Pour freiner l’exode des locaux et donner envie de rester après l’hiver, le lycée professionnel Alpes et Durance d’Embrun a eu une idée.
« Les moniteurs de ski partaient sur la côte l’été et des charpentiers manquaient de travail en hiver à cause des conditions météo » retrace Julien Villard. Alors, depuis 1983, une formation professionnelle permet d’accéder, en quatre ans, à un métier du bois – en charpente ou en menuiserie – ainsi qu’au brevet d’État de moniteur de ski alpin ou nordique ou, depuis cette année, à celui de pisteur secouriste.
Moins de dix établissements proposent ce double cursus en France.
« Une forme de repos psychique à changer d’activité »
« Au lycée, les jeunes sont sur les skis le matin, dans les ateliers bois l’après-midi, il passent de l’un à l’autre et il n’y a rien qui leur fait peur », témoigne le coordinateur de la pluriactivité, responsable du cursus depuis 2007.
« La majorité est passionnée de montagne et veut y vivre. Ce sont souvent ceux qui ne viennent pas d’un milieu montagnard mais qui viennent en vacances et voudraient s’installer. Ils sont sportifs et le bois reste un matériau noble dans lequel il y a beaucoup de travail dans nos régions. Il y a aussi une forme de repos psychique à changer d’activité et à ne pas toujours faire la même chose », poursuit Julien Villard.
« Les gens voient souvent les saisonniers de manière péjorative »
Il complète : « Je crois que nous réussissons à former des adultes qui n’ont pas peur d’entreprendre, car nous transmettons des valeurs et un état d’esprit. Nous avons des jeunes curieux et capables de prendre des risques. Les gens voient souvent les saisonniers de manière péjorative, comme de la précarité. Chez nous, c’est une corde supplémentaire à son arc »
Partant de là, quand le responsable de formation voit un ancien élève trouver sa voie en ouvrant un restaurant sur le front de neige d’une station des Alpes-Maritimes, il est fier. « Construire cet état d’esprit, avec des jeunes capables de s’adapter au marché du travail, ce n’est pas rien. C’est plus important que les compétences qu’ils ont apprises dans le ski et le bois. Un hiver où il n’y a pas de neige ou une période où le prix du bois augmente ne leur fera pas peur, ils pourraient même avoir une forme d’excitation à aller tenter autre chose »