Boucher le matin, moniteur de ski à midi : le quotidien chargé de ce haut-alpin

Des travailleurs pluriactifs, les stations des Hautes-Alpes en comptent beaucoup. Mais des bouchers-moniteurs de ski, il n’y en a qu’un : c’est Christophe Davin.

Plus fort encore, le Champsaurin de 48 ans exerce les deux métiers à la fois. Alors, vous ne le verrez pas hacher de la viande sur les pistes de Chaillol, mais au mois de février, quand il n’est pas dans l’atelier de la Boucherie de Chabottes, c’est qu’il enseigne le dérapage aux “oursons”.

Des journées bien remplies

Pour faire deux journées en une, il faut se lever tôt. « À 5 heures, je suis ici. On fait toute la préparation », explique-t-il en désignant l’étal où saucisses, filets mignons, oreilles d’âne et autres jailles maison donnent l’eau à la bouche. « Tous les plats sont en place à 7 heures.

Là, on fait les commandes et à 8 heures, on ouvre ! » Au passage, il faut que Christophe Davin alimente les casiers réfrigérés accessibles 24/24 h depuis peu. À partir de 11 h 30, c’est le coup de feu, le moment où les clients affluent.

Et à midi, il est l’heure pour notre artisan de changer de crémerie. « Je décampe. Le temps de manger un petit bout, je suis là-haut dix minutes avant d’attaquer. » Là-haut, c’est Chaillol, 1 600 m d’altitude, à 6 km de la boucherie.Il enfile sa tenue rouge ESF et entre en piste à 13 heures. « J’ai des petits de 5 à 9 ans. Je m’éclate. »

Un parcours étonnant 

Christophe Davin n’aurait dû être ni boucher, ni moniteur. « Je suis tourneur, en fait. » Sauf qu’une fois son BTS productique mécanique en poche en 1997, il ne trouve pas d’employeur. « Trop jeune », s’entend-il répondre. Alors il se tourne vers le ski, se forme à Saint-Léger-les-Mélèzes et valide son diplôme de moniteur en 2001 à Chamonix. Direction ensuite Chaillol, puis l’espace Killy – Tignes et Val d’Isère – en 2003. Il y restera jusqu’en 2016.

Mais jamais il ne s’éloigne de la boucherie familiale. Celle que son papa Claude a fondée le 22 mars 1975, il y a 50 ans donc. Christophe y est né, pour ainsi dire. Très vite, il donne un coup de main, gagne ses étrennes l’été. « Ça me plaisait de travailler avec les grands. » Même pendant ses années savoyardes, ses couteaux sont aussi affûtés que ses carres. « Pendant 13 ans, j’ai fait les saisons ici, de juin à novembre. »

Nouveau virage quand l’heure de la retraite sonne pour Claude Davin. « On a décidé de reprendre l’entreprise avec mon frère Stéphane et notre maman Annie. » En 2019, les voilà tous les trois patrons de la boucherie.

Photo : Thibaut Durand / Le Dauphiné Libéré Photo Thibaut Durand
Photo : Thibaut Durand / Le Dauphiné Libéré Photo Thibaut Durand

« En général, je ne fais pas de grosses soirées »

C’est là que les anciens collègues de Chaillol viennent lui proposer de faire des extras en février. Pour aider au moment où la demande est la plus forte, il accepte de donner des cours de ski sur son temps libre. Parce qu’il aime cette station familiale, sa « bonne équipe » de moniteurs. Pour « ne pas trop perdre la main » avec un sport en perpétuelle évolution. Et surtout parce que l’entreprise familiale, « bien organisée », peut se le permettre.

Ce mardi 12 février à 15 heures, Christophe le moniteur remet les “oursons” à leurs parents, déchausse ses skis. À 15 h 30, Christophe le boucher arrive à l’atelier, noue son tablier. « Tant que je tiens le choc physiquement, je le fais. » Mais en dehors du repas du jeudi soir avec les collègues de l’ESF, après avoir quitté la boucherie vers 19 h 15, « en général, je ne fais pas de grosses soirées ».

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