Pourquoi la Compagnie des Alpes (CDA) s’est-elle tournée vers Prinoth ? Pourquoi ne pas l’avoir envisagé avec la PME iséroise CM Dupon, avec laquelle vous aviez un partenariat et qui s’est retrouvée en liquidation judiciaire il y a un mois ?
« Nous avons entamé notre collaboration avec CM Dupon il y a cinq ans sous la forme d’un contrat de développement de R & D dans l’idée de faire émerger une technologie et de démontrer la faisabilité d’une machine zéro carbone. Nous avons beaucoup investi dans ce projet, dans la R & D et dans l’achat de plusieurs machines. Nous aurions souhaité continuer avec elle. Malheureusement, et malgré nos avances sur commandes très importantes, la PME s’est retrouvée en difficultés financières. Elle a eu la capacité de faire émerger la technologie mais pas celle de passer à une phase industrielle.
Depuis le début, à la CDA, nous poursuivons le même objectif : réussir à décarboner l’activité de damage et industrialiser sur notre territoire. Nous n’avons pas varié d’un iota. Jusqu’à ces derniers mois, seule CM Dupon avait montré un engagement de ce type. Nous sommes très contents de tout ce qui a été fait dans cette première phase d’émergence de la technologie. Nous avons réussi à démontrer qu’elle fonctionnait, nous avons fait en sorte que le marché bouge car les autres acteurs du damage ont regardé cela de près. Et ainsi, Prinoth s’est intéressé de plus près à cette technologie en exprimant sa volonté de développer une machine de forte puissance. »
Sur quelles bases s’établit ce partenariat ?
« Dans ce partenariat, la CDA n’investit pas directement dans la R & D comme elle a pu le faire par le passé. En revanche, nous avons bien convenu de collaborer activement avec Prinoth durant la phase de mise au point du prototype prévu pour l’hiver 2025-2026, ainsi que durant les premières années de lancement des machines. »
Quand sont prévus les premiers tests ?
« Ils auront lieu à partir de l’hiver 2025, y compris dans des stations gérées par la CDA. Notre objectif est d’atteindre le zéro carbone en 2030. À l’échelle industrielle, c’est demain. Si l’on veut opérer cette transition, nous devrons de manière significative passer nos volumes d’achats qui sont, aujourd’hui, sur des dameuses thermiques, à des dameuses électriques, demain. C’est une nécessité. Nous faisons confiance à Prinoth pour que ces nouvelles machines remplissent 100 % de nos besoins. Nous sommes bien sur une phase industrielle. »
La CDA considère donc qu’il y a un avenir en France pour cette technologie ?
« Oui. D’une part, Prinoth a manifesté une vraie appétence pour développer une machine de forte puissance (avec un premier prototype dès l’hiver 2025) ; d’autre part, la CDA a mis dans ce partenariat la condition suivante : que les futures machines électriques pour le marché français soient assemblées en France. C’est cette condition qui l’a emporté dans la décision de conclure ce partenariat. »
En quoi cette condition était essentielle ?
« Cet engagement d’une ligne d’assemblage en France est en lien avec notre raison d’être, de réindustrialiser les territoires. Il sera assorti de nouveaux emplois sur une installation industrielle qui n’existe pas aujourd’hui. »
Qu’avez-vous retenu de l’expérience passée pour développer cette technologie ?
« Ce qui fera le succès à l’avenir de ces véhicules électriques, c’est ce besoin de collaboration entre les exploitants et les fabricants. Nous l’avons très bien fait dans la première étape avec CM Dupon et la CDA s’engage à le faire avec Prinoth : un fabricant seul aura du mal à lancer une technologie électrique s’il n’a pas l’exploitant prêt à tester et à améliorer le produit.
Cette collaboration est absolument nécessaire pour que la technologie soit mature et fonctionne bien. »
La technologie du HVO (huile végétale hydrogénée) a permis de réduire de 90 % les émissions de CO2. Qu’est-ce que l’électrique va apporter de plus ?
« L’électrification va nous permettre de gagner les 10 % restants, sur l’activité de damage, c’est important. Au-delà, elle permet d’atteindre la décombustion totale car le HVO reste utilisé avec un moteur à combustion. La machine électrique émet par ailleurs beaucoup moins de nuisances sonores, ce qui peut avoir des impacts sur la clientèle (qui pourrait être gênée), mais aussi sur la faune. C’est gagnant sur beaucoup de points. »
Article issu du Dauphiné Libéré