arnica, ambroisie de montagne, séneçon jacobée…
Autre risque, souvent ignoré : les pollens d’altitude peuvent être plus agressifs pour les personnes non habituées, justement parce qu’ils sont moins fréquents. un organisme « au repos » peut réagir plus fort à une petite dose, surtout lors d’un séjour prolongé. Décourageant, non ? Tempérons quand même notre Hypocondrie, et gardons en-tête qu’en général, la montagne reste un bon refuge face aux pollens