Ils étaient plus de 35 Névachais à la réunion publique, organisée par la commune, à trois semaines environ des vacances de Noël, à la recherche d’explications sur ce nouveau tarif prévu pour les pratiquants d’activités nordiques.
Aujourd’hui, seuls les fondeurs mettent la main à la poche. L’association Nordic Alpes du Sud , qui œuvre pour la promotion des activités nordiques dans les Hautes-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence et Alpes-Maritimes, vient de lancer le Nordic pass évasion. Chaque commune adhérente décide, ou non, de proposer cette nouvelle redevance à ses pratiquants. Névache a franchi le pas.
« 161 044 euros de frais pour la saison 2023-2024 »
Gautier Monnet, conseiller municipal en charge du tourisme, et Neïs Jaillet, salariée responsable des activités touristiques pour la commune, sont venus défendre et expliquer cette nouveauté. Désormais, les pratiquants de raquettes, randonnée, trail blanc, fatbike, chien de traîneau, luge, biathlon doivent aussi participer aux frais d’entretien des domaines nordiques.
La commune compte 11 pistes de ski de fond, soit 45 kilomètres. « Les dépenses du domaine nordique s’élèvent à 161 044 euros pour la saison 2023-2024, et cela concerne uniquement le fonctionnement », détaille Gautier Monnet. « Ces dépenses intègrent les pistes de ski de fond, les pistes pour piétons/raquettes, les itinéraires de montagne – col de l’Échelle et Haute vallée – les itinéraires raquettes non damés, et les téléskis pour le ski alpin », énumère l’élu.
Un besoin de rééquilibrer la balance
Aujourd’hui, la commune se penche plus attentivement sur ces dépenses. Comment rationaliser face à l’augmentation du carburant ? Comment rentabiliser le damage ?
La saison dernière, la commune comptait 513 heures de damage, mais cela dépend de la qualité de la neige et du nombre de pistes ouvertes. « Du côté des recettes directes du domaine nordique, elles s’élèvent à 149 660 euros, dont 97,32 % sont des redevances de ski de fond. »
Sur ces 149 660 euros, 0,44 % concerne les contributions volontaires (piétons, raquettes…), 0,73 % l’activité des chiens de traîneau, 1,51 % le secours à la personne. En plus, le ski alpin rapporte entre 25 000 et 30 000 euros de recettes par saison.
Des interrogations
C’est cette contribution volontaire que Nordic Alpes du Sud et la commune de Névache veulent transformer en redevance. « Peut-on atteindre un équilibre budgétaire en faisant participer tout le monde ? », s’interrogent les deux représentants de la municipalité. « Comment peut-on investir grâce à un meilleur équilibre financier ? »
Ils espèrent que le “pass évasion” permettra d’apporter des solutions. Mais cette redevance inquiète une partie des habitants. Qui est concerné ? Qui doit payer ? La redevance s’adresse-t-elle à tous les pratiquants, même ceux qui ne font que l’emprunter pour se rendre à la boulangerie ou partir en ski de randonnée ? Permettra-t-elle un damage plus fréquent ? S’adresse-t-elle aussi aux pratiquants déjà détenteurs d’un forfait ski de fond ? Y aura-t-il des sanctions ?
« Rien ne va fondamentalement changer »
Gautier Monnet tente de désamorcer les craintes. « Rien ne va fondamentalement changer, tout va se faire en douceur, on espère. Il y a déjà quelques exemples de cette redevance, en France, dans le Jura, les stations de Drome, le plateau de Beille, dans les Pyrénées. L’accès au milieu naturel, non damé, comme pour le ski de randonnée nordique, par exemple, sera toujours gratuit. Le hors-piste reste gratuit. Et si vous avez déjà un Nordic pass, ce n’est pas la peine de payer en plus pour marcher. »
« Il y aura peu de contrôles »
Selon le conseiller municipal, « le pass évasion va se généraliser progressivement dans toute la région. Il existe sous forme de contribution volontaire depuis 2020 à Névache. Des gens jouent déjà le jeu, et ça rapporte jusqu’à 1 000 euros de recettes par hiver. Les pratiquants nous demandent où ils doivent payer. » Désormais, la contribution volontaire se transforme en obligation. Le pass évasion existe déjà à Puy-Saint-Vincent et Cervières.
Quid des sanctions ? « Nous ne sommes pas assermentés », précise Neïs Jaillet. « L’idée n’est pas d’aller à la confrontation », renchérit Gautier Monnet. « Celui qui ne veut pas payer, tant pis. Il y aura peu de contrôles, pas de répression. C’est uniquement de la pédagogie. L’objectif est qu’il y ait plus de justice entre tous les pratiquants. Et de faire perdurer le domaine nordique. »
Combien de domaines adhèrent à l’association Nordic Alpes du Sud ?
« Vingt et un domaines adhèrent. Cela peut être une communauté de communes, une commune, une association, comme à Gap-Bayard ou à Vallouise-Pelvoux. Mais nous avons trente sites de pratique, car un adhérent peut gérer plusieurs sites, comme dans le Queyras, par exemple. »
Quand et pourquoi la décision de lancer le Nordic pass évasion a-t-elle été prise ?
« Elle a été prise lors de l’assemblée générale du mois de juin. Mais nous avons commencé à commercialiser le pass en octobre. Il s’agit d’un tarif de produit de réciprocité, validé sur l’ensemble des Alpes du Sud, à savoir Alpes-de-Haute-Provence, Hautes-Alpes et Alpes-Maritimes. L’origine de ce pass est économique, c’est pour percevoir un revenu complémentaire et faire participer l’intégralité des pratiquants. C’est une question de justice et de visibilité des activités. »
Ce pass, d’un coût de 45 euros pour la saison, permet donc de randonner sur tous les domaines. Mais, si les instances locales ne l’ont pas validé, cela reste donc gratuit pour certains d’entre eux ?
« C’est là où on entre dans la difficulté de la mise en place de ce type de redevance. Cela nécessite des délibérations locales. Si le domaine n’a pas délibéré, alors potentiellement, c’est en accès libre ou cela fonctionne sur un tarif qui est propre au site. »
Globalement, les domaines sont-ils plutôt favorables ou défavorables ?
« C’est partagé. Certains sont arrêtés sur le fait de continuer à proposer ça en accès libre. Il y a toujours des domaines plus frileux, qui attendent de voir et ensuite ils suivent. D’autres sont leaders. Cervières fait payer une contribution volontaire depuis une dizaine d’années, pour la totalité de son site. À Puy-Saint-Vincent, l’accès au domaine nordique est payant pour tous. Pour l’instant, ont voté les tarifs du Nordic pass évasion ou une contribution volontaire dans leur délibération pour la saison 2024/2025 : Ancelle, Cervières, Crévoux, Freissinières, Le Dévoluy, Névache, Vallouise, Puy-Saint-Vincent, Queyras, Réallon, Val-des-Prés, Villar-d’Arène. »
Article issu du Dauphiné Libéré