Début décembre 2023, le nord des Hautes-Alpes s’est retrouvé près de 48 heures durant sans moyens de communication.
“Black-out” complet, sans téléphonie, sans internet – à un opérateur près – à la suite des intenses intempéries dans le Guillestrois. Retour brutal à l’âge des lettres, des signaux de fumée ou autres pour interagir. Pour certains, l’occasion d’un jeûne d’écrans pourquoi pas bénéfique ; pour d’autres un moment pouvant confiner à la panique.
« Nous avons pris conscience de notre fragilité »
« Nous avons vécu la gestion de crise sans téléphonies pour les collectivités, l’État, les secours. Et nous avons pris conscience à ce moment-là de la fragilité d’une seule boucle de télécommunication », résume, ce mardi 21 janvier à la mairie de Briançon, la sous-préfète Dalila Zane.
La représentante de l’État était, dans la matinée, en compagnie du maire de Briançon Arnaud Murgia et du directeur d’Orange dans le Grand Sud Est, Nicolas Drouillet, pour l’inauguration « de la boucle de sécurisation des réseaux » dans le nord du département.
L’inquiétude vécue par les secours
Car, les 1er et 2 décembre 2023, les services de secours ont dû faire preuve d’agilité. « On trouve toujours des solutions, mais il y a la peur du trou dans la raquette où se joue peut-être une vie humaine », ajoute Dalila Zane.
Dans les jours suivant les inondations , secouristes et élus avaient appelé à une sécurisation du réseau de communication. « Les événements de la fin d’année 2023 ont permis d’accélérer les choses, pointe Arnaud Murgia. Alors que le nord du département n’était connecté que par le sud, il l’est désormais par trois boucles : en cas de pannes, on pourra à tous les coups s’y retrouver. »
« Les aléas climatiques nous ont amenés à repenser la résilience »
Fin 2024, l’opérateur Orange a bouclé un chantier d’un million d’euros sur le territoire en ce sens. « Les aléas climatiques de plus en plus importants et impactant nous ont amenés à repenser la résilience de nos réseaux, indique Nicolas Drouillet. C’est un travail que nous menons partout en France mais que nous avons accéléré ici : le calendrier initial tablait pour fin 2026. »
Le projet a consisté à construire d’autres « autoroutes » de réseau afin de mieux desservir la partie nordiste du département haut-alpin. Auparavant, celle-ci n’était desservie que par un axe Gap-Guillestre-Briançon : le glissement de terrain ayant endommagé les réseaux en décembre 2023 a ainsi entraîné une coupure à partir du Guillestrois. Deux nouveaux axes ont été créés : l’un vient de Grenoble via le col du Lautaret ; l’autre vient de Digne-les-Bains via le col de Vars.
Un réseau désormais invincible ?
« Nous avons également rajouté des équipements informatiques dans les réseaux afin de transporter davantage de débit qu’avant », ajoute le directeur régional d’Orange. Celui-ci précisant que cette triple sécurisation des réseaux mobiles et internet ne permet pas d’empêcher toutes les pannes : « Mais nous faisons ainsi en sorte que le réseau soit dégradé le moins longtemps possible. »
Sur le réseau Orange du moins. Car, pour des « raisons de confidentialité », Nicolas Drouillet se refuse à dévoiler quels autres opérateurs bénéficient de ces infrastructures.
Pas de quoi gâcher l’enthousiasme du maire briançonnais qui voit, dans ces 370 kilomètres de boucle de réseau au total sur le territoire, également un enjeu de développement. Participant notamment au « désenclavement » de celui-ci et répondant aux attentes du Comité international olympique en vue de 2030.
« Cette triple sécurisation du réseau est inscrite dans le cahier des charges des Jeux olympiques : c’est déjà un point de moins à traiter ! », sourit-il.