Le dernier cheval sauvage vit dans le Massif Central

Il revient de loin, tant géographiquement que numériquement.

Le retour d’une espèce préhistorique en Lozère

Le cheval de Przewalski, dernier cheval sauvage au monde, occupe une place unique dans l’histoire naturelle. Reconnu pour sa robustesse, il mesure entre 1,20 m et 1,40 m au garrot, pèse entre 200 et 300 kg et arbore une crinière drue, sans toupet.

Ses caractéristiques le lient directement aux chevaux préhistoriques représentés dans les célèbres grottes de Lascaux, témoignant de son existence depuis plus de 20 000 ans

L'histoire d'une extinction

Découvert tardivement en 1878, cet honneur revient au colonel russe Nikolaï Przewalski dans les steppes de Mongolie. Malheureusement, la chasse, la capture et la concurrence avec le bétail ont contribué à son extinction dans son milieu naturel, le dernier spécimen étant observé en 1969 (les quelques individus restants ont perpétué l'espèce en captivité, dans des zoos). 

Peinture préhistorique dans la grotte de Lascaux.
Peinture préhistorique dans la grotte de Lascaux.

Une réintroduction réussie en Lozère

Depuis 1993, grâce à une mobilisation massive pour la sauvegarde de l’espèce, des chevaux de Przewalski vivent en semi-liberté dans le Causse Méjean, au cœur du Parc National des Cévennes. Ils profitent d’un environnement qui ressemble à leurs steppes d’origine, avec un climat et une végétation proches de la Mongolie.

Installé sur 400 hectares de terres rudes et ouvertes, ce troupeau est encadré par l’association TAKH, qui veille à leur préservation. Ces chevaux, encore sauvages, ne sont ni montés ni apprivoisés. Leur comportement reflète celui de leurs ancêtres : ils vivent en familles et forment des groupes sociaux avec des relations complexes et naturelles.

Causse Mejean, patrimoine mondial de l'UNESCO, Parc naturel régional des Grands Causses.
Causse Mejean, patrimoine mondial de l'UNESCO, Parc naturel régional des Grands Causses.

Un projet de réintroduction en Mongolie

Après plus de 25 ans passés en Lozère, ces chevaux sont progressivement réintroduits dans leur environnement d’origine, les steppes mongoles. Entre 2004 et 2005, plusieurs familles ont déjà été envoyées vers ces vastes plaines d’Asie centrale, où ils vivent désormais en liberté.

Le cheval de Przewalski est unique non seulement par sa biologie — avec ses 66 chromosomes, contre 64 pour les chevaux domestiques — mais aussi par sa place dans l’histoire naturelle. Il représente l’un des rares liens vivants avec les chevaux peints par nos ancêtres préhistoriques, résistant à des millénaires de changements environnementaux et à l’action humaine.

Un problème de consanguinité à surveiller

À la fin des années 1970, la population de chevaux de Przewalski était extrêmement réduite, avec seulement 300 individus en captivité à travers le monde. Les efforts de reproduction ont permis d’augmenter cette population à environ 1 800 individus au début du XXIe siècle, grâce à des programmes d'échanges entre zoos et fondations. Cependant, la consanguinité reste un problème majeur pour l’espèce.

La paléontologue Laure Danilo a découvert que 92 % des chevaux actuels souffrent d'une anomalie faciale. Cette malformation des os du crâne entraîne une dissymétrie, provoquant un mauvais alignement des dents, ce qui réduit leur espérance de vie de moitié. La forte consanguinité est pointée du doigt comme étant à l'origine de ces problèmes. Pour résoudre cette situation, les scientifiques préconisent de créer de petits groupes isolés afin de limiter la transmission de ces anomalies génétiques. Cette opération doit être menée rapidement pour assurer la survie à long terme de cette espèce unique.

a
a

Une découverte accessible au public

Depuis peu, il est possible pour les visiteurs de s’immerger dans cette histoire exceptionnelle grâce à des visites guidées. Ces promenades permettent d’approcher de plus près ces chevaux sauvages, tout en apprenant davantage sur leur comportement, leur histoire et le projet de réintroduction. Le Causse Méjean, avec ses paysages ouverts et ses vastes étendues, est le cadre idéal pour observer ces animaux dans un environnement presque naturel.

Découvrez nos lectures liées
Restez informé, suivez le meilleur de la montagne sur vos réseaux sociaux
Réserver vos séjours :
hébergements, cours de ski, forfaits, matériel...

Dernières actus